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Tennis. Le Mag - Elixane Lechemia : "Dix ans que j'essayais sans réussir !"

Par Alexandre HERCHEUX le 24/04/2021 à 08:11

Le Mag
Photo : @Instagram Elixane Lechemia / @TennisActu

Tout vient à point à qui sait attendre. Ce lundi, Elixane Lechemia est 99e mondiale au classement de doubleLa Tricolore de 29 ans vit la meilleure période de sa carrière. Titrée pour la première fois de sa carrière au WTA 250 de Bogota avec sa partenaire l'Américaine, Ingrid Neel, la native de Villeurbanne, 105e mondiale est enfin récompensée, elle qui a abandonné le simple sur le circuit professionnel depuis 2019 et qui se consacre exclusivement au double. En grande forme, la Frenchie a atteint les demi-finales la semaine dernière au tournoi de Charleston. Des résultats qui lui donnent beaucoup de confiance et d'ambition pour la suite. Au micro de Tennis Actu, Elixane est revenue sur sa superbe semaine en Colombie mais aussi son parcours depuis ses débuts avec une raquette, les décisions qu'elle a dû prendre au cours de sa carrière, ses prochains objectifs, dont Roland-Garros avec une certaine Elsa Jacquemot

Vidéo - Le Mag Tennis Actu avec Elixane Lechemia !

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"Je suis super contente de me rendre compte que je suis capable de gagner à ce niveau"

Comment ça va depuis samedi et ce beau titre à Bogota ?

Ça va super bien ! C’est une belle surprise qu’on s’est faites avec ma partenaire. J’avais pour objectif d’aller en demies. Avant ça, je n’avais pas fait mieux que demie dans cette catégorie. Je n’avais pas pour objectif d’aller gagner. Je suis super contente de me rendre compte que je suis capable de gagner à ce niveau.

 

Raconte-nous un peu cette belle semaine ? Est-ce qu’il y a eu un déclic ?

Il n’y a pas forcément eu de match déclic parce que ça se joue tellement à rien. Ça peut aller dans un sens comme dans l’autre. On se dit plutôt « j’ai eu chaud aux fesses » et c’est grâce à ça je pense qu’on a pu être solide en finale. On a pris match par match, c’est la clé de ce genre de parcours.

 

Tu n’as jamais cru à un titre vraiment ?

Si…mais c’est difficile d’y croire. J’ai rarement passé le 2e tour de ces tournois. J’avais un peu cette croyance en moi qui disait que je n’avais pas ma place dans ce genre de tournois. C’est vraiment en gagnant match par match qu’on se dit qu’il y a la place pour aller en quarts, en demies, en finale et gagner. En début de tournoi, c’est difficile de se projeter en vainqueur sans jamais l’avoir fait. Je me prouve que c’est possible maintenant.

 

Comment tu as formé cette équipe avec Ingrid Neel ?

Un peu par hasard. Très souvent c’est une fille qui demande à une autre. On ne se connaissait pas il y a un an. On a joué la première fois ensemble en septembre dernier à Istanbul. On avait passé un tour. On perd contre les futures gagnantes. C’était très facile de jouer l’une avec l’autre, communication fluide, naturelle. Toutes les deux, on se ressemble donc c’est le fait d’être à l’aise, ça donne envie de jouer ensemble. C’est une très bonne joueuse de double et on se complète bien.

 

Ce titre pourrait changer votre vision des choses ? Vous pourriez être une paire exclusivement tournée vers le double et rester ensemble ?

Carrément ! Ça nous motive encore plus pour jouer ensemble. On va s’appeler encore plus pour jouer ensemble. Le problème, c’est qu’elle est Américaine et moi Européenne donc on peut avoir des programmations différentes. Ça aurait été génial qu’elle vienne en Europe mais elle va rester aux USA pour jouer des gros ITF. Je ne pouvais pas rester pour elle.

 

"Quand on est seule et qu’on perd, on peut vraiment toucher le fond. C’est beaucoup plus facile à gérer sur le plan mental en double"

A 29 ans, un premier beau titre sur le circuit WTA, c’est une belle récompense de tes efforts ?

Oui ! Récompense un peu tardive ! (sourire) J’essaie de ne pas regarder mon âge. Ça me pose un problème de me dire que j’ai 29 ans et que je suis plus sur une fin de carrière. J’essaie de voir le côté positif et d’aller de l’avant sans me laisser abattre. Ce genre de résultats me donnent envie de continuer et d’oublier l’âge, le temps, la pression… Juste jouer les tournois malgré le temps qui passe…

 

C’est aussi un bel exemple ?

C’est clair ! Le truc c’est que je suis partie à Bogota juste en me disant je vais jouer et voir ce qu’il se passe. Il faut rester le plus possible dans ses objectifs persos peu importe les tournois et les adversaires.

 

Il y a aussi le côté financier. Surtout que ça fait plusieurs années que tu galères un petit peu. Tu as pris la parole quelques fois ces dernières années pour parler des difficultés. Remporter ce titre, c’est une bouffée d’oxygène ?

Malheureusement, j’ai un peu trop d’articles de moi qui me plains des galères financières. Je n’ai pas envie d’avoir cette étiquette de fille qui se plaint. En même temps, c’est grave mon quotidien et celui de 70, 75, 80% de joueurs. En fait, c’est ce qui nous pèse toute la journée. Là ce que j’ai gagné, ce n’est pas énorme mais ça donne une marge de manœuvre supplémentaire et de quoi financer d’autres tournois.

 

Le double, c’est la solution pour gagner ta vie ?

Oui oui ! Carrément ! C’est la raison pour laquelle j’ai changé d’objectifs. Il y a 2 ans et demi, j’ai arrêté le simple. Je me suis dit qu’il y avait un cap que je n’arrivais pas à passer. J’ai décidé d’arrêter de me torturer l’esprit et d’arrêter de perdre de l’argent en simple. Ça faisait 10 ans que j’essayais sans réussir. J’ai été 340e mondiale mais ce n’était pas suffisant du tout pour survivre. Surtout, je ne prenais plus de plaisir et je tournais en rond. Je me suis dit que le double serait une solution pour passer le cap que je voulais passer et qu’il y avait une place à se faire plus facilement. Il faut un meilleur classement qu’en simple pour gagner autant. Une 100 en double gagne moins qu’une 100 en simple mais encore une fois il y a plus de places à se faire et c’est ce qui m’a motivée. C’est aussi plus facile de vivre sur le circuit car on a une partenaire qui nous accompagne alors qu’en simple j’étais seule. Quand on est seule et qu’on perd, on peut vraiment toucher le fond. C’est beaucoup plus facile à gérer sur le plan mental.

 

Ça a changé ta vision du tennis ? Tu prends plus de plaisir en double qu’en simple ?

C’est différent. Le fait d’avoir quelqu’un avec soi, c’est différent. On retrouve un peu les mêmes problématiques. Les démons que j’ai eus en simple, je les ai vite retrouvés en double. Tant que les problèmes ne sont pas réglés, ils reviennent. La façon de s’entrainer est différente aussi.

 

Tu n’as jamais regretté cette décision ?

J’ai pu le regretter l’espace de quelques minutes… Quand je joue bien à l’entraînement et en CNGT. Je me dis « ah… si j’avais joué comme ça… » et en même temps j’avais fait le tour et donné le max avec les moyens du bord. Sur la fin de ma carrière en simple, c’était plus de mauvais moments que de plaisir. C’était de la torture mentale.  J’ai pris la décision d’arrêter de subir cette situation pour quelque chose de meilleur. Si vraiment je fais un point global, pas de regret.

 

Question inverse. Est-ce que tu as déjà regretté de ne pas avoir foncé en simple avant ?

Oui pour 15 000 autres choses ! Si je pars sur ce genre de réflexion, j’aurais dû partir aux Etats-Unis plus tôt, revenir plus tôt. Peut-être que ça m’aurait donné plus de temps pour évoluer mais je ne m’en veux pas. Je ne pouvais pas savoir et je pense qu’il ne faut pas avoir cette philosophie-là. Je suis vraiment allée au bout en simple.  

 

"Cet hiver, j’avoue que je me demandais s’il fallait continuer"

Tu as parlé un peu des Etats-Unis. Peux-tu revenir sur ton parcours ?

Bien sûr ! J’ai commencé le tennis tard par rapport à d’autres. A 8 ans. Ça a été un sport à côté pendant beaucoup d’années. A 13-14 ans je me suis démarquée dans ma Ligue. Jusqu’au championnat de France 17-18 ans où je vais en finale. La FFT me demande d’intégrer le CNE. J’ai dit oui tout de suite. De 18 à 21 ans, j’ai été au CNE. Trois années très enrichissantes. Trois années aussi où j’ai beaucoup buté et où tout n’a pas été rose. J’ai eu de supers entraîneurs, dont Yannick Hesse, mon entraîneur actuel. Que je remercie encore de m’entraîner. A 21 ans, la FFT m’a dit au revoir, ce qui était légitime.

 

Tu l’as pas mal vécu ?

Si… On se sent un peu rejetée et comme une ratée un petit peu. On se sent un peu en échec. Malgré la déception, je décidé de partir aux Etats-Unis, à l’Université de Caroline du Sud. Je le conseille à tout le monde ! J’ai gagné en maturité, j’ai grandi, je me suis renforcée mentalement… J’ai été là-bas 3 ans. Je reviens en France à 24-25 ans et je me relance sur le circuit ave une envie énorme. Je reviens me baser à Lyon avec mon entraîneur de jeunesse, je vais jusqu’à la 340e place en simple. J’ai fait aussi un petit crochet en Espagne. C’est autour de 26-27 ans que je me suis rendu compte que je n’arrivais pas à passer un cap.

 

Est-ce que tu te dis qu’en te consacrant au double, tu vas pouvoir durer plus longtemps ?

Oui ! Je pense que d’avoir changé de cap, c’est une nouvelle carrière. Ça m’a redonné une grande bouffée d’oxygène pour repartir sur ce nouvel objectif. Je n’ai pas forcément pensé à la durée. C’est vrai qu’une carrière en double est moins traumatisante pour le corps. Après avoir un nouvel objectif, c’est ça vraiment qui m’a donné des ailes.

 

A aucun moment tu n’as pensé à arrêter ?

Si si ! Encore plus depuis le Covid. Pas pour des questions financières mais plus pour des questions de rythme. Il y a eu peu de tournois. Les tournois étaient plus forts. C’était plus difficile de rentrer, de gagner des matchs et donc gagner de l’argent. Cet hiver, j’avoue que je me demandais s’il fallait continuer. Je me demandais si ce n’était pas la bonne occasion d’arrêter pour moi. Je n’avais pas de résultats donc ouais depuis 1 an il y a eu beaucoup de fois où je me suis demandé si ça valait le coup de continuer pour peu de tournois et 36€.

 

Ces idées-là sont balayées et enterrées définitivement ?

Rien ne m’empêche de jouer un match nullissime et de me dire que je ne suis pas faite pour ça ! (rires) C’est sûr que gagner un tournoi ça enlève ces idées noires. Il y a plus de tournois, la vie redémarre et le rythme redémarre.

 

 

"J’aimerais enfoncer le clou en WTA 250, me prouver que ce n’était pas un one shot"

A 29 ans, j’imagine que tu as envisagé l’après-tennis, c’est quoi le plan ?

Je n’ai pas d’idée précise. La seule chose que je sais c’est que je suis très sensible à la protection de l’environnement. J’aimerais vraiment bosser dans ce domaine. Je n’ai aucune idée de quoi où comment et avec qui mais j’aimerais beaucoup bosser là-dedans.

 

Quels sont tes objectifs maintenant pour cette année ?

J’ai du mal à me fixer des objectifs car je ne suis pas très organisée mentalement (sourire). J’ai envie de gagner des tournois, d’aller en finale de tous les tournois WTA 250 que je vais jouer. Il y aura des étapes au-dessus. Le problème, c’est que les WTA 500, je ne peux pas rentrer dedans. Dans un premier temps, j’aimerais enfoncer le clou en WTA 250, me prouver que ce n’était pas un one shot. Et dans un deuxième temps, passer des tours en WTA 500.

 

Avec ton classement, (105e mondiale) tu vas devoir rester à l’affût et saisir les opportunités qui se présenteront, peut-être au dernier moment ?

Oui bien sûr. C’est pour ça que je ne sais jamais ma programmation deux semaines à l’avance. Je dois prendre le tournoi où je dois rentrer. On se dit oui on joue ensemble tout en ne sachant pas si on pourra jouer dans le tournoi.

 

Est-ce que tu cherches des partenaires mieux classées pour jouer des plus grands tournois?

Le problème, c’est qu’en cherchant mieux et des filles différentes, ce n’est pas la bonne stratégie. Je pense qu’on ne peut pas progresser en changeant tout le temps de partenaire. C’est pour ça qu’avec Ingrid, j’aimerais qu’on essaie quelque chose sur le moyen/long-terme. Ça fait un an, deux ans que je change de partenaires ça ne marche pas ! (rires)

 

 

Objectif Roland avec Elsa Jacquemot : "C’est un peu une tête brûlée, elle est géniale sur un terrain"

Une année 2021 réussie ce serait quoi ? Il faut un 2e titre ?

Oui carrément ! Pour me prouver que ce n’était pas un coup de chance ! (rires) Passer des tours en WTA 500. J’aimerais bien passer dans le top 100 rapidement puis viser le top 75. Ça m’ouvrira plus de portes pour les gros tournois et ça m’aidera pour me vendre. Si je n’ai pas de partenaire, c’est plus facile de trouver une autre partenaire.

 

Roland-Garros alors ?

C’est prévu avec Elsa Jacquemot. Comme l’année passée, on a demandé wild-card sinon pas de Roland-Garros.

 

Avec ce titre, ce serait étonnant quand même ?

Oui mais je ne veux pas m’avancer ! (rires) Je n’en fais pas un objectif primordial. J’espère qu’on l’aura.

 

Comment ça s’est fait avec Elsa Jacquemot ? C’est le gang lyonnais ?

Je la connais depuis quelques années. Je trouvais ça sympa de lui demander. Elle a une personnalité atypique. C’est un peu une tête brûlée, elle est géniale sur un terrain. Elle a une personnalité géniale, elle n'a peur de rien. C’est super sympa de jouer avec elle. Je trouvais sympa de faire une équipe lyonnaise.

 

Pour terminer, as-tu de nouveaux rêves avec ce titre ?

Non ! Juste être contente de ce que je fais, d’être sur le terrain. J’ai des objectifs mais pas de rêves. Ce qui m’importe, c’est d’être bien sur un terrain et d’avoir envie de rester longtemps sur le terrain !

 

C’est tout ce qu’on te souhaite pendant au moins 10 ans !

On se retrouve quand j’aurai 39 ans ! (rires)



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