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Tennis. Open d'Australie - Tsitsipas, la réalité a rattrapé "notre fiction" !

Par Fabrice DAVID le 18/02/2021 à 19:25

Open d'Australie
Photo : @Tennis Actu / tennisactu.net

Fabrice David, vous connaissez et vous avez visiblement aimé ses fictions sur Tennis Actu... alors elles sont de retour ! Avec son expérience journalistique, 23 ans au service des sports de TF1, avec sa polyvalence (reportages pour les Journaux Télévisés de 13h et 20h, les émissions Téléfoot et Auto-Moto, les magazines autour des Coupes du monde de football ou rugby, LCI), avec son savoir faire (storytelling, mise en récit, création de contenu vidéo et écrit) mais aussi avec son style (écrivain de polars et d'un livre d'humour), voilà la chronique Fabrice David... sa fiction sur Tennis Actu.

Vidéo - Stefanos Tsitsipas est en demies de l'Open d'Australie !

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Stefanos Tsitsipas - Daniil Medvedev en demi-finale de l’Open d’Australie

Stefanos Tsitsipas est trempé de sueur. Assis sur un grand lit dans le noir, il n’entend que le silence absolu. Pourtant, son crâne bourdonne. Comme si un frelon y était entré ? Par où ? Il secoue la tête. Ses longs cheveux lui collent au front. Ses cervicales grincent, puis claquent. A force de se retourner, toute la nuit, il a mal au crâne, mal au cou, mal au bras, mal aux jambes. Ce cauchemar, dont il sort à peine, le hante. Pendant toute la nuit, il a dû bouger, se retourner, fuir, se protéger. L’oreiller a souffert. Et tout à l’heure, il affronte Daniil Medvedev en demi-finale de l’Open d’Australie !

Il retrouve peu à peu ses esprits. Oui, il est toujours dans cette chambre d’hôtel qu’il déteste, dans le centre de Melbourne. Il y a tourné en rond pendant les deux semaines de quarantaine ! Avant même le début du tournoi, il n’en pouvait plus de cet endroit. Jamais, il n’a connu une chambre d’hôtel jusque dans ses moindres recoins, comme celle-ci. Les murs blancs, le placard beige. Six cintres sur la tringle. Au-dessus du lit, un tableau nature morte qui représente une corbeille de fruits d’une tristesse infinie. Un bureau, deux chaises. Un canapé, plus loin. Bleu criard. La télé. Les rideaux dont les ourlets repiquent, la moquette grise.  Une table basse en verre. 

Soudain, le téléphone fixe, sur la table de chevet, le fait sursauter. 

« Réception, sir…. »

Stefanos Tsitsipas marque un temps d’arrêt…

« Yes ? »

« Everything is all right ? You shouted, at 3 o’clock this morning… »

La voix monocorde, au bout du fil, l’angoisse. Il tente de retrouver ses esprits. 

« J’ai crié en pleine nuit, à 3h… ? », répète-t-il, un peu honteux.

 

Tsitsipas rassure vaguement son interlocuteur et raccroche. Il ne veut pas se souvenir de ses délires nocturnes mais il sait qu’il ne pourra pas lutter. Les images viennent cogner son crâne. Oui, il a rêvé. Que le tennis s’est déshumanisé, en ce début 2021 à cause du virus qui repart de plus belle. Que les matchs n’ont plus d’âme, plus de sens. Que le plaisir a disparu. Que chaque set est une douleur. Il comprend, dans un frisson glacé qui lui parcourt le dos, pourquoi il a crié durant la nuit… ! Car le film se rembobine. Il est en train de le revivre, séquences après séquences. Le cauchemar n’est plus confus. Il a rêvé d’un match froid dans un monde affreux, un monde dévoré par la Covid, un monde encore pire que cette année écoulée. Le jeune joueur Grec s’assied dans le grand lit. Dans son rêve, il y avait sa demi-finale, cet après-midi, contre Medvedev. Il subit les images dans son cerveau encore embrumé. 

 

Machine infernale 

« Ooooooh ! »

Un cri de déception brise le silence. Son coup droit décroisé sort de quelques centimètres. Medvedev était battu… En se retournant pour prendre à témoin son père, seul dans l’immense tribune, Stefanos Tsitsipas reçoit une balle en plein visage. L’effet de surprise le tétanise. Puis la douleur, intense. Le Grec tente de reprendre ses esprits. Son œil droit brûle. Une larme coule. Il n’ose pas l’essuyer, de peur d’irriter l’œil un peu plus encore. Il se retourne vers l’arbitre, pour tenter de comprendre. La chaise est vide. Evidemment. Il avait oublié.

« Sorry, you called the machine…»

Une voix métallique résonne dans les hauts parleurs disposés autour du court. Celle de l’arbitre, cloitré quelque part dans une petite salle remplie d’écrans, d’où il visionne le match.

« Quoi, moi, j’ai appelé la machine ? »

Le joueur Grec est incrédule. De l’autre côté du terrain, Medvedev s’approche pour prendre des nouvelles de son adversaire. Il écarte les bras en signe d’impuissance. Tsitsipas se retourne. Le fautif est là, coin gauche de sa moitié de terrain. Les joueurs l’appellent « l’expulseur ». Un tuyau à air comprimé sorti d’un trou creusé dans le court, d’où jaillissent les balles comme des plombs d’un fusil de chasse. 

Il faut dire « ball ! » pour le déclencher. Il doit y avoir un bug. Car il a prononcé « Oooooooooooh », après avoir raté son coup droit ... Ce n’est pas pareil ! 

Désormais, cette machine infernale remplace les ramasseurs de balles ! Quatre « expulseurs », aux quatre coins du terrain. Les tuyaux sont couleur gris, courbés hors du sol comme des vers qui sortent d’une plaie. Ils sont alimentés par un tapis roulant, sous une trappe creusée dans le court. Après chaque point, les joueurs poussent du pied les balles dans la trappe. Elles sont emmenées par le tapis roulant dans un sas où des préposés en tenue blanche et masques les désinfectent avant de les envoyer vers un panier qui fournit l’expulseur. 

Tsitsipas jette de son œil valide un regard mauvais vers ces affreuses protubérances. Il ne peut même pas prendre le public à témoin, il n’y en a pas. L’arbitre annone le score depuis sa pièce désinfectée, via un micro relié à des enceintes qui grésillent sur le Central. 

Le Grec pleure toujours de l’œil droit. Sa vue se trouble. Autant laisser filer ce jeu de service de Medvedev.

Un set partout, 3-3.   

« New balls ! », crachent les haut-parleurs. 

 

La montre de Medvedev

Un robot haut de trente centimètres, gris également, surmonté d’un petit gyrophare à la lueur bleue, pénètre sur le court. Ses six bras articulés tiennent chacun une boite de balle. C’est Tsitsipas qui a été tiré au sort pour les ouvrir. Pas question qu’une autre main ait touché ces boites avant. Tout est bon pour éviter la propagation du virus.  

Daniil Medvedev en profite pour répondre en direct aux questions des journalistes via sa montre connectée. Les conférences de presse d’après match ont été supprimées, pour diminuer encore les risques. Les joueurs peuvent assumer leurs obligations pendant un changement de côté ou un temps mort. Ainsi, à la fin de la partie, ils rentreront plus vite à leur hôtel, isolé et désinfecté.

« Harold Perkins, de Fox Sports Australia : Ressentez-vous un peu de fatigue après votre marathon en cinq sets contre Rublev au tour précédent, en quart de finale ? »

La question défile sur l’écran de la montre connectée.

Medvedev approche son poignet de sa bouche. 

« Je viens d’avoir un passage à vide juste après la perte du tie-break. J’ai changé de tactique en tentant d’abréger l’échange mais j’ai un peu forcé et commis des fautes… »

Le vainqueur du dernier Masters de Londres a répondu à la question avec une voix mécanique, monocorde. Cet univers aseptisé, vide et froid le déprime. 

Au Grec de servir. Le natif d’Athènes, en tee-shirt et short noirs, serre le poing pour ne pas se frotter l’œil. Service au milieu du carré mais très lifté. Retour plat, puissant. L’échange est brutal. Duel de costauds. Amortie soudaine. Le petit coup de patte parfaitement masqué de Tsitsipas surprend Medvedev. Le grand albatros russe d’1m98 déploie ses longues jambes dans une course folle vers l’avant. Une vitesse étonnante compte tenu de son gabarit. La balle rebondit juste derrière le filet, arrogante, inaccessible. Medvedev sert les dents, poussé par son ego surdimensionné. Dans ses yeux, la rage de s’être fait surprendre par son adversaire alors qu’il était acculé en fond de court, plus d’un mètre derrière sa ligne. Il aurait dû le prévoir ! Bouillonnant, en colère, il force sa course. La balle le nargue. L’amortie est parfaite.  Il n’y arrivera pas. Il force…. Sa cheville se coince, tourne. Medvedev tombe lourdement. 

« Oooooooh ! »

Tsitsipas ne peut retenir un cri d’inquiétude. Il a vu la cheville de Medvedev tourner puis le Russe, emporté par son élan, s’effondrer dans le filet. Un cri sans arrière-pensée. Juste de peur. Il comprend trop tard après avoir reçu une balle dans le dos. « L’extracteur » s’est déclenché, encore. Le Grec se sent chassé comme un gibier par ce fusil creusé dans le terrain qui propulse des balles qu’il n’a jamais demandé. De rage, il frappe dans la quatrième balle envoyée par « l’extracteur ». Tout en haut de la tribune vide.  Puis il se précipite vers Medvedev pour le relever. Il enjambe le filet, se penche en avant en tendant la main au Russe.

 

L’épreuve de la quarantaine

« Move back ! You are not allowed ! 

Le hurlement sorti des hauts parleurs tétanise les deux joueurs. Tsitsipas n’a pas le droit. Interdit de se toucher ! Le jeune Grec a un mouvement de recul. Medvedev tente de se redresser. En boitillant, il avance péniblement vers le coin du court, lève la main pour interrompre le match et demander des soins, en espérant que l’arbitre l’ait vu. 

« Five minutes. We program the care plate …» crache le haut-parleur. 

Medvedev patiente. Son regard se perd sur les sièges vides autour du court. Comme prévu, la plaque à soins, derrière les bancs, s’allume en diffusant une lueur rouge. Medvedev s’approche en boitillant. Il s’agenouille tant bien que mal et tapote sur le programmateur. Tout a été imaginé par les ingénieurs de l’ATP : poignet, dos, hanche, épaule, pied etc…

« Cheville », « torsion ». 

Le Russe place son pied sur la grande plaque en vitrocéramique, la même que dans la cuisine de son grand appartement de Monte-Carlo… En trois fois plus grande. Des lasers brûlants et des jets froids se succèdent. Plus de kiné, plus de contacts humains. Lui et Tsitsipas sont comme deux survivant dans ce no man’s land robotisé. Le Grec tue le temps et calme sa frustration en tentant de faire bugger « l’extracteur ».

« Ball ! » « Ball ! » « Ball ! » « Ball ! »

Le bandeau autour du front, les cheveux dans le cou, la rage au cœur, il affronte la machine. Un film de guerre.

Soudain, une nouvelle sonnerie le fait sursauter. Tsitsipas ouvre les yeux. Il est toujours assis dans son lit, dans cette maudite chambre d’hôtel. Il chasse ses pensées de la nuit. Le soleil se lève sur Melbourne. Il décroche. 

« Allô »

Au bout du fil, Apostolos Tsitsipas. Le père et entraineur de Stefanos

« Koimíthikes kalá ? »

Non, il n’a pas bien dormi. Il n’a pas le temps de répondre. Il veut allumer la lumière, ouvrir la fenêtre, oublier sa nuit.

« Daniil Medvedev », dit simplement son père avant de raccrocher. 

Il doit se remotiver. Retrouver l’enthousiasme. La quarantaine imposée l’a marqué. Malgré le début de tournoi, les victoires qui se sont enchaînées pour accéder jusqu’aux demi-finales, il a encore des séquelles de cette période. Physiques, morales. Comme s’il y avait eu un tournoi du Grand Chelem de la patience avant le début de l’Open d’Australie.  

Avant de se lever, Tsitsipas vérifie qu’aucun extracteur à balle n’est caché dans la chambre. 

« Ball ! »

Il retient sa respiration. Mais rien ne vient. Pas de balle lancée comme un plomb qui traverse la pièce. 

Tout à l’heure, il se promet de serrer la main à chaque ramasseur pour le remercier d’être là. Enfin, non, c’est interdit… Un salut, de loin. Et des baisers au public. Parce qu’il y en aura ! Il n’a vraiment pas aimé son rêve, cette nuit. 

En attendant le 4e joueur mondial, le Russe Medvedev, auteur d’une fin d’année 2020 époustouflante (vainqueur au Rolex Paris Masters et au Masters de Londres), Stefanos Tsitsipas se persuade que, finalement, tout est « presque » normal.  



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