Rétro - Wimbledon 98 : Nathalie Tauziat brise la malédiction de 73 ans

Chez les hommes, seul Cédric Pioline est parvenu à atteindre la finale de Wimbledon. Une stat' qui illustre les difficultés françaises sur gazon. Notons tout de même que les femmes sauvent l'honneur puisque depuis 1998, 3 femmes ont atteint la finale de Wimbledon, Marion Bartoli, lors de son sacre en 2013 et en 2007, Amélie Mauresmo, titrée en 2006 et enfin Nathalie Tauziat, finaliste en 98. Cette dernière est d'ailleurs celle qui a montré la voie puisqu'avant cela, aucune Tricolore n'était parvenue à faire partie des deux dernières joueuses en lice depuis Suzanne Lenglen en 1925. 

Vidéo - Nathalie Tauziat au micro de Tennis Actu en 2018

Tauziat, l'invitée surprise de Wimbledon 1998

Avant d'entrer en lice dans ce Wimbledon 1998, Nathalie Tauziat n'est pas dans la forme de sa vie. Avec seulement une demi-finale à Paris et à Birmingham, la Tricolore n'a pas fait mieux qu'une victoire face à la 28e mondiale. Une petite victoire contre les top 30. Bien peu pour avoir des ambitions sur le gazon londonien, d'autant que la native de Bangui, en République Centraficaine, est tête de série numéro 16, soit la dernière place, et ne fait pas partie des prétendantes au titre. Seul motif d'espoir, le titre remporté par Tauziat en 95 sur le gazon d'Eastbourne et les quarts de finale déjà atteints à Wimbledon en 92 et l'année d'avant, en 97. Nathalie Tauziat est capable de briller sur gazon. Ce Wimb va nous le confirmer. 

Pour son entrée en lice, la 15e mondiale affronte la Japonaise Haruka Inoue, 113e mondiale. Très mal entrée dans son match, Tauziat encaisse un sévère 6-2 dans la première manche avant de se réveiller et de finalement s'imposer 2-6, 6-3, 6-1. Le stress du 1er tour est oublié. Une adversaire redoutable s'annonce au 2e tour : la Croate Iva Majoli, 18e mondiale. Mais Tauziat épate. La Tricolore inflige un 6-1, 6-0 à son adversaire et s'offre un duel franco-français au 3e tour contre Julie Halard-Decugis. Tombeuse d'Alexia Dechaume-Balleret au 2e tour, Halard-Decugis espère bien ajouter une autre Française à son tableau de chasse. La première manche est intense, les deux femmes ne peuvent éviter le tie-break. Tauziat prend les commandes de la partie mais son adversaire réplique dès la deuxième manche. Le troisième set est tendu mais peut-être un peu plus expérimentée, Nathalie Tauziat s'impose au forceps. Direction la deuxième semaine ! 

Nathalie Tauziat, bourreau de Lindsay Davenport

En huitième de finale, la Française se retrouve contre une invitée britannique, Samantha Smith, 94e mondiale. L'écart se ressent sur le court. Victoire 6-3, 6-1 de la Frenchie qui s'offre un très beau défi en demi-finale : Lindsay Davenport. Demi-finaliste de l'US Open 97, de l'Open d'Australie et Roland-Garros en 98, la 2e mondiale est très performante et une des favorites de ce Wimbledon. Avant ce duel, l'Américaine mène 7-1 face à Tauziat. Mais la seule victoire de la Tricolore a eu lieu à Wimbledon. Sans doute un signe. Et cette réussite sur le gazon londonien se confirme. Davenport est dépassée et s'incline 6-3, 6-3, elle qui avait pourtant perdu que 3 sets en 8 matches contre Tauziat. Direction les demies contre une autre surprise, la Belarusse Natasha Zvereva. A une marche de la finale, Nathalie Tauziat sait qu'il s'agit de la plus belle opportunité de sa carrière. Une nouvelle fois tendue, la Française s'incline 6-1 dans la première manche. Mais, dans la deuxième manche, elle décide de se battre. Elle s'accroche et file au tie-break. Un jeu décisif qui va être le tournant du match. Nathalie Tauziat emballe le tie-break 7-1 et domine Zvereva dans l'ultime manche pour décrocher sa première finale de grand chelem. La seule de sa belle carrière. 

Jana Novotna en mission 

Jana Novotna veut briser le sort. Déjà finaliste à deux reprises de Wimbledon, la Tchèque, 3e mondiale, espère enfin décrocher le graal. Elle part largement favorite contre Nathalie Tauziat. Si le match est intense, la Française n'arrive pas à dominer le service de Novotna et s'incline 6-4, 7-6(2). Novotna attendait cela depuis trop longtemps. Mais le Wimbledon de Tauziat est réussi puisque la Française a brisé une malédiction qui touchait les Françaises depuis 73 ans. 

"S'il y a un tournoi que Jana méritait de gagner, c'est bien celui-là"

Pour le Parisien, la Tricolore est revenue sur cette finale et a notamment évoqué son adversaire, décédée à 49 ans en 2017, emportée par un cancer. "Quand j'y repense, c'est souvent pour me dire que j'aurais pu gagner. Mais s'il y a un tournoi que Jana méritait de gagner, c'est bien celui-là. C'était déjà sa troisième finale de Grand Chelem et son service notamment s'adaptait bien aux conditions de jeu rapides de l'époque. Après le match, je me souviens que je m'étais incrustée à l'improviste sur la photo entre sa coach, Hana Mandlikova, et elle, alors qu'elles posaient avec le trophée. Ça les avait amusées..."