Tennis. Roland-Garros (7) - "Les belles histoires sur terre..." de Roland-Garros

Suzanne Lenglen : divine star  

Suzanne Lenglen est née  à Paris en mai 1899 à quelques pas du stade,  rue du Ranelagh dans le 16^e arrondissement de Paris. Elle découvre le tennis  peu avant ses 12 ans, grâce à son père qui lui offre une raquette afin qu’elle puisse jouer sur le court de la propriété familiale de Marest-sur-Matz  dans l’Oise.  

Sportive accomplie, elle optera pour le tennis et fait  son apparition sur les courts à 14 ans, en atteignant la finale des championnats de France qu’elle perd face à Marguerite Broquedis. Trois semaines plus tard, le Tout-Paris s’enflamme pour le prodige qui remporte la finale des Championnats du Monde sur Terre Battue. 

Un palmarès inégalé   

Si  la première guerre mondiale met un coup d’arrêt à la compétition, Suzanne continue à s’entraîner sans relâche. Son retour en 1919 est  triomphal : la joueuse remporte le tournoi de Wimbledon face à  Dorothy Lambert Chambers,  sept fois victorieuse du tournoi. Pour la première fois, une Française inscrit son nom au palmarès du prestigieux tournoi  sur herbe. La légende de «La Divine» est en marche. Cette victoire outre-Manche est la première d’une série de six ! En France elle cumule les titres aux Championnats de France de 1920 à 1926 (hormis en 1924 où elle déclare forfait pour des raisons de santé) et en 1920, aux jeux Olympiques d’Anvers,  triple médaillée,  elle décroche l’or en simple dames.  

Invincible, un seul match lui échappe entre 1919 et 1926, année où est organisé le « Match du siècle » l’opposant à la jeune championne américaine, Helen Wills.  3 000 spectateurs, journalistes venus du monde entier et quelques têtes couronnées assistent au spectacle ! La Française remporte le match, mais la joueuse est épuisée.

La même année, lassée par l'amateurisme, Suzanne Lenglen devient professionnelle  et signe un contrat pour une tournée américaine. Circuit amateur et professionnel étant incompatibles, elle est radiée par la Fédération Française de Tennis et le All England Club, organisateur de Wimbledon.

🗓�'� Née le 24/05/1899, Suzanne Lenglen est la 1ere star internationale du tennis féminin. Surnommée "la Divine", son palmarès est impressionnant : 241 titres et 98% de matchs remportés. Le deuxième court principal de Roland-Garros porte aujourd'hui son nom.#EphémérideDuLabo pic.twitter.com/cUZDsi67HO

— Laboratoire Egalité (@Laboegalite) May 24, 2022

Un style précurseur 

Son jeu est unique : rapide, acrobatique, alliant précision, régularité et puissance, avec des longueurs de balles impressionnantes pour l’époque. La qualité de son jeu est le résultat de ses entraînements intensifs menés par son père, avec des partenaires masculins, sparring  partner avant l’heure, ainsi qu’à une préparation physique intense. 

Orienté vers la performance, son jeu révolutionne le tennis féminin. Elle casse aussi les codes sur le plan vestimentaire en adaptant sa tenue au jeu : plus question de porter un corset, une jupe longue, des jupons, des manches longues ou des chapeaux encombrants! La championne raccourcit ses jupes, porte un bandeau pour tenir ses cheveux au carré et joue les bras nus. Véritable « garçonne », elle participe au mouvement d’émancipation féminine des années folles. 

Première star du tennis

Suzanne Lenglen est considérée comme la première star du tennis, à l’heure où le star-system fait son apparition dans le cinéma des années vingt, où la presse sportive et les actualités cinématographiques élargissent la couverture médiatique du sport. Son surnom, « La Divine », porté par une autre star, mais du cinéma, Greta Garbo, la conforte dans ce statut de star. Elle fait la « Une » des journaux,  inspire des artistes telle une muse et défile pour le couturier Jean Patou, dont elle devient l’égérie. 

Un mentor

La victoire de la championne en 1919 à Wimbledon, marque le point de départ de l’âge d’or du tennis français. Elle emporte ainsi dans son sillage victorieux, les jeunes Mousquetaires dont elle est très proche, notamment  René Lacoste ainsi que Jacques Brugnon, son fidèle  partenaire de double. Tel un mentor, elle contribue à l’essor de cette génération de champions. On l’imagine ainsi aux premières loges du challenge-round de la coupe Davis en juillet 1928, à Roland-Garros, assistant à la victoire des Mousquetaires. Etait-ce l’assurance d’une relève assurée qui l’incita à prendre sa retraite deux mois plus tard ? 

Clap de fin 

De santé fragile,  la joueuse annonce en effet qu’elle met un terme à sa carrière en septembre 1928.  Elle s’investit alors dans l’enseignement,  ouvre une école de tennis en 1936,  officiellement reconnue par la FFLT, et publie une méthode d’enseignement qui deviendra une référence. Atteinte d’une leucémie, Suzanne Lenglen disparait en juillet 1938.

Si une allée du stade Roland-Garros portait déjà son nom, une statue de la championne réalisée  en 1994 par Vito Tongiani  immortalise le souvenir de la joueuse. La sculpture est située devant le court « A », qui trois ans plus tard est baptisé « Suzanne- Lenglen », en présence de Monica Seles. Un hommage teinté d’une pointe de  revanche pour  cette immense championne qui n’aura jamais joué sur la terre battue de Roland-Garros, qu’elle aurait pu fouler en 1928, avant de tirer sa révérence, si elle n’avait pas été « bannie » du fait de son passage furtif au sein du circuit professionnel... Aujourd’hui, elle reste la joueuse française la plus titrée de l’histoire du tennis !

Pour beaucoup, elle n'est que le nom d'un court de #RolandGarros Mais Suzanne Lenglen, invaincue entre 1919 et 1926, est avant tout la 1e personne à avoir fait du tennis un véritable métier ! Sa biographie nous semble être la lecture idéale pendant ces Internationaux de France 🎾 pic.twitter.com/xc1eMHlpsW

— Éditions Viviane Hamy (@VivianeHamy) May 22, 2022