Roland-Garros - Cornet : "On est tous tendus comme des arbalètes... "

Alizé Cornet pouvait avoir un match piège face à sa compatriote et ami Chloé Paquet au premier tour de Roland-Garros. Les matchs franco-français ne sont jamais évidents à gérer surtout d'entrée de jeu. Mais, très solide, Cornet s'est imposée en deux sets 6-3, 6-2 après 1h30 de match. Un match sérieux et solide pour bien entrer dans le tournoi et retrouver Shuai Zhang au 2e tour.

Vidéo - Alizé Cornet et sa "phobie" des tests PCR !

 

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Présente dans l'univers du tennis français depuis près de 15 ans, Alizé Cornet est un modèle de longévité. A Roland, la Niçoise dispute son 55e tournoi du Grand Chelem. "Je n'ai jamais été proche de ne pas jouer un Grand Chelem, j'étais toujours en pleine forme et prête à jouer. Bien sûr, j'avais parfois une petite douleur ici ou là, mais jamais je ne me suis dit : "Je vais presque rater ce Grand Chelem." Je suis toujours là, c'est incroyable, j'ai joué dans 55 Grands Chelems d'affilée, je me sens super vieille avec ce record ! Dans le même temps, je ne sais pas si je vais jouer encore deux années entières. Je ne sais pas si je vais battre le record ! On va voir... J'essaie juste de profiter de chaque Grand Chelem, comme si c'étaient les derniers, c'est cela secret." Une stat' qui montre à la fois la détermination de la Tricolore mais aussi sa très bonne condition physique puisqu'à 30 ans, la Niçoise n'a jamais connu de longues blessures. Le record est détenu par la Japonaise Ai Sugiyama, avec 62 Majeurs disputés. 

Victoire convaincante pour Alizé Cornet !

Opposée à sa compatriote Chloé Paquet, la Française n'a pas trop traîné et s'est facilement imposée, 6/3, 6/2 en moins d'une heure et demie ! #Roland-Garros pic.twitter.com/m1hgQ6ZR9I

— France tv sport (@francetvsport) September 28, 2020

 

Alizé, félicitations. Je voulais te demander, au fil des années, jouer devant son public a été un avantage pour certaines joueuses, et un inconvénient pour d'autres. Comment le vois-tu ? Penses-tu que c'est un avantage pour des joueurs français quand il y a un public complet, ou bien il y a moins de pression quand il y a moins de public ?

C'est une bonne question, et la réponse est difficile, ça dépend vraiment ! Parfois, sur certains matchs, la foule me soutenait à la folie, elle m'aidait, elle me soulevait, elle me poussait en avant pendant le match. À d'autres moments, je sentais tellement de pression... J'étais écrasée par le poids de la pression. Dans l'ensemble, c'est plutôt positif pour les joueurs français. Mais vous savez, le public français est très exigeant, très difficile à conquérir. Et donc, si on ne joue pas son meilleur tennis, si on n'a pas la meilleure attitude sur le court, ils peuvent être très durs avec vous. C'est une expérience différente, une expérience nouvelle. J'ai bien apprécié, c'était bien plus tranquille ce soir. On s'est un peu habitué à l'US Open, ça ne me gêne plus.

 

Bravo pour ce soir ! À New-York, je t'ai parlé de ta série de 54, maintenant 55 présences, en Grand Chelem. Et dans quelques années, avec 62, tu pourras remporter le record. Est-ce que durant ces 15 ou 16 ans, tu as déjà presque raté un Grand Chelem, ou tu as surmonté une blessure, ou quelque chose ?

Non, je n'ai jamais été proche de ne pas jouer un Grand Chelem, j'étais toujours en pleine forme et prête à jouer. Bien sûr, j'avais parfois une petite douleur ici ou là, mais jamais je ne me suis dit : "Je vais presque rater ce Grand Chelem." Non, je suis toujours là, c'est incroyable, j'ai joué dans 55 Grands Chelems d'affilée, je me sens super vieille avec ce record ! Dans le même temps, je ne sais pas si je vais jouer encore deux années entières. Je ne sais pas si je vais battre le record ! On va voir... J'essaie juste de profiter de chaque Grand Chelem, comme si c'étaient les derniers, c'est cela secret.

 

Salut Alizé.

Bonjour.

 

Toi qui es habituée, qui as connu pas mal de fois les honneurs du central, avec beaucoup plus de monde évidemment, comment as-tu vécu cette qualification pour le premier tour qui forcément avait peut-être une saveur un peu particulière ?

Plutôt bien, comme je l'ai expliqué avant, on a commencé à s'habituer avec l'US Open. Quand on jour sur le Arthur-Ashe vide, ça fait un choc, il est encore plus grand qu'ici. Et là, il y avait tout de même quelques personnes disséminées ça-et-là, ce n'était pas complètement vide. Après, j'étais tellement concentrée... Déjà, j'étais tellement tendue et tellement concentrée sur mon match que je n'ai même pas remarqué que le stade était vide. À partir du moment où j'avais mon clan, c'était tout ce qui comptait. Mais effectivement, c'est un petit peu bizarre. Moi, je m'y fais bien. Je m'y fais bien, parce que je sais que c'est temporaire. Je serai très contente quand le public sera de retour.

 

Tu nous disais avec Eric, quand tu étais à Strasbourg, que c'était l'angoisse pour les tests PCR. Est-ce toujours le cas ? Tu es dans le tournoi, c'est que ça va ! Mais dors-tu mieux ? Ou bien, est-ce toujours l'angoisse à fond d'attendre les résultats, savoir quand on va être testé, etc. ?

La veille des résultats, je dors toujours un peu mal. Je ne sais pas pourquoi, je me fais toujours des scénarios catastrophes, mais qui sont très plausibles ! On a l'impression que ça peut tomber sur n'importe lequel d'entre nous, à n'importe quel moment. Je me suis fait tester il y a deux jours, je sais que je suis tranquille pour encore trois jours. Je suis au milieu, sereine, tranquille ! Et dans trois jours, je vais de nouveau me ronger un peu les sangs. C'est pareil pour tout le monde. On est tous dans le même état. J'ai vraiment hâte aussi que ça se termine. C'est hyper anxiogène. On est déjà tous tendus comme des arbalètes de jouer un Grand Chelem, on s'ajoute ça dessus. C'est compliqué, mais il n'y a pas le choix non plus, on se plie à tout ça, de bonne grâce !

 

Bonsoir Alizé. D'habitude, quand on joue en dernière rotation, que le temps n'est pas très clément, on se dit : "Il pleut, les matchs sont annulés, on rentre à l'hôtel !" Maintenant qu'il y a des sessions nocturnes, ça change l'attente, tu appréhendes différemment ? Tu te dis : "Au bout du bout de la journée, de toute façon je vais jouer !" ?

Je crois malgré tout qu'ils ne peuvent pas lancer de match après une certaine heure.

 

Tu as hâte d'en finir quand même ?

Ce qui est hyper confortable par rapport à d'habitude, c'est que quand on entre sur le court, on sait qu'on va finir le match, surtout sur le Chatrier. Les autres courts, non, pas s'il pleut. Mais là, étant sur le Chatrier, je savais que je finissais mon match. Il m'est arrivé de finir à un set partout, interrompue par la nuit, de rentrer à mon hôtel et de dormir en plein match en se disant : "Il ne reste qu'un set demain..." C'est une des pires situations, c'est invivable. Là, c'est plus confortable, je savais très vite dans la journée que j'allais bouger de court, puisque le Simonne MATHIEU s'éternisait. C'est vrai, pour les joueurs, c'est ça en moins de tension, où on est là à attendre sans savoir… Il y a moins d'incertitude et donc forcément plus de confort.

 

Alizé, depuis quelques jours, on parle de ces nouvelles balles ; avec cette édition, cela a changé de marque. Comment les ressens-tu quand tu joues ? Trouves-tu qu'il y a une différence ?

J'ai mal à l'épaule ! J'ai un peu mal à l'épaule, mais c'est vrai que j'ai souvent mal à l'épaule. Mais on sent que ces balles sont lourdes. Elles avancent moins que les Babolat. Après, je comprends que cela puisse gêner certains joueurs, parce que ça change tout de même pas mal. Dans mon jeu, il y a des choses où cela m'avantage : dans mon revers, je peux m'engager sans avoir peur que la balle sorte, on peut y aller à fond, il y a des chances que la balle reste dans le court ! Et dans le coup droit, ça me fait jouer un peu court. Je suis entre les deux, il faut que je trouve mes marques... Il ne faut pas hésiter à s'engager. Quand elles sont neuves, elles sont bien pendant 10 minutes, puis elles se fatiguent vite... Après, ça devient compliqué de faire avancer la balle, surtout de nuit, en septembre, bientôt octobre. Il faut faire de la prévention d'épaule, être prête à enchaîner les matchs.