Tennis. Roland-Garros - Aryna Sabalenka : "J'ai déjà un vol pour Mykonos, de l'alcool..."
Aryna Sabalenka rêvait d'un premier titre à Roland-Garros. Malheureusement pour elle, il faudra encore attendre. Ce samedi, en finale du Grand Chelem parisien, la Biélorusse a craqué contre Coco Gauff, 6-7(5), 6-2, 6-4. Irrégulière, la numéro 1 mondiale a commis 70 fautes directes, 40 de plus que son adversaire du jour. Trop imprécise, la native de Minsk a logiquement laissé échapper ce titre, malgré une mentalité de guerrière tenue jusqu'au bout de la rencontre. Sabalenka devra encore attendre pour soulever un premier titre à Roland-Garros, et un quatrième sacre en Grand Chelem. Comme à Melbourne en janvier dernier, la joueuse de 27 ans était dévastée lors de la remise des trophées. Elle n'a pas été tendre avec elle-même en conférence de presse.
Vidéo - Aryna Sabalenka, battue en finale de Roland-Garros
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"Je crois que c'est la pire finale que j'ai jamais jouée"
Aryna, bien sûr, ce n'est pas le résultat qu'on pourrait souhaiter aujourd'hui pour toi, mais peux-tu nous dire si tu es fière de ces deux semaines jusqu'à la finale ?
Je dois dire que j'ai joué des matchs durs ces deux dernières semaines avec des joueuses incroyables. En finale, j'ai joué le plus mauvais tennis depuis je ne sais pas combien de mois. Les conditions étaient mauvaises et elle a mieux joué dans ces conditions que moi. Je crois que c'est la pire finale que j'ai jamais jouée.
Désolée. Pourquoi penses-tu ne pas avoir pu gérer les conditions et elle l'a mieux fait ?
Cela peut arriver, on se réveille, on n'est pas dans son meilleur jour alors que l'autre joue aussi, et puis on se bat et rien ne réussit. J'ai essayé de trouver le moyen de jouer dans ces conditions, mais ça n'a pas marché.
Penses-tu que ça soit vraiment dû à ton jeu et au fait que tu aies mal joué ou penses-tu que ce soit elle qui t’a fait jouer plus mal que ce que tu aurais voulu ? Comment rend-elle les choses difficiles pour toi ?
En courant et en jouant des balles hautes qui sortent du cadre. Elle lâche des balles hautes de son cadre, elle a bien bougé, c'était un peu piégeux dans ces conditions. Par exemple, à Madrid, j'ai pu faire des coups contre elle pour gagner que je n'ai pas pu faire aujourd'hui. Honnêtement, parfois, j'avais l'impression que la balle sortait du cadre, sortait du bois et par magie atterrissait dans le court. C'était un peu comme une blague, comme si quelqu’un était au-dessus de moi en riant et m'envoyait des balles en disant « Vois si tu arrives à la renvoyer ». Je n'ai pas réussi. J'espère que la prochaine fois que l’on jouera l’une contre l’autre, je jouerai de manière plus intelligente, sans me précipiter pour tenter de la battre.
"J’ai juste besoin de quelques jours pour oublier la folie de ce monde"
Tu es dure avec toi-même. Penses-tu qu'il y ait eu un changement de cadence dans le premier set ? Tu as vraiment bien démarré le premier set, tu menais 4-1. Que s’est-il passé à ce moment-là? Est-ce que Coco s’est améliorée ou les conditions ont empiré ?
Je pense qu'il y a eu plus de vent, c'est devenu plus venteux et moi, j'étais trop émotive. Aujourd'hui, je ne me suis pas bien gérée mentalement. Je dirais que c'est à peu près ça. J’ai mal servi et j’ai fait des fautes directes. Il faut que je vérifie les statistiques. Elle a gagné le matche mais pas uniquement parce qu'elle a joué incroyablement bien, mais parce que j’ai fait toutes ces erreurs notamment sur des balles faciles
De toute évidence, dans ta carrière, tu as joué des matches difficiles, des défaites difficiles, qu'est-ce que tu tires comme enseignement ?
Très bon match de Coco en finale, très mauvaise performance de moi-même dans cette finale. Il va falloir que je mette les choses en perspective pour essayer de tirer les leçons, parce que je ne peux pas aller à chaque fois en finale contre elle en Grand Chelem et mal jouer en lui donnant des victoires non pas faciles mais à cause du côté émotionnel.
Il y a un autre Grand Chelem qui arrive bientôt. Quand tu as une déception comme celle-ci, est-ce que tu regardes les choses ou tu essaies d'oublier ?
Non, j’ai déjà un vol pour Mykonos et je prévois de l’alcool et du sucre. J’ai juste besoin de quelques jours pour oublier la folie de ce monde et cette chose folle qui s’est produite aujourd’hui. Si je pouvais jurer maintenant, je dirais un gros mot. Je pense que tout le monde comprendra que j'essaie de rester polie, mais il n'y a pas d'autre mot pour décrire ce qu'il s’est passé sur le court. Oui, de la tequila, des bonbons, de la natation, faire la touriste pendant quelques jours.
"Ça avait l’air d’une blague mais ça n’en était pas une"
Comment peux-tu comparer cette défaite à celle de janvier à l'Open d'Australie ? Sont-elles comparables ou bien ce sont des matchs différents ?
De manière différente, je vois la même chose, sauf que le niveau était meilleur au troisième set contre Keys. Elle a frappé très fort, fait des coups dingues qui sont rentrés et elle m’a dépassée dans les deux derniers jeux. Aujourd’hui, elle a juste mis une balle de plus de l’autre côté que moi. Il faut que je prenne du recul. Il faudra que je regarde, parce que je ne peux pas continuer encore et encore à faire les mêmes erreurs.
Peux-tu expliquer pourquoi les conditions étaient si difficiles ? C'était le froid, le vent ou les deux ?
C'était le vent qui soufflait très fort, en ligne droite et parfois il se calmait. Puis, pendant le point, ça avait l’air d’une blague mais ça n’en était pas une , quand elle frappait la balle, le vent la poussait d’une manière dingue et j’étais en retard à chaque fois, plus le fait que c’était de la terre battue, plus le fait qu’il y avait un mauvais rebond. J'étais obligée d’être très en arrière et essayer de jouer ces balles courbes m’aurait aidée, mais je n’étais pas dans de bonnes conditions pour penser correctement.
Le tennis est un sport très dur, même quand on gagne, on rate la moitié des points quasiment. Estce que tu penses que tu aimerais améliorer certaines choses ou que tu pourrais être plus gentille avec toi-même et accepter les imperfections, parce que dans tous les matchs, on perd des points, on perd des jeux ? Est-ce que tu travailles là-dessus ?
Oui, je pense que je ne m'en suis pas mal tirée depuis deux ans avec cela, mais il ne faut pas que je retombe dans mes vieilles habitudes. Parfois, cela arrive et il faut à nouveau prendre du recul, apprendre et essayer de s'améliorer. Pour l'instant, je ne vois pas comment je pourrais être moins dure avec moi-même parce que, honnêtement, les mecs, c'est le pire match que j'ai joué depuis deux mois, ça a l’air d’une blague, je ne peux plus faire ça dans une finale. Ça me serait peut-être égal de faire ça à un autre tour ou en quarts de finale, mais en finale, ça n'est pas correct.
Comme c'est une finale de Grand Chelem, c'est un événement énorme. Est-ce pour cela que c’est plus dur ?
Oui, ça fait mal, notamment quand on a vraiment bien joué toute la semaine contre des adversaires difficiles, la championne olympique, Iga, et ensuite je vais sur le court et je joue vraiment mal. Je ne suis pas sûre, mais je pense que si Iga avait gagné contre moi l’autre jour, elle serait allée sur le court et aurait gagné aujourd'hui. Oui, ça fait mal, honnêtement très mal. J'ai très bien joué jusque-là et au dernier match, je suis allée sur le terrain et jouer comme je l'ai fait, ça fait mal.