Tennis. Roland-Garros - Philippe Doucet : "Avec la confiance en moins, ça arrose..."
Il est de retour sur Tennis Actu pour vous livrer ses anecdotes. Philippe DOUCET dit "La palette" ! Vous connaissez forcément. Le consultant foot de Canal +. Né le 16 août 1962, Philippe DOUCET est aussi et aujourd'hui gérant de son entreprise "La Palette a Doudouce" et cette année, en balade tous les jours à Roland Garros, Philippe Doucet nous raconte une anecdote par jour… et c'est sur Tennis Actu.
Vidéo - Gaël Monfils après sa 1ère remontada à Roland-Garros !
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"Avec la confiance en moins, ça arrose davantage... "
L’expression la plus galvaudée du tennis mondial : la confiance ! Côté spectateurs, c’est ce qui permet de se douter que Gaël Monfils ne va sûrement pas lâcher l’affaire en pleine nuit sur le Central et gagner une fois encore en cinq sets. Mais côté joueurs ? Comment évaluer cet insondable et essentiel critère de performance ? Rien de mieux qu’un match apparemment anodin sur un court secondaire pour mieux sentir toute l’importance de la confiance…
« Aie confiance », sifflait bien le serpent Kaa au petit Mowgli dans le Livre de la Jungle. Et, de fait, il pourrait aussi bien tourner autour de Nikoloz Basilashvili, 33 ans, ancien 16e mondial… avant de plonger jusqu’à jouer les qualifications pour entrer dans le tableau final 2025 à Roland-Garros ! A l’époque, il frappait fort sur tout ce qui bougeait. Et il ne jouait pas sur le petit court numéro 4 un match de qualifiés contre le Portugais Henrique Rocha. Avant, sa vitesse de balle faisait autorité, même s’il résultait de ce style enhardi une irrégularité certaine… A vrai dire, il joue toujours très fort et très vite. Mais, avec la confiance en moins, ça arrose davantage. Etre tout au bord du court permet d’appréhender la difficulté de ce sport. Ca va tellement vite, ça se joue le plus souvent à quelques centimètres. Même au-delà de la 100e place ATP…
Quitte à être loin du Central ou du Lenglen, de Djokovic ou Draper, on se positionne tout près des entraîneurs pour être au cœur du réacteur confiance. Révélateur, ce débat entre le joueur géorgien et son coach allemand Jan De Witt (ancien entraîneur de Simon, Monfils…). Il lui dit de prendre un peu de recul au retour pour ensuite avancer dans le court. Pendant plusieurs jeux, Basilashvili rumine, râle et finit par lui dire que son meilleur revers, c’est en avançant…
Dès le tie-break du premier set caviardé (0-7 !), « Niko » change et avance dès le retour. Le contraire du conseil de son entraîneur... Et survole le deuxième set, rate deux balles de set au troisième et écrase le quatrième… Tout ça pour buter sur une panne de service rédhibitoire au cinquième et dernier set (2-6) !
"Daniil Medvedev pourrait en parler encore mieux... "
Fascinant de voir un joueur de ce niveau se miner littéralement à force de rater ses premières. On a envie de l’aider, de lui dire de lancer la balle plus haut, de patienter un peu en faisant des première-deuxièmes pendant quelques points, de faire ou dire quelque chose, quoi ! Mais le joueur s’obstine, s’enferme dans son monde tout noir !
Même le coach n’a plus l’écoute d’un joueur en train de perdre, tout seul, ses moyens, sa confiance ! En face, Rocha ne fait rien d’extraordinaire. Mais il voit bien son adversaire se déliter. Après le match, Jan de Witt glisse à un proche : « Il pouvait gagner ce match en trois sets, s’il avait la constance au niveau de ses émotions ». La confiance, encore…
Daniil Medvedev pourrait en parler encore mieux. Entré sur le court face à Cameron Norrie avec un capital confiance visiblement très bas, il a pourtant servi pour le gain du premier set, et même pour le match 3 heures plus tard. Mais le Russe n’a rien tenté, se contentant d’attendre la faute adverse la plupart du temps. En interview, Norrie dira tout de la fragilité de la confiance. « Elle est revenue la semaine passée à Genève. C’est venu petit à petit, de match en match. Et jouer Djokovic a été le déclic. Même si j’ai craqué physiquement dans le troisième set en finale… »
Idem à Hambourg (demi-finale) pour le Canado-Togolais Félix Auger-Aliassime. Du coup, il a d’abord manifesté une autorité folle face à l’Italien Arnaldi pendant deux sets. Avant de prouver que le doute n’était pas bien loin dès que l’Italien a haussé le ton. Tout l’inverse pour le Brésilien Joao Fonseca qui a fait une démonstration d’audace et d’envie de jouer. Relâchement et confiance absolue pour estourbir Hurkacz en trois petits sets.
Cette fameuse confiance paraît pourtant si capricieuse et changeante pour les autres. Peut-être, dans cette jungle du tennis, son coach est-il un certain Kaa (ou « Kao » pour faire plus brésilien). Et, dans ses oreilles, résonne sans cesse une chanson si bien susurrée. « Aie confiance, aie confiance »…