Tennis. Roland-Garros - Pierre-Hugues Herbert : "Bonzi ? C'est plus qu'un collègue..."
Par Romain BALLE le 27/05/2025 à 21:56
La cinquième aura été la bonne pour Pierre-Hugues Herbert. Face à son pote de double, Benjamin Bonzi, le joueur de 34 ans l’a emporté pour la première fois en cinq confrontations. Et quelle scène a choisi le natif de Schiltigheim, qui l’a fait devant le public de Roland-Garros. Il aura tout de même dû batailler pendant presque 3 heures et 30 minutes pour venir à bout du Nîmois en cinq manches (7-5, 3-6, 4-6, 7-5, 6-2). Herbert va retrouver le deuxième tour du Grand Chelem français pour la première fois depuis 2020. Il s’y mesurera face à un adversaire de prestige, le diamant brut Joao Fonseca, impressionnant vainqueur de la tête de série 30, Hubert Hurkacz.
Vidéo - Pierre-Hugues Herbert revient sur son match face à Bonzi
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"Benjamin Bonzi est quelqu'un que j'apprécie énormément, c'est plus qu'un collègue"
Félicitations. Ce n'est jamais facile de jouer contre un collègue. Quelles ont été les clés de votre victoire ?
De quoi, les impressions ? Non, effectivement, surtout que c'est même plus qu'un collègue, puisqu'on a même vécu une rencontre de Coupe Davis côte à côte, en tant que coéquipiers et partenaires de double. Et en plus, c'est quelqu'un avec qui, cette année, on a gagné le tournoi de Marseille. Et en plus, c'est quelqu'un que j'apprécie énormément. Ce n'est jamais évident. Et ajouté à ça, c'est quelqu'un qui m'avait battu 5 fois, je n'avais jamais gagné contre lui, dont 4 fois sur les 6 derniers mois. Et donc, tout ce mélange a fait que, effectivement, c'était un match particulier, qui a été très, très dur à gagner.
Vous vivez ça comme un joli clin d'œil, cette qualification en deuxième tour, après tout ce qui vous est arrivé ces dernières années ? C'est un bon moment pour vous, particulièrement spécial ?
C'est un très, très bon moment. C'est un beau clin d'œil. En tout cas, je suis un peu passé par tous les états sur ce match-là. Voilà, c'est un beau cadeau, c'est vrai. C'est ma seizième participation à Roland-Garros, quand même. Je ne fais pas partie des jeunots de ce tableau maintenant. Et donc, le fait, après, les 3, 4 dernières années un peu difficiles, arriver à gagner ce match là, c'est un beau clin d'œil. Je suis hyper heureux d'être au deuxième tour.
Cela peut être un match encore plus sympa, vous risquez de tomber contre Fonseca qui est bien parti, et mène 2 sets 0. C'est un petit jeune, un nouveau, vous l'avez déjà joué ?
Non jamais.
"À Roland-Garros ce n'est pas la même chose quand on joue un Français"
Vous le connaissez ? Vous avez suivi son début de carrière un peu tonitruant ?
Oui, je l'ai suivi, parce que depuis 2-3 ans, je suis beaucoup passé par les Challengers, et il est un peu passé par là l'année dernière, donc je l'ai vu. En plus, je l'ai aussi croisé en Coupe Davis, puisqu'on les a joués à Orléans. Et voilà, c'est un jeune qui monte. Je l'ai vu énormément gagner sur ce début d'année, sur une tournée australienne où il a extrêmement bien joué. Et voilà, là, il est à 2 sets 0, après, ce n'est pas encore fini. Il joue quand même un bon joueur. On va voir. Déjà, le fait de jouer un étranger, c'est sûr que ça me fait plaisir ; à Roland-Garros, ce n'est pas la même chose quand on joue un Français.
Vous vous considérez toujours comme un joueur un peu spécial, un joueur de service-volée. Il y en a de moins en moins. Vous ne le faites pas systématiquement bien sûr, encore moins sur terre, mais c'est malgré tout votre base de jeu. Ça ne vous a pas empêché de très bien jouer sur terre, à Monaco notamment. Vous vous considérez toujours comme un peu spécial, un peu à part ? Ou vous avez un peu changé d'optique depuis que vous avez pris un peu d'âge ?
Je pense que j'ai un style de jeu un peu différent, ça c'est certain. Aujourd'hui, il y a tout de même énormément de joueurs qui frappent très, très fort, qui ont de très grosses qualités de balles, et qui cassent beaucoup la balle. Je ne me considère pas comme un joueur comme ça. Je pense que j'ai un jeu un peu plus varié, un jeu où je peux aller au filet, et donc, un jeu un peu différent. Ça, c'est certain. Après, pour le coup, oui, j'ai fait quelques services-volées sur ce match-là, mais peut-être pas assez même... Mais dans ces conditions, il pleuvait, ce sont des conditions difficiles pour jouer un jeu vers l'avant.
"On avait une chance sur 125 ou 126 de se jouer..."
À quel point le changement de surface par rapport aux 5 duels précédents a joué un rôle dans votre victoire ? Aviez-vous adapté votre tactique avant le match, en vous disant, autre surface autre stratégie contre Benjamin, que vous connaissez par cœur ?
Ce qui est rigolo avec Benjamin, on s'est écrit en début de semaine... On a l'impression d'être un peu maudits, on ne fait pas souvent les mêmes tournois, et on a fait que se jouer sur les tournois où on était ensemble ! On s'écrivait. Quand je lui ai écrit, c'était pour prendre un peu des nouvelles, parce que je sais qu'il s'était fait bien mal aux obliques à Madrid. Je venais aux nouvelles, espérant que cela aille bien, qu'il puisse jouer Roland. À aucun moment, je n'ai pensé à ça. Il m'a dit : "On peut se faire un entraînement fin de semaine." On parlait d'un entraînement le samedi avant le tournoi. En rigolant, il a mis un truc du genre : "On va attendre le tableau pour voir." Je n'y pensais pas du tout. On s'est retrouvé à se jouer, alors qu'il y a une chance sur 126 ou 125... Je ne suis pas bon en mathématiques. En gros, très peu de chances qu'on se joue, et on se retrouve à se jouer ! On a quand même l'impression d'être un peu maudits.
Sur ce match-là, il y avait ça à gérer. C'est sûr, on jouait sur une autre surface, en Grand Chelem, ce n'était pas un match challenger, mais un match à enjeu. Après, j'ai essayé de gérer tout ça, déjà... Et ne pas trop me concentrer sur son état, savoir s'il jouerait à fond... J'ai vite vu que cela allait, ses obliques, parce qu'il a vite bien servi. Ensuite, essayer de combattre finalement ces mauvais automatismes que j'ai pu avoir, où j'ai toujours eu des combats, mais je ne m'en sortais jamais, ce n'est jamais moi qui gagnais. Et donc, oui, le changement de surface, c'est forcément un peu différent, ça change un peu la chose. Mais c'est plutôt tout ça que j'ai essayé de préparer au mieux.