Tennis. Roland-Garros - Sloane Stephens : "Je vieillis, je mûris"

Impressionnante ! Sloane Stephens a joué un tennis relâché pour dominer son amie et compatriote Madison Keys en demi-finale de Roland-Garros 6-4, 6-4. Sûre d'elle et détendue, la gagnante de l'US Open 2017 a eu le dessus du début à la fin de la rencontre et a profité d'une Madison Keys au contraire, tendue, qui a commis 41 fautes directes. Stephens a eu un jeu très propre pour faire seulement 11 fautes directes et réaliser 9 coups gagnants. Pas forcément attendue, l'Américaine aura toutes ses chances contre la numéro 1 Simona Halep et pourrait définitivement se placer comme l'une des toutes meilleures joueuses du monde. En tout cas le sourire était présent en conférence de presse au moment de répondre aux journalistes et revenir sur sa victoire.

Vidéo - Roland-Garros - Le stade du futur et son nouvel écrin !

Félicitations.

 Merci.

 

La finale de l'US Open, c'était il n'y a pas si longtemps. Entre-temps, vous avez eu des problèmes. Pouvez-vous nous expliquer votre histoire d'amour avec Roland-Garros, et comment vous avez réussi à vous reprendre ?

Pouvez-vous me reposer la question ?

 

Vous avez eu une période difficile après votre tournoi en Grand Chelem. Et puis, maintenant, vous êtes revenue en forme.

Oui, de toute évidence, après l'US Open, j'en étais à peine à mon retour. J'ai fait 4 ou 5 tournois. Je me reprenais. Mais les choses ont été très vite après l'US Open. J'ai commencé à jouer de mieux en mieux, notamment à Miami, puis à la Fed Cup. J'ai ainsi pris un rythme. Mais il n'y a pas de formule, pas de bonnes ou de mauvaises choses. Chaque personne récupère à sa manière et à son rythme.

 

Vous êtes très amies, avec Madison. Comment avez-vous pu mettre cela de côté pour faire face au match d'aujourd'hui ?

Ce n'est pas facile. C'est toujours difficile de jouer quelqu'un du même pays que vous, d'autant plus quelqu'un que vous aimez bien, et avec qui vous êtes amie. Cela a été difficile. Quand je joue contre Madison, c'est très compétitif sur le court. On est toujours très compétitives. Mais c'est un peu bizarre, il n'y a pas tellement de : « allez, on y va ! ». On a beaucoup de respect l'une pour l'autre. On joue toujours bien l'une contre l'autre, on joue de bons matchs.

 

En termes de compétitivité, pensez-vous être une meilleure compétitrice maintenant, après un certain nombre de matchs ?

Oui, probablement. Je ne sais pas. Je vieillis, je mûris, cela fait un bout de temps que je suis dans le circuit. Je voyage tout le temps. J'apprends à me connaître, j'apprends ma routine, ce qui est le mieux pour moi. Dans un sport individuel, il faut que vous y arriviez pour vous donner les meilleures chances. C'est ce que j'ai fait.

 

En finale, vous êtes face à Simona Halep qui n'a jamais gagné de Grand Chelem, alors que vous, oui. Pensez-vous que cela vous donne un avantage psychologique sur elle ?

Non. Elle a joué beaucoup de tournois. On va devoir jouer l'une contre l'autre. L'une gagnera, l'autre perdra, mais il faut que chacune donne tout. Et celle qui gagnera, gagnera.

 

Quelle sera votre routine d'ici samedi, pour faire tomber la pression ?

Vous voulez dire, baisser la pression pour le match ?

 

Oui, la pression du titre. Quelle est le type de routine que vous allez faire pour vous détendre ?

Je n'ai pas de routine particulière. Je ferai ce que je fais tous les jours, je viendrai demain, je taperai quelques balles, je déjeunerai, je rentrerai dans ma chambre, je regarderai la télé, je dînerai, je dormirai. Rien de très excitant.

 

L'année dernière, vous étiez loin du circuit quand a eu lieu Roland-Garros. Vous souvenez-vous où vous étiez au moment de la finale de l'année dernière ?

Je ne m’en souviens plus très bien. Je crois que j'étais à un mariage en Irlande, en tout cas pendant le tournoi, mais pas pendant la finale.

 

Vous êtes-vous déjà sentie bien ici, à Roland-Garros ?

Oui, j'ai déjà été au quatrième tour pendant 4 ans. J'aime bien jouer ici. Le fait d'être en quarts de finale était fantastique pour moi. Maintenant, j'ai gagné en demi-finale. Je crois qu'une joueuse ne peut pas demander grand-chose d'autre. J'ai eu de bons résultats, j'aimerais continuer.

 

Si vous gagnez, comptez-vous utiliser une partie de votre gain pour ouvrir une boutique de glaces sur les Champs-Elysées ?

Je ne pense pas que le loyer des boutiques là-bas soit dans mes prix. Mais vous savez, le problème, c'est que Häagen-Dazs ne fait le parfum Macadamia Nut Brittle qu'en Europe. Ce serait bien qu’ils le fassent aux Etats-Unis. Si quelqu'un ici pouvait leur demander pourquoi, ce serait bien.

 

Etant donné votre record de victoires dans vos six dernières finales, pensez-vous qu'il y ait un fil rouge dans votre attitude ?

Non. J'ai eu de bonnes occasions dans les finales, je les ai saisies. J'ai bien joué, j'ai été solide. Je ne pense pas qu'il y ait de formule. Je n'ai pas essayé de battre des records. Je crois qu'une fois que je suis lancée dans un tournoi, je suis assez constante, ce qui est une bonne chose. Je vais essayer d'aller jusqu'à la finale, et je continuerai à me battre jusqu'au dernier match.

 

Une des photos les plus marquantes de l'année dernière a été votre merveilleuse expression lorsque vous avez reçu le chèque après avoir gagné l'US Open. Peut-être l'avez-vous affichée quelque part ? Et savez-vous combien vous pourriez remporter en finale samedi ?

Je crois que c'est moins que l'US Open, donc ce ne sera pas aussi excitant. Mais de toute évidence, quand on gagne au Grand Chelem, c'est beaucoup d'argent. Combien est-ce ?

 

Je le sais, mais je ne vais pas vous le dire, parce que je veux vraiment voir cette merveilleuse réaction de surprise sur votre visage.

Je ne sais pas si on vous le dit sur le court. Vous savez, les Américains sont : « Wawhou, 3,7 millions, c'est génial ! ». Les Européens sont beaucoup plus discrets sur l'argent.

 

En finale, avec la pression, certains s'enferment sur eux-mêmes ou se bloquent. Vous, on a l'impression que quand vous allez en finale, vous jouez assez librement, et avec confiance. Avez-vous l’impression que ce soit vrai ? Est-ce votre psychique au moment de l’étape finale ?

Je pense que lorsque vous allez en finale, vous jouez bien. Mais la personne contre laquelle vous jouez a, elle aussi, bien joué pour en arriver là. Je sais que ce sera une bataille, quelle que soit l'adversaire. Tout peut arriver. Vous pouvez jouer contre la numéro 1, vous pouvez être classée numéro 2, classée numéro 90. Ce n'est pas cela qui compte. Ce qui compte, c'est d'y aller et de savoir que la personne contre laquelle vous jouez au eu le même parcours que vous pour en arriver là.

 

Pour en revenir à Simona, comment vos jeux se comparent-ils ? Et qu'attendez-vous pour la finale ?

Je m'attends à ce qu'elle soit très compétitive. Il y a une raison pour laquelle elle est numéro 1 mondiale. Je ne peux pas vous dire comment je vais jouer. Si vous demandiez à mon coach, il le sait probablement. Moi, je vais me faire un plan de jeu, et essayer de l'exécuter du mieux possible. Quand j’arriverai sur le court, l'idée sera de me lancer dans la compétition. C'est une finale de Grand Chelem. Il faut y aller. L'idée, c'est de jouer sur chaque point, et d'appliquer son plan.

 

Je sais que l’on vous a déjà posé cette question plusieurs fois l'an dernier, à l'US Open. Mais 11 ou 12 mois après votre retour sur le circuit, êtes-vous parfois obligée de vous pincer face à ces résultats fantastiques que vous avez obtenus, ou est-ce que vous vous dites : « Je savais que j'étais capable de le faire, mais peut-être que le timing était inattendu » ?

Je pense effectivement que le timing était inattendu. Jouer 4 tournois et gagner à l'US Open, c'était assez inattendu. Je ne crois pas que qui que ce soit d’autre l’avait fait avant. Maintenant, quand je pense au résultat, je ne dirai pas que je suis choquée. Je dirai que je suis très heureuse. J'ai travaillé dur pour revenir, j'ai fait de la gymnastique, quand j'étais trop grosse, pour essayer de maigrir, quand je n'étais pas en forme, pour me remettre en forme, pour essayer de comprendre ce qu'il fallait que je fasse. Une fois que j'étais en forme et que j'ai fait tout ce que m'a demandé mon coach, je m'attendais, non pas à ce que tout se passe bien, mais c’était comme crier dans l’univers : « Mon Dieu, regardez ce que j'ai fait, aidez-moi ! »

 

Après les résultats de l'US Open, avez-vous commencé cette saison avec ce genre d'attentes ? Est-ce que les choses correspondent à ce que vous vouliez accomplir ?

Au début de l'année, j'étais blessée. Je n'ai pas eu de bons résultats en Australie. Je savais qu'il fallait que je change certaines choses. C'est ce que j'ai fait, et j’ai eu de bons résultats à Miami. J'ai bien joué à la Fed Cup, et j’étais très contente. J’ai eu des résultats satisfaisants sur terre battue cette saison. J’ai aussi perdu face à de grandes joueuses, Pliskova et Garcia. Mais il n’y a pas de quoi avoir honte. Il suffit de reconnaître que j'ai eu de grandes opportunités, et pas trop de creux. L'idée est de rester constante en niveau, et je crois que c'est ce qui a fonctionné pour moi.

 

Vous allez être au prochain classement de la WTA. C'est vous qui serez en tête des joueuses américaines, pour la première fois. Qu'en pensez-vous ?

C'est cool. D’habitude, ce sont Venus et Serena. Soyons réalistes, si elles étaient devant moi, ce ne serait pas très grave.

 

Vous avez plaisanté cette année pour dire combien il était difficile d’arriver dans le Top 10. Vous allez maintenant être dans le Top 5. Cela signifie-t-il quelque chose pour vous ?

Je m'étais fixée l'idée d'être dans le Top 10, j'étais 11^ème. Et puis à chaque conférence de presse, vous me rappeliez que j'étais 11^ème, proche d'être 10^ème, mais pas 10^ème. En fait, je ne crois pas que ce soit important. Mais c'est amusant.