Tennis. Wimbledon - Sharapova, une tigresse aux dents aiguisées

"Dans le jardin de Wimbledon, une étrange ardeur semble régner . L'on voit entrer la Lionne, très britannique, la mine altière... Vêtue de soieries aux tons chatoyants, soieries de Lyon évidemment", pourrait-on dire pour parodier Francis Blanche et ses paroles pour le Carnaval des animaux. Mais qui entre ainsi sur le gazon anglais (non, non, n'insistez pas, nous n'emploierons pas le mot "zoo", ce serait malséant de traiter ainsi ce vénérable tournoi, créé en 1877 ouvert aux dames depuis 1884)? Un lion, vraiment? Plutôt une tigresse, d'une espèce rare, une tigresse de Sibérie.

Un appétit dévorant

Maria Sharapova, c'est un appétit dévorant, une super-prédatrice de la WTA, elle se nourrit de grosses proies: 5 titres du grand Chelem, elle les a d'ailleurs tous gagnés, une médaille olympique, 35 titres et 23 finales sur le circuit féminin, et tout cela malgré des blessures répétées à l'épaule. La Tsarine a été numéro 1 mondiale à seulement 18 ans, en 2005. 

Mais son milieu naturel ne s'arrête pas aux bâches des plus grands courts. Maria Sharapova, c'est aussi 35,071,334 de gains pendant sa carrière et la sportive la mieux payée du monde selon le magazine Forbes avec 29,7 millions de dollars, juste devant sa rivale, Serena Williams. En 2013: L'Equipe sport et style évoquait dans un portrait ses contrats avec Porsche, Tag Heuer et autres. Elle est aussi la patronne  de Sugarpova, une marque de bonbons et d'accessoires, dont elle fait la promotion à chaque tournoi. Son succès réside également dans sa silhouette féline, qui fait d'elle la sportive préférée de nombreuses marques de vêtements et l'équivalent d'une "cover-girl".   

Jean Paul Gaultier et moi...🇫🇷 pic.twitter.com/UbfFgRRzcQ

— Maria Sharapova (@MariaSharapova) 28 Mai 2015

Et le tennis dans tout ça? comment voit-elle Wimbledon, ce tournoi qu'elle a gagné à la surprise de tous en 2004 face à Serena Williams?

 Dès sa sortie, malade et sous les sifflets lors des Huitièmes de finale ce Roland-Garros 2015, face à Lucie Safarova, celle qui est aujourd'hui no 4 mondiale confiait : "Je pense que ça va être un tournoi superbe. C'est vraiment bien d'avoir un peu de temps en plus pour me préparer. " Appétit dévorant, disions-nous, et tempérament de guerrière: à peine à terre, cet animal cherche à se relever. "Ever Tried. Ever tried. Ever failed. No matter. Try Again. Fail again. Fail better" disait Samuel Beckett, repris par un autre de ces animaux tennistiques bien connus.

Le travail et la santé

Tennisworld Italia relate ses propos, tenus le jour même, donc, de la défaite de Maria Sharapova à Paris: 

"En tant qu'athlète, je veux toujours faire en sorte d'être à mon meilleur niveau,(...) . Sur terre, cette année, j'ai réussi à être au top de ma forme au tournoi de Rome. Ces deux dernières semaines, cela a été difficile de maintenir ce même niveau de jeu, mais c'est comme ça.  Comme ça, je peux retourner à l'entraînement et travailler sur les bases."

Early morning on this beautiful center court. #Rome ☀️🌞🌝🌜 pic.twitter.com/YFNoBblvyv

— Maria Sharapova (@MariaSharapova) 11 Mai 2015

Les bases, c'est le travail, encore et toujours, et, celle qui a connu tant de blessures à l'épaule droite en 2007, 2008 et 2013 le sait, c'est aussi une santé de fer.

'"Je sais ce que je peux faire si je travaille dur, et comment je me sentirai."

"Ce qui est le plus important, c'est d'être en bonne santé c'est ça qui va me donner la possibilité de  bien me préparer. Arriver prête ça signifie aussi disputer un tournoi de préparation, ou simplement de disposer de jours supplémentaires pour jouer sur l'herbe, ou faire de la préparation physique."

"Je ferai ce qu'il faudra et, lorsque le tournoi de Wimbledon se présentera, je serai prête."

Wimbledon: le passé, mais surtout l'avenir

Cela fait 11 ans que Maria Sharapova n'a pas soulevé le trophée à Wimbledon, mais elle ne serait pas la seule à avoir espacé ses titres. Martina Navratilova avait aussi remporté les siens sur plusieurs années.

Le tournoi britannique est d'ailleurs son premier tournoi du Grand Ghelem. Elle l'avait gagné en 2004, après avoir aussi remporté celui de Birmingham face à la Française Tatiana Golovin. Quels souvenirs en a-t-elle?

"Si je me retourne vers cette victoire, ce qui me vient à l'esprit c'est d'abord tout un tas de supers résutats, j'avais vraiment eu une bonne rasade de succès. Bien sûr, celui de Londres n'est pas le moindre. A partir de ce moment, ma carrière a fait un bond en avant alors que j'étais vraiment très jeune. Je ne garde pas un souvenir spécifique de tel ou tel tournois, parce que je considère chaque tournoi et chaque saison comme un nouveau début. 

"Je veux effectuer un nouveau début à Wimbledon, plutôt que scruter dans le rétroviseur ce que j'ai fait il y a des années de ça."

Maria Sharapova n'avance ni masquée, ni à pas de loup: ce n'est pas seulement dans son passé qu'elle veut voir Wimbledon figurer, mais bien dans son avenir.