Tennis. WTA - Loïs Boisson a les mêmes ambitions : "Je veux gagner un Grand Chelem"
À 22 ans, Loïs Boisson s'est imposée comme la nouvelle figure de proue du tennis féminin français après sa remarquable demi-finale à Roland-Garros 2025. Invitée du Studio des légendes sur Europe 1, la Dijonnaise, bien que son statut ait considérablement changé en l'espace de quelques mois, a insisté sur le fait que sa vie quotidienne reste plus ou moins la même. Et si elle ne ressent pas spécialement la pression, elle garde néanmoins un objectif clair : remporter un Grand Chelem.
Vidéo - Loïs Boisson au micro de Tennis Actu
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"Je n’ai pas de pression particulière"
"Sur le court, la vie, c’est la même... La vie en elle-même n’a pas changé. Je pense qu’il y a aussi beaucoup d’autres très bons joueurs qui sont là. Moi, je n’ai pas de pression particulière. Je vis juste le truc à ma manière. Honnêtement, c’est le challenge de ce sport. On est seul sur le terrain, il faut trouver les solutions. Et puis j’aime vraiment le jeu. Mon objectif, c’est toujours de gagner un Grand Chelem. Quand j’en aurai gagné un, d’en gagner plusieurs."
?️@JacquesVendroux : "Comment avez-vous commencé le tennis ?"
— Europe 1 Sport (@Europe1Sport1) December 5, 2025
La réponse de Loïs Boisson dans le Studio des Légendes sur @Europe1 de 21h à 22h ! pic.twitter.com/BoxJRJUXgf
Qui connaît mieux Loïs Boisson que Jonathan Dasnières de Veigy, son agent depuis 2021 ?
La 36e mondiale avait mis fin à sa saison le 29 septembre dernier sur un abandon à Pékin et une déchirure du quadriceps gauche. La meilleure Française a pris le temps de se soigner, récupérer, et tranquillement se tourner vers 2026. De passage au TCBB mercredi, Boisson, qui n'a pas pu jouer encore pour son nouveau club en championnat de France par équipes, a pu donner de ses nouvelles à Tennis Actu et évoquer 2026. Jonathan Dasnières de Veigy, ancien 146e joueur mondial et agent de Loïs Boisson, était donc également présent. L'occasion d'évoquer pour Tennis Actu la relation avec sa joueuse, leur rencontre, leur fonctionnement et les particularités du métier d'agent. INTERVIEW.
"Loïs a un niveau d’exigence et une ambition très élevés. On est vraiment au début du chemin et du parcours"
Comment ça va ? Parce que la dernière fois qu’on s’était croisés, c’était à Roland-Garros 2025.
Ça va bien, super, tout va bien. Là, c’est la période forte, la période d’entraînement, la période des interclubs. Malheureusement, Loïs ne peut pas participer à ce match-là aujourd’hui (mercredi 26 novembre), mais elle est venue encourager les copines et soutenir son nouveau club, le TCBB, depuis cette année. Donc tout va bien, tout se passe bien.
On s’est connus, je ne sais pas si vous vous rappelez, vous étiez joueur. On va parler de votre rôle d’agent de Loïs : quels changements, comment vous décririez cette année 2025 qui se termine ?
Bien, une année très chargée, mais hyper positive. La saison a été très chargée, beaucoup de sollicitations, vous vous en doutez, surtout à partir du mois de mai. Mais c’est super, franchement : on fait ce métier pour ce genre de choses, pour ce genre de sollicitations, ce genre de carrière. Nous, on est là pour l’aider et l’accompagner du mieux possible. On est vraiment au tout début de quelque chose, au tout début de sa carrière. Elle n’a que 22 ans, Loïs, donc elle est vraiment au début. Elle n’a pas encore fait une saison pleine : il y a plein de tournois qu’elle n’a pas encore joués, l’Australie qu’elle n’a jamais jouée, et même d’autres Grands Chelems, plein de tournois WTA 1000 qu’elle n’a jamais joués. Elle n’a même pas encore fait une saison complète sur le circuit WTA. Donc voilà, on va essayer de l’accompagner du mieux possible pendant de nombreuses années. Loïs a un niveau d’exigence et une ambition très élevés. On est vraiment au début du chemin et du parcours.
"C'est une joueuse très mature, très exigeante avec elle-même avec aussi un petit sens de l’humour"
Je sais que vous êtes très discret sur vous-même. Depuis ce qu’on a vécu à Roland-Garros 2025, votre vie a totalement changé.
La mienne, pas tant que ça. Le téléphone, peut-être, ma boîte mail aussi, mais ma vie à moi est toujours pareille avec ma femme et mes enfants, ma vie de famille. Effectivement, il y a plus de voyages et plus de temps passé avec Loïs, et c’est super, c’est vraiment pour ça qu’on fait ce métier. La vie de Loïs, elle, a un petit peu changé aussi, forcément. Elle a les pieds vraiment sur terre, et elle a beaucoup de recul. Donc on essaie de la protéger et de filtrer pas mal de choses. Elle est toujours dans sa bulle, dans son projet, déjà vraiment focalisée sur la saison 2026. Tout le monde fait le job, tout le monde est là autour d’elle pour faire sa part du boulot.
Vous le savez, à TennisActu, on suit Loïs depuis longtemps, puisque la première interview date de 2021, à l’Open du Havre. Comment vous, vous la décririez, Loïs ?
C’est une joueuse, je le dis souvent, de 22 ans qui fait plus que son âge, très mature, très exigeante avec elle-même, avec un degré d’exigence très professionnel. Moi, je pense que c’est une des joueuses les plus professionnelles avec lesquelles j’ai travaillé. C’est une fille très humble, très travailleuse, très bosseuse. Et pour les gens qui ne la connaissent pas, elle a aussi un petit sens de l’humour, un humour très sympa au quotidien, quand on la fréquente tous les jours.
"Je crois que j’ai très vite beaucoup cru en elle"
Racontez-nous votre rencontre, tout s’est construit sur l’humain, tous les deux.
Oui, il y a plus de quatre ans, je crois. Je l’ai vue jouer pour la première fois sur un tournoi (Roland-Garros Juniors 2021), et tout de suite, tennistiquement, ce qu’elle faisait sur le court, ce qu’elle produisait sur le court, m’a marqué. C’est vraiment ce qui m’a attiré tout de suite. Je trouvais qu’il y avait quelque chose de différent par rapport à beaucoup de joueuses que je regardais au quotidien. À l’époque, je faisais beaucoup de recrutement sur des jeunes filles entre 14 et 18 ans, et tout de suite, sa manière de jouer m’a interpellé. Évidemment, c’était sur terre battue, parce que c’était à Roland-Garros, donc pour moi c’était une évidence.
Ensuite, on s’est rencontrés, je crois, à Lyon quelques mois plus tard. Et je pense qu’effectivement, c’est plus sur la relation humaine qu’on a construit les débuts, la confiance s’est mise en place. C’est la confiance qu’elle m’a accordée. Je crois que j’ai très vite beaucoup cru en elle. J’étais vraiment là pour m’inscrire sur du long terme. Elle n’était pas vraiment connue à l’époque, mais les gens qui connaissaient un peu le tennis savaient à quel point elle pouvait devenir une très bonne joueuse, avec un très grand potentiel.
"Loïs ne se dit pas qu’elle doit absolument confirmer"
Votre rôle, le fait que vous connaissiez le tennis par cœur, maintenant que vous êtes son agent, est primordial, parce que désormais elle est attendue partout, les médias sont partout. En 2026, le plus dur, ce sera de confirmer. Comment vous voyez ça ?
J’espère, oui, que le fait d’avoir joué un petit peu – toutes proportions gardées, à mon niveau – aide à faire certains choix, à prendre des décisions, à connaître beaucoup de gens dans ce milieu-là. Avoir été joueur, avoir fait ce chemin-là, ça permet d’anticiper et d’aider les filles dont je m’occupe à ne pas tomber dans les pièges un peu faciles du circuit, du monde du tennis. Et puis concernant la “confirmation”, elle n’a pas plus de pression que ça. Pour elle, c’est vraiment le début d’une carrière, le début d’une histoire, une première saison dans sa globalité en 2026. Elle ne se dit pas qu’elle doit absolument “confirmer”. Elle veut surtout atteindre ses objectifs. Elle va découvrir l’Australie, par exemple, pour la première fois ; elle se fait une joie de jouer l’Open d’Australie pour la première fois. Elle est vraiment dans cette phase de découverte du circuit, de faire ce qu’elle aime – parce qu’elle adore ça – et tous les jours, elle y va à 100 %, pour faire du mieux possible à chaque fois.
"C’est vraiment un plaisir, c’est une joie de l’accompagner, je ne peux pas rêver mieux"
Si on peut résumer votre binôme ?
Moi je dirais que c’est une relation de confiance qui est extrêmement professionnelle et à la fois, je pense qu’il y a une alchimie personnelle qui facilite les choses, c’est toujours mieux. Ça pourrait être soit l’un, soit l’autre, mais quand il y a les deux, c’est encore mieux. Je pense que c’est d’abord surtout une relation de confiance entre nous. On espère que le chemin ira très, très loin.
C’est facile le métier d’agent ? On dit souvent que c’est compliqué, lourd psychologiquement, avec un quotidien très rapide…
Chacun fait à sa manière, je pense. Moi, je le fais avec mes valeurs, avec qui je suis, avec mon passé de joueur de tennis. On a tous des profils et des parcours différents, on a tous fait des choses par le passé. Je fais un peu à ma manière, avec tout ce que j’emmène de ma carrière de joueur d’abord, et puis de mes dix ans maintenant d’expérience comme agent. J’ai eu la chance d’avoir connu d’autres parcours, avec des joueuses qui ont fait de grandes choses en Grand Chelem (Bianca Andreescu). Je pense que ce n’est pas le nombre de victoires qui compte, mais le fait d’être passé par ce genre de situations-là : ça aide forcément aujourd’hui avec Loïs. Et puis, se retrouver sur les tournois avec elle, c’est vraiment un plaisir, c’est une joie de l’accompagner, je ne peux pas rêver mieux. Ça n’a jamais été pesant, je me considère vraiment comme un privilégié, comme quelqu’un à qui on a offert une deuxième chance avec ce métier-là : rester dans le monde du tennis, ce sport que j’aime. On a toute la tournée australienne qui arrive, puis l’Open d’Australie ensuite. Ça va venir très vite et on est hyper excités, impatients de commencer cette nouvelle saison.

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