Tennis. ATP - Daniil Medvedev: "Mes parents voulaient que je naisse en France"
Par Alexandre HERCHEUX le 09/11/2020 à 12:19
Ce dimanche, Daniil Medvedev s'est offert son tout premier Rolex Paris Masters. Il a ainsi remporté son 3e Masters 1000, le premier dans la capitale, une ville qui ne lui avait jamais réussi tennistiquement. Le Russe a réalisé un grand match pour renverser Alexander Zverev, 5-7, 6-4, 6-1 et devenir le nouveau roi de Bercy. Celui qui sera 4e mondial lundi, passant devant Roger Federer, finit la saison en boulet de canon et arrivera donc en grande forme au Masters de Londres dans une semaine.
Vidéo - Daniil Medvedev, vainqueur du Rolex Paris Masters 2020
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"Je ne voulais vraiment être que Russe !"
Ce titre a une saveur particulière pour Daniil Medvedev. Très attaché à la France, le Russe a même failli être Français. Ses parents souhaitaient qu'il naisse en France pour avoir les deux nationalités mais finalement, Daniil est né un mois plus tôt en Russie. Dommage pour l'équipe de France de Coupe Davis. "C'est vraiment vrai, je pense, mais je suis né un mois avant. Je ne voulais vraiment être que Russe ! Je le confirme en étant plus âgé. Quand tu es joueur national, tu commences à bien jouer au tennis, tu as toujours des possibilités de peut-être d’aller jouer pour la France. Beaucoup de Russes jouent pour le Kazakhstan parce qu’il y a des meilleurs financements pour la carrière. C'est compréhensible. Je voulais vraiment jouer pour la Russie. Je suis Russe. L'histoire est vraie. C’était la décision de mes parents. Ce n'était pas la mienne, je n'étais pas encore né ! Finalement, ce n'est pas le cas. Je n'ai pas de regret là-dessus, je peux vous confirmer ça", a-t-il affirmé.
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The moment @DaniilMedwed defeated Alexander Zverev for the 2020 #RolexParisMasters title. pic.twitter.com/jCaJX2Mm8L
"Gagner, ici, à Bercy, en France, c'est vraiment beau"
Toutefois, le Russe n'a pas caché ses sentiments pour la France, ce qui donne forcément un goût particulier à sa victoire. "Je pense que je suis peut-être l’un des plus Français de tous les étrangers qui sont dans le Top 100. Il n'y en a pas beaucoup qui parlent français aussi bien que moi. Même si je ne suis pas timide là, je pense que je dis la vérité. Avant, en France, je n'ai pas réussi à trouver mon meilleur niveau. Je pense que cela n’a aucun lien de jouer en France. Au départ, Roland-Garros, c'est en terre battue, donc pas facile pour moi de jouer en cinq sets. Il y a longtemps, je m'entraînais en France, j'ai habité en France quelques années, j'ai habité à Monaco qui est proche de la France. Gagner, ici, à Bercy, en France, c'est vraiment beau", a-t-il expliqué après son beau titre.
Great 🎱
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🇦🇺 Sydney 2018
🇺�' Winston-Salem 2018
🇯🇵 Tokyo 2018
🇧🇬 Sofia 2019
🇺�' Cincinnati 2019
🇷🇺 St Petersburg 2019
🇨🇳 Shanghai 2019
🇫🇷 Paris 2020
Eight ATP titles and counting for @DaniilMedwed 👠pic.twitter.com/SZp3p5bO0f
Félicitations. Ces dernières semaines n'ont pas été à la mesure de ce que tu souhaitais. Quel bilan tires-tu de cela ? Est-ce que tu as appris de tes leçons de l'année dernière ?
Je suis ravi de cette victoire et surtout mon niveau de jeu était vraiment au top cette semaine. Ce n'est pas facile de jouer contre moi quand je suis dans cette forme. C'était un match serré. Après le premier set, je ne savais plus quoi faire car je n'avais aucune balle de break. Je ne me sentais pas bien à la relance avec son service puissance. J'étais un peu fatigué après. J'avais donc le sentiment que le match pouvait me glisser des mains. J'ai tenu le coup. J'ai eu cinq balles de break au deuxième set. J'ai exercé de la pression sur lui constamment et petit à petit, j'ai changé de braqué. Et j'ai réussi à le breaker ce qui était une bonne chose pour moi. Bien sûr, cela me rappelle les finales précédentes où j'ai joué contre lui. Et je suis ravi cette fois-ci de l'avoir remporté.
Je voudrais parler de ta condition physique. Comment te sens-tu après un tel match ? Quelles sont tes pensées ?
Pendant le match, on pense à la tactique et à l'emporter. Une fois que le match est fini, on ne contrôle plus rien. Si on arrive par contre à contrôler son état physique, on est encore meilleur. Parce que parfois, on arrive sur le court, on ne se sent pas si bien, on manque quelques coups. Là, pendant le troisième set, quand j'ai servi ces trois balles de match, quand c'était 5-0 sur mon service, on monte au filet, il faut faire des échanges. Parfois, on est proche de manquer une balle et il faut pourtant convertir ces balles pour en faire des points gagnants. Et pour cela il faut être vraiment un joueur de très haute qualité pour remporter des matches. C'est ce qui fait la différence.
Tu es l'un des joueurs les plus intellectuels du circuit professionnel ; est-ce que tu lis beaucoup ? Pushkin Dostoyevsky et Tolstoy ?
Oui, je ne lis pas tant que ça. Je lisais plus quand j'étais jeune. J'aime lire. J'ai le temps de lire si je prends le temps de le faire, mais je fais d'autres choses pour me détendre. On s'entraîne tous les jours. Parfois, j'essaie de m'évader. Quand je rentre à la maison, j'essaie de faire d'autres choses que de lire pour me détendre. J'ai étudié dans de bonnes écoles. J'ai fait de la physique, des mathématiques à l'une des meilleures écoles à Moscou, en Russie. J'ai été une année à une très bonne université russe. J'ai beaucoup appris aussi là. Je parle aussi à beaucoup de gens. Je suis en mesure de bien prendre la parole, parce que j'ai appris. Je ne suis jamais dénué de parole, les mots ne me manquent jamais, parce que j'ai eu de bons professeurs. On essaie notamment toujours de bien parler avec son professeur pour avoir de bonnes notes, c'est ce que je faisais avant et ça m'a servi pour le court, pour le tennis parce que j'arrive à rendre.
Tu as eu des frustrations pour cette saison. Quelle est la différence entre cette semaine et d'autres moments de cette semaine? Comment as-tu pu obtenir cette énergie supplémentaire pour l'emporter aujourd'hui ?
C'est surtout une question de niveau de tennis. Il n'y a pas eu tant de tournois cette année. Le début de l'année n'était pas si facile. Londres, c'était ma première fois l'année dernière. D'habitude, on a huit semaines de pré-saison. On peut être fatigué à cause du tennis. Parfois, on se sent comme un monstre physique. Là, on a eu trois semaines. Je suis allé en Arabie saoudite pendant une semaine. Il y a une pré-saison pas très longue. Il y a eu l'ATP Cup qui a eu lieu. Tout ça importe. Après le coronavirus, j'ai eu trois tournois dont deux sur terre battue, qui ne sont pas ma surface de prédilection. Si on prend match après match. On peut se dire : "Ok, voilà ce qui s'est passé ici et là". Après, ce qui ressort, c'est votre niveau de jeu. Il y a eu des points où Sacha aurait pu me mettre en difficulté, je ne savais pas quoi faire, je me suis dit : "il ne faut pas que je perde". Je n'ai pas perdu. Il y a des matches où on ne peut pas perdre ces points et, à ce moment, on perd le match et le point et on perd le match au final !
Bientôt le tournoi de Londres. Qu'est-ce que vous allez faire différemment cette année et quelles sont vos attentes ?
Je serai en meilleure condition physique que l'année dernière. L'année dernière, j'étais crevé, j'avais perdu au premier tour à Paris. Donc j'avais perdu confiance en moi. Là, j'aurai quelques jours de repos. Je vais m'entraîner. J'espère pouvoir gagner un peu. Je vais juste essayer d'engranger quelques victoires, parce qu'on joue contre les Top 10. L'année dernière, Rafa n’a pas toujours bien réussi. Le but n'est pas forcément de gagner le tournoi, simplement d'engranger quelques victoires à son actif.
Je ne voudrais pas être indiscret, mais qu'avez-vous dit à votre coach après le match ? La télé vous a filmés à ce moment.
Je ne me rappelle pas vraiment. On a un petit peu parlé du match. Comme je l'ai dit, après le premier set, j'avais le sentiment que je ne l'emporterais pas parce qu'il jouait très bien. Il fallait que je reste concentré sur le match. Après, il y a eu des changements. Je ne me rappelle pas exactement précisément de ce qu'on a pu échanger.
Félicitations pour cette victoire. Aux deuxième et troisième sets, au deuxième service, comment as-tu pu t'adapter ? Pourrais-tu indiquer quel a été le tournant du match selon toi ?
Je pense que c'était quand j'avais ce jeu à quatre balles de break, je n'y suis pas parvenu. Il a fait des volées fantastiques. Il a fallu que j'exerce beaucoup de pression en retour contre lui. Et c'était vraiment bien ! Pour le deuxième service, eh bien, quand vous vous sentez en très bonne condition physique, vous pouvez avoir un grand deuxième service. Je l'ai vu notamment pendant le match. J'essayais de suivre le mouv, et à la fin du deuxième et au début du troisième set, je n'arrivais plus à trouver mon premier service. J'étais très friable. Le deuxième service m'a beaucoup aidé, je n'ai fait qu'une double faute. Ça m'a beaucoup aidé. La première frappe, après le deuxième service, ça a été aussi très important.
C'était toute une question de décrocher, dénicher ces balles de break ?
Le tennis, c'est ça, en fait. Est-ce que vous avez eu cette balle de match à ce jeu et pas à un autre ; parfois, on peut en avoir 10 pendant le match mais si c’est dans un seul jeu et surtout si vous l'avez emporté, à ce moment-là, il ne faudrait pas la compter du tennis mais comme une seule balle de break. Au premier, je n'en ai pas eu. Pendant le deuxième, j'ai commencé à mettre plus de pression sur lui. Sur mon service, je n'ai pas eu de balle de match, je pense, pendant le deuxième set. Pendant le troisième, il y a eu un moment crucial, à 5-0, il y a une balle de match ; vous savez que vous devez l'emporter il y avait 8 balles, il y avait un jeu à service et ensuite il y avait de nouvelles balles. Donc j'essayais de me débattre comme un forcené pour essayer de prendre l'ascendant et d'avoir 3-0 avec un double break. Et ça, c'était, je pense, le moment clé qui a fait le tournant du match.
Vous dites que vous aimez malmener votre adversaire. Est-ce que vous avez travaillé vous-même sur votre mental ? Parce que je me rappelle contre Nadal, c'était très important, notamment aux balles de break. Est-ce que vous avez tiré des leçons importantes de ce match-là ? Est-ce que ça a joué beaucoup sur votre état d'esprit votre mental ?
C'était un match terrible. C'était un match super jusqu'à 5-1, mais quand on perd un match comme ça, on se dit que c'est un match horrible, pas seulement mentalement, mais aussi au niveau du niveau de jeu tennistique, on ne peut pas perdre un jeu quand on est à 5-1, franchement, si vous voulez être un joueur au top, non c'est inexcusable.
Dans la vie après, on ne va pas pleurer éternellement dessus. C'était pratiquement un des derniers matches de la saison. Il fallait que je tourne la page, que j’apprenne de ces leçons. Ok, quand on est à 5-1, si vous perdez, même quand vous êtes sur votre service, il ne faut pas perdre son sang-froid, même si on mène. J'ai beaucoup travaillé sur ma force mentale pendant longtemps. J'ai fait beaucoup de progrès parce que, parfois, ça m'arrive de perdre mon sang-froid, ça n'a rien à voir lorsque j'étais jeune par exemple, et j'ai beaucoup amélioré mon côté imperturbable.
Bravo pour cette belle victoire. On a envie que vous nous racontiez un peu votre émotion, votre satisfaction de gagner ce grand tournoi pour la première fois, de gagner un premier tournoi cette année, à quel point c’était important pour vous de gagner un tournoi cette année, de confirmer un peu ce que vous avez fait l’an dernier.
C’est vraiment une victoire magnifique. Je suis très content de mon niveau de jeu, de mon comportement mental, tout ce que je faisais autour, parce que bien sûr les dernières semaines, ce n'était pas comme je veux. Comme tu es Top 10, tu ne veux que des titres. Il y a pourtant parfois des tournois où il y a 8 ou 9 Top 10. Tout le monde ne peut pas avoir le titre. Je peux dire que je pouvais après Saint-Pétersbourg, Vienne, être un peu défait et, par exemple, me permettre de moins bien m'entraîner, d'être un peu bas mentalement. Mais je savais qu'il fallait continuer à pousser, à un moment, cela allait revenir, ce n'était pas sûr que cela revienne cette année. Peut-être l'année dernière, après la présaison, mais finalement c'est revenu, ici, à Paris, les bonnes sensations de tennis. Je suis content de tout et d'avoir un titre. C'est la cerise sur le gâteau ! C'est très beau.
Qu'est-ce que cela représente de gagner en France ? Vous êtes peut-être le plus Français des Russes.
Je pense que je suis peut-être l’un des plus Français de tous les étrangers qui sont dans le Top 100. Il n'y en a pas beaucoup qui parlent français aussi bien que moi. Même si je ne suis pas timide là, je pense que je dis la vérité. Avant, en France, je n'ai pas réussi à trouver mon meilleur niveau. Je pense que cela n’a aucun lien de jouer en France. Au départ, Roland-Garros, c'est en terre battue, donc pas facile pour moi de jouer en cinq sets. Tous les autres tournois, je n'étais pas bien dans ma tête ou parfois physiquement, ou je ne me suis pas bien entraîné avant. Il y a des raisons logiques pour tout. Je suis content de prouver à moi et à tout le monde que je suis capable de bien jouer partout, en France aussi. Il y a longtemps, je m'entraînais en France, j'ai habité en France quelques années, j'ai habité à Monaco qui est proche de la France. Gagner, ici, à Bercy, en France, c'est vraiment beau.
Bravo. Je voulais vérifier auprès de toi, je ne sais pas si cette story est vraie, mais est-ce que tes parents voulaient que tu naisses en France ? Pourquoi cela aurait été aussi important pour eux que tu es la double nationalité ? Ce n'est pas une légende ?
C'est vraiment vrai, je pense, mais je suis né un mois avant. Je ne voulais vraiment être que Russe ! Je le confirme en étant plus âgé. Quand tu es joueur national, tu commences à bien jouer au tennis, tu as toujours des possibilités de peut-être d’aller jouer pour la France. Beaucoup de Russes jouent pour le Kazakhstan parce qu’il y a des meilleurs financements pour la carrière. C'est compréhensible. Je voulais vraiment jouer pour la Russie. Je suis Russe. L'histoire est vraie. C’était la décision de mes parents. Ce n'était pas la mienne, je n'étais pas encore né ! Finalement, ce n'est pas le cas. Je n'ai pas de regret là-dessus, je peux vous confirmer ça.

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