ATP - La réconciliation avec Nico Mahut, P-H Herbert "fautif"

Après une année 2019 compliquée, ce titre représente énormément pour les deux hommes. Pierre-Hugues Herbert et Nicolas Mahut ont remporté ce dimanche leur septième trophée en Masters 1000 et surtout leur tout premier Rolex Paris Masters en dominant Andrey Rublev et Karen Khachanov, 6-4, 6-1. Titrés en début d'année à Melbourne, les deux compères s'étaient séparés après Monte-Carlo et avaient ensuite traversé une zone de turbulence avant de se retrouver cet été durant la tournée américaine. Ce titre a donc forcément une valeur particulière. 

Vidéo - Nicolas Mahut et Pierre-Hugues Herbert n'ont pas divorcé !

Désireux de se consacrer aux simples, P2H avait mis le double entre parenthèses en avril dernier. Mais, à Wimbledon, l'Alsacien avait décidé de s'engager en double avec le revenant Andy Murray. Un choix que n'avait pas particulièrement apprécié Nicolas Mahut. Depuis, les deux hommes se sont expliqués et Pierre-Hugues Herbert a d'ailleurs fait son mea culpa en conférence de presse ce dimanche. Malgré une période difficile, l'amitié des deux hommes est restée forte et leur a permis de triompher à Bercy. Avec le Masters et la Coupe Davis, les deux potes peuvent encore finir l'année en beauté et faire oublier ces turbulences...

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Bravo déjà. Que représente cette victoire ? On a senti que sur la balle de match Nico, tu étais bien ému.

Nicolas Mahut.- Comme souvent sur les grands titres. Quand on est Français, on rêve avec la Coupe Davis mais on rêve avec Roland-Garros et Bercy. Quand j'étais petit, j'étais venu dans les tribunes, je trouvais que c'était un court fantastique avec une ambiance incroyable et je rêvais, moi aussi, de gagner ce tournoi.

Le simple, je n'étais pas assez fort mais, en double, on a réussi à le faire et après 2 finales, c'était important de pouvoir la gagner parce qu'on ne sait jamais quand on en rejoue une. Le fait de gagner enfin ce tournoi, devant la famille parce que forcément ils se déplacent plus facilement, d'avoir gagné avec Pierre-Hugues après l'année que l'on a eue, c'était fantastique. On a vécu une semaine géniale sur le terrain, en dehors du terrain mais je crois que l'on a répondu de la plus belle des manières aux personnes qui pensaient peut-être que cela allait être compliqué, parce que ça l'a été. En tout cas, on finit le circuit ATP avec une victoire fantastique. Je suis très heureux.

 

Un mot sur ton dos Pierre-Hugues, si c'était une petite alerte ou si tu es un peu inquiet et par rapport à ce que dit Nico, l'année compliquée, qu’est-ce que cela signifie pour toi de gagner ce match ?

Pierre-Hugues Herbert.- J'ai senti un petit truc au dos, je voulais juste me rassurer. J'avais l’impression qu’il faisait plus froid dans la salle que les autres jours et j’avais du mal à chauffer cette partie. J'ai demandé à mettre un peu de crème chauffante, donc rien d'extraordinaire.

Concernant l'année que l'on a vécue avec Nico, je suis grandement fautif dans cette année parce que j'ai voulu mettre l'accent sur le simple, après la victoire en Australie. J'avais mes raisons aussi. Pourquoi ai-je pris cette décision ? Cela n’a pas forcément été facile. S'est rajouté à cela l'histoire de Wimbledon où j'ai eu cette occasion de jouer avec Andy. On ne savait pas trop s'il allait jouer, être bien ou pas du tout mais, finalement, cela ne s'est pas mal goupillé parce que Nicolas a failli gagner le tournoi avec Edouard. Cela a été des moments qui ont été plus négatifs que positifs. Je garderai quand même un bon souvenir de cette année, parce qu'il y a quand même une victoire en Grand Chelem en début d'année et une victoire à Bercy et l'année n'est pas terminée.

Je suis très content de retrouver Nicolas, que l'on ait réussi à se parler, les yeux dans les yeux, de se dire les choses et que l'on ait retrouvé ce qui fait notre force aussi sur le terrain, cette complicité et le fait que l'on soit prêts à tout donner l’un pour l'autre. Je pense que c'est ce qui fait aussi que l'on est différents : un joueur de tennis a tendance par moments à être un peu égoïste, j’ai envie de dire, et j'ai trouvé chez Nico quelqu'un qui partage, qui donne pour son partenaire et c’est forcément quelque chose de très positif.

 

Pierre-Hugues, vu le contexte que tu viens de détailler, de raconter, avez-vous abordé cette finale différemment des autres ?

Pierre-Hugues Herbert.- Non. Je pense qu'on l'a bien abordée. De toute façon, on aborde un peu quand on joue bien et quand on est dans une bonne dynamique, on aborde les matchs avec le même objectif, c'est-à-dire sortir du match et n'avoir rien à regretter, ne pas se lâcher. Faire ce qu'on a à faire chacun de notre côté, se trouver sur le terrain et quand on arrive à faire cela, quoi qu'il arrive, que ce soit une défaite ou une victoire, déjà on est fier et on était déjà contents ; même si cela avait été une défaite en demi-finale à Vienne, on était fiers de nous sur la prestation, l’attitude et tout ce qu’il s’est passé. On a gardé tout cela à tous les matchs, il va falloir que l'on garde cela. L'objectif est d'arriver à garder cela chaque fois que l'on monte sur un terrain. La saison est longue, on a beaucoup de matchs mais c'est l'objectif.

 

Tu dirais que vous avez retrouvé le même niveau que vous aviez avant la petite brouille ou est-ce que c'est tout à fait pareil, tant au niveau du jeu que dans l'entente sur le court ?

Nicolas Mahut.- Non, c'est toujours pareil, quand on ne se voit pas, quand on ne passe pas de temps ensemble c'est plus compliqué. La tournée américaine avait été difficile parce que cela faisait trois mois qu'on s'était pratiquement pas vus, pas entraînés ensemble, un contexte différent aussi parce que pour Pierre-Hugues, c'était difficile en simple. C'était donc un contexte un peu lourd mais on s'est bien parlé après l'US Open mais, malheureusement, il s'est re-blessé, on n'a pas pu aller en Asie mais on devait rejouer ensemble en Asie. Et chaque fois qu'on me posait la question, je n'avais pas de doute quant à la qualité de jeu que l'on pouvait développer, à partir du moment où on était capables d'être ensemble sur le terrain, de se regarder dans les yeux et de pouvoir tout donner l'un pour l'autre, quel que soit le scénario du match. Dès que l'on a repris ensemble à Vienne, c’est ce qu’il s’est passé, cela a tout de suite cliqué. On n’a pas gagné le tournoi mais même en faisant une demie, on a fait trois bons matchs, on est tombés sur une équipe supérieure mais sur tout cela, tout l'à-côté, c'était parfait et je savais qu’en gardant cela, on aurait de bons résultats. C'est fantastique parce que la semaine d'après, on a gagné. A partir du moment où on est comme cela sur le terrain et en dehors, souvent de bons résultats arrivent.

 

Bravo messieurs. Le fait de vous être expliqués cette saison, est-ce que vous diriez que votre duo s'est renforcé, autant sportivement que dans votre relation, et notamment au vu des échéances importantes de 2020 où il y aura les jeux ?

Nicolas Mahut.- C'est comme dans une relation de couple : est-ce qu'avec votre femme c'est facile tous les jours ?

Tiens, vas-y, réponds à cette question. (Rires).

Mais tu discutes et après cela va mieux et après elle t’écoute. Vas-y, raconte-moi ! (Rires).

C'est toujours pareil, les années précédentes on a eu des moments pas faciles à gérer, il y avait eu la finale de Coupe Davis où cela avait été compliqué, où il a fallu repartir. Il y a des moments où cela n'est pas toujours tout rose, mais notre grande force c'est qu'on se dit les choses avec franchise et honnêteté. On est différents, comme il l'a dit, on ne voit donc pas toujours les choses de la même manière ; on a des désaccords mais, au final, on repart ensemble et à partir du moment où on a le plaisir d'être ensemble sur le terrain, là où ce sera compliqué c'est le jour où on n'aura plus envie. Si cela arrive un jour, ce sera plus compliqué. Là, on avait encore envie. On a discuté et cela s’est remis. Aujourd'hui, j'étais très heureux d'être avec lui sur le court. J'espère que l'on aura encore plein, plein de tournois et plein de trophées à célébrer ensemble.

 

Est-ce que vous croyez que c'est un bon indicateur par rapport à votre dynamique, à votre esprit d'équipe pour la Coupe Davis qui arrive ?

Pierre-Hugues Herbert.- C'est toujours forcément positif d'arriver sur une compétition avec de la confiance et des victoires. Après cela ne fait pas tout, il faut rester aux aguets, j'ai envie de dire, il faut rester concentré. Il va falloir réussir à tenir les semaines. On est en fin d’année, il s'est passé beaucoup de choses cette année. Il va falloir physiquement arriver en pleine forme sur les deux compétitions qui arriveront la semaine prochaine et la semaine d'après. On espère que l'on apportera à l'équipe de France un très bon niveau en double, des victoires si possible et un superbe état d'esprit.

 

Tu as aussi beaucoup joué avec Doudou cette saison. Est-ce que tu t'es senti parfois un peu mal à l'aise vis-à-vis de lui qui a joué avec Melzer alors que, toi, tu t'étais engagé à un moment avec Melzer ? La situation était complexe pour lui. Comment tu as pu gérer cela avec lui-même si Edouard n'est pas quelqu'un qui revendique ? J'imagine que tu as discuté de cela aussi avec lui ?

Nicolas Mahut.- Oui. Cela a été une saison compliquée pour tout le monde. Edouard est un joueur fantastique. Quand j'ai eu la possibilité de jouer avec lui quand Pierre-Hugues était absent, c'était incroyable pour moi, car je savais qu'on pouvait tout de suite être compétitifs et gagner de grands tournois. C'est une situation difficile et j'ai l'impression de le mettre dans une situation parfois compliquée, parce qu'on ne savait pas à quel moment on allait reprendre. On devait rejouer en Asie, mais finalement Pierre-Hugues s'est blessé. Je lui ai donc redemandé. Ce n'est pas évident de s'organiser. Je le sais car j’aime bien savoir ce que je vais faire. Quand on me perturbe, c’est compliqué. L'avantage c'est que cela a toujours été très clair sur la situation : quand Pierre-Hugues reviendrait, je jouerai à nouveau plus en double, je rejouerai avec lui. Cela a toujours été très franc mais c'est une situation compliquée pour lui, difficile aussi parce qu'il a des objectifs ; il a les mêmes que les nôtres, à savoir jouer en équipe de France, jouer les Jeux Olympiques, la Coupe Davis et c'est difficile.

Il était important pour moi de reprendre avec Pierre-Hugues quand il allait revenir, c'était ce qui était prévu et j'essaie de rester fidèle à ce que je dis. Ce que je souhaite c'est qu'il fasse une grande année avec Melzer, parce que je pense que cela peut être une super équipe et que c'est un partenaire fantastique. Après, je ne sais pas trop quoi dire.

 

Pour revenir sur la Coupe Davis, Jo-Wilfried nous disait vendredi soir qu'il avait envie de donner une chance à cette nouvelle formule. Dans quel état d'esprit êtes-vous tous les deux avant cette phase finale ?

Nicolas Mahut.- Dans l'état d'esprit de donner le maximum pour l'équipe de France. On ne va pas rouvrir le débat sur ce nouveau format. Vous savez quelle était notre position. J'aurais aimé qu’on change de nom et de trophée. Mais cela reste l'équipe de France et bien sûr que si le public est présent, cela peut être une compétition fantastique à jouer. Ce ne sera pas la Coupe Davis mais cela peut être fantastique. A partir du moment où on a le « France » dans le dos, on a envie de tout donner pour la gagner et vivre des moments incroyables avec nos partenaires, avec le capitaine, avec les supporters et on espère aller le plus loin possible et gagner cette compétition.