Tennis. ATP - Maxime Chazal : "Passer un cap dans la tête"

 

Maxime Chazal (260e) est l'un des Français les plus performants cette année sur le circuit secondaire. Fort de 5 titres en Futures, le Tricolore de 22 ans, qui s'est incliné ce mercredi au second tour du challenger de Sibiu en Roumanie, veut maintenant trouver sa place à l'étage supérieur pour continuer sa progression. Également champion de France des deuxièmes séries début septembre, il s'est confié à TennisActu sur sa situation actuelle et ses ambitions pour la suite.

 

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Maxime, vous avez remporté tous vos matchs (Ndlr : 61, pour 22 défaites à ce jour) sur terre battue cette saison. C’est un choix personnel de vous focaliser sur cette surface ?

La terre battue est la surface où je me sens le mieux. C’était plutôt accentuer les tournois sur cette surface. C’est vrai qu’au début de l'année j’ai essayé de faire des tournois sur dur mais en janvier les épreuves ne sont pas très loin et ce sont plutôt des gros tournois. Je suis tombé sur des adversaires qui jouaient vraiment bien et j’ai eu un peu mal. C’est vrai que de toute façon on s’était dit avec mon entraîneur que j’allais vraiment me concentrer sur la terre battue. Je m’étais entrainé cet hiver de façon à être le plus compétitif possible sur ocre.

 

Cela peut donc évoluer pour l’année prochaine ?

Oui après tout va dépendre de mon classement, qui va déterminer quels tournois je vais jouer. On fera le bilan en fin d’année avec mes coaches. On va essayer de refaire un planning. Forcément cela sera différent de cette année. Je ne peux pas encore m’avancer mais j’espère que cela va changer.

 

Votre prochain grand objectif est, on suppose, les qualifications de l’Open d’Australie…

Oui bien sûr. J’ai cet objectif dans un coin de la tête. J’essaye de ne pas trop y penser aussi pour continuer à jouer mon jeu et ne pas être trop tendu quand j’arrive sur les tournois. J’essaye de me concentrer jusqu’à fin octobre pour jouer le mieux possible et me focaliser sur mon jeu pour que cela me permette d’aller faire cette belle expérience en Australie.

 

"Les Futures ne sont pas encore derrière moi"

 

Vous avez remporté 5 Futures cette année. Estimez-vous avoir fait le tour de cette catégorie de tournois ?

Je ne pense pas avoir tout vu ni tout vécu. Après l’année prochaine je vais aller plus sur les Challengers pour progresser au classement. Cela va surtout être l’occasion de mixer et de faire plutôt des 15000 $ et des 15000 $ + H que des 10000 $ en Futures. Je ne vais pas non plus sur chaque Future en faisant vainqueur ou finaliste. Je dois encore me jauger. Les Futures ne sont pas encore derrière moi. Le but est de jouer les plus gros tournois. Je ne pense pas encore avoir franchi le cap pour faire que des Challengers.

 

Vous avez battu Stéphane Robert et Germain Gigounon la semaine dernière au challenger de Kenitra (Maroc). Ce sont des victoires qui comptent ?

Je ne connais pas bien Stéphane Robert. J’ai entendu à la télévision qu’il avait encore bien joué cette année à Roland-Garros donc forcément je me suis dit que ce n’était pas un tirage facile mais après je me suis dit qu’en Challenger, il y aurait toujours ce genre de matchs à jouer. Il faut que j’arrive sur le terrain avec l’envie de gagner comme sur les Futures et me dire que je suis à ma place. Cela a bien fonctionné la semaine dernière. J’ai notamment battu mon premier top 200 (Germain Gigounon). Même si je suis un peu déçu de mon quart de finale, cela a été une bonne semaine pour moi à Kenitra.

 

Comment cela marche au niveau de votre organisation financière ?

La Ligue de Provence m’aide beaucoup. Cela n’est pas seulement sur l’aspect financier. Cela concerne la logistique, l’approche humaine mais tout de même aussi les finances puisqu’ils nous donnent de l’argent par rapport à nos résultats. C’est intéressant quand tu joues bien donc cette année c’était intéressant pour moi. Ils nous aident aussi en nous laissant des terrains. Mon club d’Istres m’aide aussi et me fait confiance. Après les revenus ce sont mes parents qui m’aident un peu et moi qui remets mes prize-money dans mes entraînements et mes voyages. On s’en sort comme cela pour l’instant et j’espère que cela sera encore plus facile de jouer au tennis dans le futur.

 

Comment entretient-on la flamme quand on sillonne le monde pour gagner des points ?

Cela serait faux de dire que l’on n’est jamais en proie au doute. Après quand on est dans une bonne période forcément il y en a moins. Tout le temps voyager, ne pas être à la maison, ne pas voir les amis, les petites amies, c’est difficile. Après on arrive à faire cela car il y a cette passion qui est en nous. On a envie de continuer. Quand on va en Futures c’est de plus en plus dur car on en a fait pas mal. Je m’entends très bien avec Constant Lestienne et on a un peu le même discours. Quand on arrive en Challenger cela nous donne encore plus envie car l’organisation est mieux, surtout tout ce qui est autour du tournoi. Cela nous donne l’impression que l’on est de plus en plus des joueurs de tennis. Cela donne envie de continuer si on reste dans cette voie-là.

 

"Entrer dans le top 100 est vraiment un cap"

 

Votre objectif est-il celui des joueurs qui arpent le circuit secondaire : accéder au top 100 et vivre de votre passion ?

Oui car entrer dans le top 100 est vraiment un cap. C’est là où l’on commence à vraiment bien gagner notre vie, à faire des tournois sympas et il y a tout qui va avec. Donc oui l’objectif c’est accéder au top 100 et de pouvoir vivre de ma passion.

 

Revenons à la terre battue. On suppose qu’un autre objectif de l’an prochain, c’est Roland-Garros…

Evidemment. Je vais essayer d’avoir le classement pour rentrer directement dans les qualifications de Roland-Garros sans avoir besoin d’une invitation. Pour le grand tableau cela paraît un peu juste d’y être directement en 2016 (rires) mais pour les années qui viennent c’est un bel objectif.

 

Quelle a été votre source d’inspiration et quels sont les joueurs qui vous inspirent maintenant ?

Mon idole, qui l’est toujours, c’est Roger Federer. Pour ce qui est des joueurs français, leurs jeux ne se rapprochent pas trop du mien. Je connais bien Benoît Paire et j’aime beaucoup son jeu. J’aime aussi Gaël Monfils car il fait le show et cela attire beaucoup de monde à son niveau. J’aime sa façon d’être sur un terrain.

 

Avez-vous une petite anecdote cocasse concernant le circuit secondaire ?

C’était il y a quelques années quand je n’étais pas très bien classé. Je devais aller à Doha pour faire les qualifications d’un Future. Mon vol a eu quelques heures de retard. Je suis arrivé dix minutes à la fin des signatures alors que j’avais prévenu le juge-arbitre. J’ai fait l’aller-retour pour Doha en un jour et demi, pour rien. J’étais content. Cela fait cher les dix minutes de retard (rires).

 

Quels sont vos axes de travail pour vous faire une place sur les Challengers l’an prochain ?

Il faudrait déjà passer un cap dans la tête. Essayer de sentir que je suis à ma place dans les tournois plus gros que les Futures. Après il faut essayer de bosser sur le physique car je sais que je peux encore être meilleur dans ce domaine. Le physique est un point primordial dans notre sport quand on voit les Djokovic et consœurs qui sont des machines. Il faut aussi améliorer mon jeu vers l’avant, qui me permettrait d’avoir plus de points gratuits.

 

Propos recueillis par Bastien Rambert, pour Tennis Actu