Tennis. Chronique - Eric Salliot : "Muscle tes stats Jo" (Tsonga)
Par Eric Salliot le 17/10/2015 à 11:13
Vidéo - Souvenez-vous ! Aimé Jacquet : "Muscle ton jeu Robert !"
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Elle est donc de retour la Chronique Eric Salliot ! Cela faisait longtemps, me direz-vous. Mais notre cher ami Eric n'arrête jamais, toujours par monts et par vaux. Bonne lecture car ça promet !
Jo-Wilfried Tsonga joue actuellement sa demi-finale ce samedi matin à Shanghai face à Rafael Nadal. S’il « tord » l’Espagnol, il réintègre le Top 10, alors qu’il avait glissé au 24e rang mondial à la mi-août. S’il réussit l’exploit, on saura pourquoi. C’est sta - tis- ti –que. Rafael Nadal a signé face à Stan Wawrinka sa 300e victoire en Masters 1000. Et Jo, il se situe où ? Il vient à peine de franchir le mur du cent. On mesure bien le gouffre qui sépare les deux joueurs. Mais je voudrais m’attarder sur un autre domaine chiffré qui m’a véritablement interpellé.
Vous vous souvenez tous du célèbre "Robert, muscle ton jeu" lancé lors d’une causerie d’Aimé Jacquet au petit Pirès en 1998. Nous, on a juste envie de hurler : "Jo, muscle tes stats’’. Pourquoi ? Parce qu’avant ce tournoi de Shanghai, le Manceau ne figurait même dans le Top 50 de l’année. Mais de quel classement. Celui, de la conversion des balles de break. Autant une feuille de stats qui répertorie les fautes directes d’un match peut mentir. D’ailleurs, Roger Federer en a souvent discuté avec les statisticiens des tournois qui gonflent généreusement ces bévues.
Mais ce ranking, il est crucial. Vous voulez une preuve. En 2015, après neuf mois de compétition, le quinté est occupé par, dans l’ordre : Gilles Simon (48 %), Roberto Bautista Agut (46%), Novak Djokovic (45%), Tomas Berdych et Andy Murray. Federer est loin (31e). Et Jo ? En 51e position. 36% de réussite sur les balles de break, c’est juste indigne.
Est-ce un hasard, à Shanghai, il a signé un 45% contre Robredo et deux 50% contre Ramos et Anderson. Alleluia ! A croire que ce secteur de jeu constitue un baromètre infaillible dans le jeu du Sarthois. Est-il besoin de vous rappeler le terrible 1/17 face à Stan Wawrinka en demi-finale de Roland-Garros.
On est tous d’accord : Tsonga ne possèdera jamais l’œil et la fluidité de Novak Djokovic, l’homme qui est capable de ne laisser que quatre jeux de service à John Isner la semaine dernière à Pékin. Mais cette lacune est rédhibitoire car elle vous met une pression insoutenable sur votre mise en jeu.
Thierry Ascione et Nicolas Escudé – avant que ce dernier ne soit sorti du team – connaissaient ces chiffres. C’était un axe de travail lorsqu’ils ont pris en main leur poulain. Alors pourquoi cette faiblesse ? Manque de réactivité, technique à revoir, mauvais choix ? Un peu de tout ça, probablement.
Ce « boulet », Jo l’a toujours traîné tout au long de sa carrière mais il compense merveilleusement avec son service. Cette année, il a "tenu" 89% de ses mises en jeu. A ce petit concours, il est 6e mondial. Bref, une pincée de Gilou dans le domaine faiblard de Jo – et inversement – et on n’en serait peut-être plus à ressasser 1983…
En attendant ce salivant Tsonga - Nadal. En 2008, à Melbourne, lorsqu’il avait laminé l’Espagnol (6-3 6-2 6-3), quel était le pourcentage de conversion des balles de break de Jo ? 71%...

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