Tennis. Fed Cup - Mauresmo : "Océane Dodin n'était pas prête"

Ce mercredi, depuis Melbourne, Amélie Mauresmo, capitaine de l'équipe de France de Fed Cup, a annoncé la composition du groupe qui ira à Gênes, les 7 et 8 février prochains, affronter la redoutable équipe d'Italie, vainqueur en 2013 et traditionnellement très forte dans cette compétition. Un tirage difficile pour une équipe qui revient dans le Groupe I, celui qui se dispute le titre. Et Amélie Mauresmo peut compter sur une équipe qui monte en puissance, avec des joueuses qui trouvent leurs marques. Une équipe classique, finalement, même si on attendait d'y trouver Océane Dodin. En conférence de presse, la capitaine Mauresmo a expliqué ses choix...

Vous n'avez sélectionné que quatre joueuses, pourquoi ces quatre-là ?

Pour Alizé Cornet, Carolina Garcia et Kristina Mladénovic, c'est un choix logique, que vu de leur niveau, que ce soit en simple ou en double. En ce qui concerne Pauline Parmentier, c'est un choix qui se fait aussi par rapport à la surface sur laquelle se jouera la rencontre, la terre battue. C'est vrai qu'elle a gagné peu de matches ces derniers temps mais ses problèmes de genou, qui la gênaient ces derniers temps, sont résolus. Elle va pouvoir se préparer au mieux pendant la semaine précédant la rencontre.

Comment abordez-vous cette rencontre, face à l'Italie, qui brille souvent dans cette épreuve ?

On n'est clairement pas favorites face à une équipe de très haut niveau. Sur le papier les Italiennes sont meilleures que nous, en particulier en termes de classement. En double, elles alignent les n°1 mondiales. Mais nous avons la tête dans le guidon, les filles sont très motivées. Elles sont allées chercher cette place dans le Groupe I l'an passé, elles veulent y rester. Elles savent qu'il y a une énorme marche à franchir maintenant. Mais elles vont tout donner.

On note l'absence d'Océane Dodin, qu'on pensait retrouver dans l'équipe, pour lui faire goûter à l'ambiance de la Fed Cup. Pourquoi ne pas l'avoir convoquée, même en tant que 5e joueuse ou que sparring partner ?

Mon souhait était de l'intégrer à l'équipe au vu de son Open d'Australie et de sa très bonne fin d'année 2014. J'avais l'idée de commencer à préparer l'avenir. Mais, après avoir eu des discussions avec Océane et son entourage, j'en suis arrivée à la conclusion qu'elle n'était pas encore prête pour intégrer l'équipe de France. Sa progression est très rapide, il lui reste encore beaucoup de choses à faire et j'ai estimé que ce ne serait pas lui rendre service de l'appeler maintenant. Il lui manque encore de la maturité. Toutes les possibilités étaient ouvertes, mais ça s'est passé autrement. Il n'y a aucun blocage avec elle ou son entourage, il y a eu un dialogue constructif, mais, sans entrer dans les détails, je pense qu'elle n'est pas encore prête.

Autre absente, Virginie Razzano, qui a pourtant été un pilier de cette équipe.

Oui, c'est un choix de ma part, en grande partie lié à la surface. Mais son niveau actuel est un peu moins bon. Il lui est déjà arrivé d'être écartée, mais elle a toujours fini par revenir. Je sais qu'elle fera les efforts pour cela, mais j'attends un peu plus d'elle actuellement.

Alizé Cornet, votre numéro 1, n'a plus battu les joueuses italiennes depuis très longtemps. Est-ce un problème et comment gérer cette situation ?

Oui, c'est vrai, il y a les statistiques, mais la Fed Cup est une compétition tellement à part que tout peut se passer. On verra au fil de la semaine de préparation. Et puis, vous savez, tout n'est pas encore figé en ce qui concerne les simples. On fera vraiment le point lors de la semaine précédant la rencontre.

Caroline Garcia avait explosé lors du barrage aux Etats-Unis, depuis cette rencontre, considérez-vous qu'elle continue sa progression ?

Oui, elle connaît une véritable progression. Elle poursuit sur sa lancée de 2014. L'aspect positif, très positif, même, c'est que son jeu est en train de se poser. Le point négatif, c'est qu'elle ne parvient pas encore à le stabiliser sur la durée d'un tournoi, comme un Grand Chelem, ou même sur un match.

Vous avez dit que rien n'était figé pour les simples, mais pour le double, se dirige-t-on vers une paire Garcia/Mladenovic ?

Ah, bien joué, mais non ! En double non plus, rien n'est encore fixé. Et c'est encore moins fixé que la Fed Cup n'est pas la Coupe Davis. Il est disputé en dernier, donc les options dépendent beaucoup du déroulement de la rencontre, des éventuelles blessures, de contraintes très différentes. Donc, on examinera les options en fonction du déroulement. Vous savez, à Saint-Louis, pour le barrage face aux Etats-Unis, je n'aurais jamais pensé que le double serait disputé par Virginie Razzano et Caroline Garcia. Et pourtant...

Avez-vous eu le temps de superviser les Italiennes à Melbourne ?

Non, je n'ai pas eu le temps de les voir personnellement. C'est Gaby (NDLR : Gabriel Urpi, l'entraîneur de l'équipe de France) qui était chargé de cette mission. Il a longtemps fait partie de cette équipe italienne, ils connaît donc parfaitement les joueuses qui la composent, avec qui il a déjà travaillé et on compte évidemment beaucoup sur son apport à la préparation de cette rencontre.

Quels sont vos objectifs à plus long terme, avec cette équipe de France ?

Je l'ai dit quand je suis arrivée à ce poste : soulever le trophée. Mais il y a des étapes pour y parvenir. Il y a 2 ans et demi, j'avais vu le potentiel de cette équipe. Mais il faut laisser le temps à chacune des joueuses de progresser individuellement. Sur la période 2015-16-17, je crois qu'il vaut mieux viser le titre en 2017. Mais il y aura des aléas, comme les équipes qu'on aura en face de nous, la manière dont se goupilleront les weekends des rencontres... Si vous regardez bien, on n'était même pas censé remonter cette année dans le Groupe I...

Sur le plan personnel, vous entraînez également Andy Murray qui est en demi-finales de l'Open d'Australie. Comment vous organiserez-vous s'il dispute la finale dimanche prochain ?

Nous avions déjà vu cela avec les filles lors de l'US Open. L'idée, c'est que j'arriverai à Gênes le lundi soir, dans ce cas. Le rendez-vous est fixé pour tout le monde à dimanche soir à Gênes, je ne raterais donc qu'une journée et le staff prendra alors le relais.

Ce n'est pas trop difficile de gérer son emploi du temps, avec ces deux casquettes ?

Aujourd'hui, ça va, même si je me disais avant l'Open d'Australie que ce serait compliqué. Mais les choses sont claires par rapport aux discussions que nous avons eues, à ce que j'ai vu des filles. La semaine de préparation a déjà été programmée, c'est toujours plus tranquille quand on peut travailler en amont. Si j'ai pris le job avec Andy Murray, c'est parce que, au niveau de la fed Cup, on est tous sur la même longueur d'ondes. On connaît les filles, les filles nous connaissent. Les choses auraient été différentes si la proposition d'Andy était arrivée au début de mon capitanat. Je n'aurais alors pas pu faire les deux.

Les règlements de l'ITF ont changé, désormais, il faut participer à la Fed Cup pour obtenir un ticket pour les JO. Avez-vous évoqué cet aspect avec vos joueuses ?

Je suis plutôt tranquille et sereine sur cette question. Je n'ai pas de souci de joueuses qui n'ont pas envie de venir, déclinent la sélection ou font passer la Fed Cup après leur carrière individuelle. C'est même tout le contraire, elles ont montré ces dernières saisons qu'elles sont heureuses et volontaires pour représenter la France, parfois même au détriment de leur programme ou de leur préparation personnelles.

Propos recueillis par Christophe de JERPHANION pour Tennis Actu.