Tennis. ITF - Les trafics de wild cards sur les Futures révélés
Par Christophe de JERPHANION le 04/02/2015 à 12:26
A chaque jour sa révélation sur les us et coutumes discutables du petit monde du tennis professionnel. Aujourd'hui, place à la révélation d'une pratique pas franchement glorieuse mais apparemment très courante : l'achat et la vente de wild cards sur le circuit Futures...
C'est le site puntodebreak.com qui rend ce dossier public, expliquant qu'il s'agit là, pour les organisateurs de ces tournois, de boucler leur budget pas toujours bénéficaire. Mais, quand on connaît les conditions que proposent ces tournois aux joueurs, et les rémunérations insuffisantes.
"Cela fait un moment qu'on achète et qu'on vend des wild cards. Les organisateurs essayent de minimiser leurs coûts ou de faire gagner de l'argent à leurs tournois. Alors, vendre les invitations, tant pour les qualifications que pour les tableaux principaux,
devient une bonne option", explique anonymement un entraîneur qui a consacré de longue date toute sa vie au tennis. Il travaille pour une académie en Catalogne et organise lui-même des tournois Futures.
"Le prix de vente des wild cards, dans certains cas, peut être exorbitant. Je connais des histoires en Europe de l'est où des invitations se sont négociées à plus de 3000 euros. C'est de la folie, c'est plus que ce que peuvent engager certains sponsors sur tout un tournoi ! En Espagne, le maximum que j'ai vu est de 1500 euros par invitation. Mais, le plus souvent, le prix d'une wild
card pour entrer dans le tableau principal d'un tournoi oscille entre 500 et 1000 euros", dénonce encore cette source, indignée de telles pratiques, très fréquentes selon lui en Espagne et dans toute l'Europe.
"Je ne pense pas que ce soit licite d'acheter ces invitations si tu n'as pas le niveau pour t'engager dans ces tournois et promouvoir un tel marché souterrain est préoccupant pour le tennis", dit encore cet entraîneur anonyme.
Heureusement, tous les tournois ne se laissent pas aller à se genre de pratique et nombreux sont encore les organisateurs qui décernent les invitations en fonction d'un véritable mérite sportif ou bien en privilégiant les joueurs locaux. Mais ce marché est bien étendu... Car, pour beaucoup d'organisateurs, l'un des grands motifs qui les pousse à vendre ces wild cards, c'est la pression des paris qui pèse de plus en plus sur les tournois.
"Les paris vont de paire avec l'achat et la vente d'invitations. Souvent, on achète la wild card en même temps que le match de premier tour", dit la source du site puntodebreak.com. Ainsi, l'argent investi dans l'achat de l'invitation est vite et facilement récupéré...
Et puis, il y a les joueurs qui se résolvent à acheter une wild card simplement pour essayer d'obtenir ainsi leurs premiers points ATP, ceux qui peuvent leur permettre de se vanter d'avoir été joueurs professionnels et de graver leur nom dans les archives.
"En Grèce, l'an passé, dans un hôtel où nous logions, un touriste en vacances a acheté une wild card pour les qualifications du tournoi. Il a dû payer les droits d'immatriculation que versent tous les joueurs pour participer aux tournois... et il a joué les qualifications ! Il ne mettait pas une balle dans le court, rigolait avec sa famille... Une plaisanterie, mais qui était tout ce qu'il y a de plus officelle", conclut l'entraîneur rencontré par puntodebreak.com.
Quand on se souvient des mots de Tomas Buchhass et les nombreux témoignages qui ont suivi ses déclarations concernant les conditions financières et matérielles rencontrées par les joueurs sur le circuit Futures, voilà qui fait un peu plus froid dans le dos...
