Tennis. La Raquette à Doudouce - Del Potro et le retour du crapaud !
Par Philippe DOUCET le 31/05/2019 à 07:15
Philippe DOUCET dit "La palette" vous connaissez forcément, le consultant phare foot de Canal +. Né le 16 août 1962, Philippe DOUCET est aussi et aujourd'hui gérant de son entreprise "La Palette a Doudouce" et a choisi de nous livrer régulièrement sa vision tennis à l'occasion de ce Roland-Garros 2019 : "La Raquette à Doudouce" et c'est sur Tennis Actu. Merci à lui !
Vidéo - Del Potro a eu besoin de 5 sets pour sortir Nishioka... !
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Et soudain, Juan Martin Del Potro craqua. Après une énième faute et attaque ratée à 4-6 au tie-break du 4è set, il se mit à imiter les lobs cotonneux de Shirohito Nishioka sur lequel il s’embourbait depuis près de trois heures. Certes, l’Argentin parvint ensuite à dompter son impatience pour l’emporter au cinquième set, mais il avait en un instant réveiller le mythe du crapaud. Dans l’appellation tennis, le crapaud est la pire espèce d’animal des courts. Même le crocodile de René Lacoste apparaît plus noble.
Le crapaud renvoie tout, il joue à deux à l’heure, au milieu, bien au-dessus du filet, il attend la faute, le craquage de l’adversaire, il joue avec vos nerfs. Bref, le crapaud est moche. Mais surtout il vous rend moche à force de vous faire mal jouer. Impossible de s’appuyer sur ses balles molles.
Une longue bagarre de 3h46 face à Nishioka et Del Potro s'impose en 5 sets (5-7, 6-4, 6-2, 6-7, 6-2)... et quelle balle de match ! �'��'�#RG19 #HomeOfTennis pic.twitter.com/aNAGHaXUyq
— Eurosport.fr (@Eurosport_FR) 30 mai 2019
Il a tous les défauts et le public est contre lui, forcément. Dans les années 70/80, avec le matériel d’époque, il n’était pas rare de trouver des briseurs de jeu sur la terre-battue de Roland-Garros. Des Barazzutti, Dibbs, Solomon (finaliste à Roland-Garros en 1976) ou bien pire, le chilien Gildemeister, se contentaient de ronds au milieu du court jusqu’à la faute de l’adversaire. A ne pas confondre avec les grands lifteurs du fond qui, comme Borg ou Vilas savaient aussi faire autre chose. Comme Bjorn Borg allait le prouver cinq années de suite à Wimbledon.
Non, le vrai crapaud ne s’inscrivait même pas à Wimbledon ou sur dur et jouait sur terre toute l’année. Rien de commun avec le tennis actuel. Le matériel a évolué. Et si Nadal a pu paraître leur lointain héritier à ses débuts en 2005, il a fait évoluer son jeu comme l’exige le tennis d’aujourd’hui. Au besoin, l’espagnol montrera combien il est doué au filet si cela doit faire basculer un match difficile.
"La morale sera sauve avec un Del Potro qui retrouvait toute sa tête"
Mais Del Potro, au prise avec un genou récalcitrant et pressé d’en finir, lui, n’en pouvait plus. Pourtant, comment en vouloir à Nishioka, certainement l’un des plus petits gabarits du tennis mondial et dénué de toute puissance dans son jeu. A force d’habileté nippone et d’impatience du côté de l’Argentin, qui commettait autant de fautes que de points gagnants, le match était ultra serré, tendu et Nishioka tissait sa toile en n’hésitant pas à monter la balle.
De fait, l’Argentin avait de quoi être décontenancé. C’est que les crapauds n’existent plus sur le circuit. Tout le monde, aujourd’hui, est capable d’accélérer un service et de déclencher un coup droit gagnant. Les grandes raquettes leur autorisent même le luxe de finir un point au filet, notion inconnue d’un Gildemeister qui montait juste au filet pour serrer la main de son adversaire. Même des joueurs tactiques comme Gilles Simon, même des joueurs de fond de court spécialistes de terre comme Delbonis n’échappent pas à la réalité du jour : pour ménager sa monture, il faut savoir abréger les points et faire des points gagnants.
Finalement, la morale sera sauve avec un Del Potro qui retrouvait toute sa tête pour finalement l’emporter nettement au cinquième. En dosant juste un peu mieux ses attaques sur les secondes balles à 120 km/heure du Japonais. Mais, dans le tennis si formaté d’aujourd’hui, on était presque heureux d’avoir assisté à une vraie opposition de style. Le géant Argentin possède un charisme indéniable, mais il arrive aussi que son tennis tout en puissance puisse lasser. Avoir un tout petit adversaire malin (que de contre-pieds habiles et gagnants pour le Japonais) l’a obligé à construire davantage son tennis.
Pour le plus plaisir des spectateurs du court Simonne-Mathieu. Au fait, il paraît que la Simmone était elle-même une joueuse plutôt offensive. Elle n’avait donc pas été inspirée par le crocodile René Lacoste qui s’y connaissait déjà pour embrouiller ses adversaires. Les animaux du tennis ont la peau dure…
#RG19 L'Argentin Juan Martin Del Potro s'en sort en cinq sets face au Japonais Yoshihito Nishioka au terme d'un combat incroyable ! #RG #RolandGarros pic.twitter.com/lJxq4c2Qzv
— France tv sport (@francetvsport) 30 mai 2019

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