Tennis. Match de légende : - Federer-Safin OA 2005
Par Bastien RAMBERT le 29/03/2013 à 16:17
Aujourd'hui député, Marat Safin a fait vibrer de nombreux spectateurs lorsqu'il sévissait raquette en main. Son incroyable demi-finale contre Roger Federer à l'Open d'Australie 2005 (5-7, 6-4, 5-7, 7-6, 9-7) reste encore profondément gravée dans la mémoire des amoureux de la petite balle jaune. Pour le grand retour de notre chronique Match de légende, nous avons donc décidé de revivre ce fameux affrontement aux antipodes, remporté par un Safin survolté.
Le 27 janvier 2005, Marat Safin a sans doute joué le meilleur tennis de sa carrière. Certes le Russe avait infligé une véritable correction à Pete Sampras (6-4, 6-3, 6-3) lors de la finale de l'US Open 2000, qui lui ouvra d'ailleurs les portes du club prestigieux des vainqueurs d'un tournoi du Grand Chelem. Mais quatre ans et demi plus tard, c'est un Safin encore plus hors normes qui a provoqué un véritable séisme à Melbourne, en domptant Roger Federer (5-7, 6-4, 5-7, 7-6, 9-7) en demi-finale de l'Open d'Australie.
Un Federer invaincu depuis août 2004
A l'époque, Federer est un numéro un mondial incontesté. Il n'a plus connu la défaite depuis les Jeux Olympiques d'Athènes en août 2004 et une sortie de route contre le jeune Tomas Berdych. Ses rivaux se cassent les dents contre sa maîtrise technique et les observateurs du tennis masculin accordent leurs violons pour affirmer que la suprématie du Bâlois va durer encore longtemps. Le début de la quinzaine australienne confirme leurs dires. Federer survole les débats et se retrouve dans le dernier carré sans avoir perdu un set. On se dit alors que Safin, son adversaire pour une place en finale, va devoir se sublimer pour damer le pion au patron du tennis mondial.
Quatrième au classement ATP avant le début de l'Open d'Australie, le Moscovite est au sortir d'une saison 2004 prolifique, qui l'a notamment vu faire main basse sur les Masters 1000 de Madrid et Bercy. Mais son début de quinzaine aux antipodes n'a rien de subjuguant, comme en témoigne son huitième de finale au couteau contre Olivier Rochus (4-6, 7-6, 7-6, 7-6). La mission du Russe semble donc bien compliquée, et le début de la rencontre ne fait que confirmer l'impression générale qui entoure la Rod Laver Arena. Federer, plus solide en fond de court, s'adjuge le premier set 7-5.
Safin sauve une balle de match
Le niveau de jeu est déjà élevé, mais il va considérablement augmenter au fil des manches. Nullement décontenancé par la perte du premier set, Safin va réagir, notamment au service, pour s'emparer du deuxième set 6-4. La bataille de revers (une main pour le Suisse, deux mains pour le Russe) fait rage dans le troisième set , mais une nouvelle fois, Federer va frapper le premier pour repasser en tête (7-5), bien aidé il est vrai par les sautes d'humeur de son adversaire (Safin casse une raquette à 5-6, ndlr).
L'élève de Peter Lundgren (ce même Lundgren qui avait « aidé » Federer à remporter Wimbledon en 2003 !) se retrouve donc avec un débours d'un set dans la quatrième manche, alors que Federer semble prêt à lui asséner le coup de grâce. Néanmoins, le Russe est conscient que son niveau de jeu du jour peut lui permettre de perturber son rival helvète, à condition qu'il trouve de la longueur. Ainsi, il va prendre tous les risques pour tenir Federer éloigné du filet et tenter de recoller au score. La Rod Laver Arena, consciente que la rencontre devient de plus en plus mémorable au fil des frappes, s'enflamme. Le quatrième set connaîtra son épilogue au tie-break. Tie-break finalement remporté par Safin huit points à six, avec une balle de match sauvée à 6-5 dans le jeu décisif, grâce à un lob salvateur. En réponse à ce coup astucieux, Federer tentera un tweener pour forcer la décision, mais la balle de l'helvète finira sa course dans le filet.
Un épilogue intense
Revigoré par le gain de la quatrième manche, Safin continue de "jouer le feu" dans le dernier acte. Federer, qui aura donc manqué l'occasion de porter l'ultime estocade au set précédent, se retrouve rapidement en simple spectateur. A 5-2 en défaveur du Suisse, on se dit que la messe est dite. Mais le numéro un mondial n'a pas dit son dernier mot. Ainsi, le natif de Bâle sort son habit de lumière pour revenir au score, avant de jouer les sapeurs-pompiers pour écarter les balles de match de son adversaire.
On se dit alors que Safin a laissé passer sa chance. Erreur ! Le quatrième joueur mondial va en effet faire le dos rond au come-back du Suisse. Lui, l'éternel chien fou du circuit, réputé pour ses colères noires envers son outil de travail, va donner une leçon de sang-froid à son prestigieux adversaire. Pour finalement dompter ce dernier 9-7, à l'issue de sa septième balle de match, tout bonnement mémorable : Safin décoche un missile de revers long de ligne, et Federer s'écroule, décontenancé par la puissance de son vis-à-vis. Le court grand ouvert, le Russe maîtrise ses nerfs et « dépose » son coup droit vainqueur.
Le roi est doublement tombé ce soir-là à Melbourne. Federer, qui semblait lancé à toute vitesse vers un Grand Chelem en 2005, a été emporté par cette tornade russe. Et a abandonné par la même occasion son titre australien, remporté l'année précédente aux dépens … de Safin. Et c'est donc le tsar moscovite, qui, 4h29' après le début de cette formidable joute, rejoint la finale de l'Open d'Australie. Finale qu'il remportera en domptant l'enfant du pays, Lleyton Hewitt (1-6, 6-3, 6-4, 6-4).
Source Photo : Twitter/@TelegraphSport
