Tennis. Roland-Garros (13) - "Les belles histoires sur terre" de Roland-Garros
Par Isabelle AIMONE le 04/06/2022 à 20:05
À l'occasion de ce Roland-Garros 2022, vous retrouvez sur Tennis Actu chaque jour "Les belles histoires sur terre..." qui vous invitent à voyager à travers l’histoire de Roland-Garros et de ses coulisses. Un éclairage inédit, parfois insolite et chargé d’émotions, permettant de découvrir l’essence même d’un tournoi faisant vibrer des générations de spectateurs depuis plus d’un siècle !
Vidéo - Le teaser de Roland-Garros et du French Open 2022 !
Il était une fois un stade 2/2
Le Challenge-Round de la coupe Davis se déroulant en France en 1928, il est nécessaire de construire un stade capable de recevoir l’évènement promettant d’attirer une foule de spectateurs. Obtenant la concession d’un terrain appartenant à la Ville de Paris, la décision est prise de construire le stade Porte d’Auteuil et de le baptiser du nom d’un ancien membre du Stade-Français : Roland Garros. Reste à construire le stade en un temps record, puisqu’il doit aussi accueillir les Internationaux de France débutant au mois de mai.
Louis Faure-Dujarric : l’architecte urgentiste
Après un premier projet finalement abandonné car jugé trop coûteux, c’est l’architecte Louis Faure-Dujarric, membre du Stade Français, qui prend en charge le chantier, et quel chantier ! Il faut conjuguer les retards liés à un hiver rude, les délais à respecter et les contraintes budgétaires. L’architecte s’est déjà illustré dans la construction d’édifices sportifs, dont le stade olympique de Colombes pour les jeux de Paris en 1924, il a surtout la réputation de travailler vite et de pratiquer des tarifs abordables. Il répond ainsi au cahier des charges des deux commanditaires, Pierre Gillou et Emile Lesieur, respectivement présidents du Racing Club de France et du Stade Français et qui, rappelons-le, se sont s financièrement engagé sur leurs biens personnels !
Le béton, matériaux économique, et le style Art Déco est ainsi préféré au style anglo-normand. La Croix de Saint-André, traditionnellement utilisée pour la construction de bâtiments à colombage, est cependant intégrée à l’ensemble architectural, constituant un repère visuel emblématique du stade.
Quatre tribunes en bois sont installées (A,B,C et D). Démontables, elles sont louées afin de réduire les coûts. Deux d’entre-elles, les tribunes B et C (aujourd’hui tribunes Borotra et Lacoste) sont déjà munies de loges de quatre places, tandis qu’une tribune, la « D » (actuelle tribune Cochet), semble être la plus populaire, exclusivement composée de gradins et proposant dans sa partie supérieure des places « debout ».
Quant aux courts, ils sont préparés par l’expert de la terre battue, Charles Bouhana, qui installe un un système de canaux souterrains permettant d’absorber le trop plein d’eau en cas de pluie. Au-dessus de ces canaux, la recette de Bouhana a fait école : une couche de pierre pour stabiliser le sol, une couche de graviers, une épaisse couche de gros mâchefer, suivie d’une strate de mâchefer plus fin, et enfin, une chape de calcaire saupoudrée de brique pilée.
#CeJourLà @dfweb75 Le 18/8/1928inauguration porte d'Auteuil à Paris du complexe sportif de Roland-Garros entièrement dédié au tennis et d'abord à la finale de coupe Davis, mais par des tenniswomen.(architecte Louis Faure-Dujarric) pic.twitter.com/vTbk1Kfxil
— Personne Dansmabul (@PDansmabul) May 18, 2021
18 mai 1928 : date de naissance du stade Roland-Garros
Le 18 mai, le court Central est inauguré. La première édition du tournoi de Roland-Garros peut commencer dans un cadre encore provisoire, mais flambant neuf. L’édition 1928 sacre ses deux premier vainqueurs : le Mousquetaire Henri Cochet et l’Américaine Helen Wills. Quelques semaines plus tard, le 27 juillet, le stade Roland-Garros accueille enfin le premier Challenge-Round de Coupe Davis se déroulant en France. Malgré une météo capricieuse, le public est venu en nombre soutenir les Mousquetaires. Des embouteillages perturbent la circulation Porte d’Auteuil et les tribunes sont bondées. Au bout de quatre jours, lundi 30 juillet, Henri Cochet gagne le 3eme point de la rencontre et signe la victoire des tricolores. Le trophée restera en France jusqu’en 1932 !
Un chantier permanent : de 3,25 à 12 hectares !
Sitôt le Challenge-Round terminé, une deuxième phase de travaux reprend afin d’édifier des tribunes permanentes et de procéder à des aménagements pour la presse, les joueurs et les spectateurs. Seule la tribune C reste en bois. La tribune A est déjà structurée d’une façon assez proche de l’actuelle tribune Brugnon : une zone pour les officiels, une autre réservée aux arbitres, joueurs et invités des joueurs, ainsi qu’un espace dédié aux invitations de la Fédération et des deux clubs organisateurs, le Racing Club de France et le Stade Français.
En 1928, le stade ne couvre encore que 3,25 hectares, coincé entre l’Institut d’Etienne Jules-Marey, qui sera détruit pour laisser la place au court n°1 en 1980, le bois de Boulogne, le Boulevard d’Auteuil, et à l’ouest, un terrain agricole sur lequel sera érigé 65 ans plus tard, le court Suzanne-Lenglen. Le stade Roland-Garros est alors loin d’en avoir terminé avec les travaux et atteindra plus d’un demi- siècle plus tard 12 hectares!