Tennis. Roland-Garros - Ben Shelton : "Les États-Unis font bien leur travail en ce moment"
Ben Shelton l’a fait. Grâce à son succès ce vendredi face à Matteo Gigante (6-3, 6-3, 6-4), il accède pour la première fois de sa carrière au 4e tour de Roland-Garros pour sa troisième participation à Paris. Outre le fait d’avoir surclassé un joueur en forme, issu des qualifications et tombeur de Stefanos Tsitsipas, l’Américain semble en confiance et lorgne sur le Top 10 mondial. Avant de potentiellement affronter Carlos Alcaraz au tour suivant, le demi-finaliste de l’US Open 2023 a fait le point sur son évolution sur terre battue, l’état du tennis américain et est revenu sur la spécificité d’affronter un gaucher.
Vidéo - Ben Shelton : "Les États-Unis font bien leur travail"
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"D’habitude, c’est moi qui suis le gaucher, ce n’était pas facile"
Bonsoir à tous. Félicitations, Ben ! Peux-tu nous parler du match et nous dire quel a été le moment clé ?
C’était un super match. C’était la première fois sur le Simonne-Mathieu. Cela n’a pas été facile parce que je jouais contre un gaucher. D’habitude, c’est moi qui suis le gaucher. C’est difficile de jouer contre lui parce qu’il a beaucoup de confiance en lui. Il a gagné contre « Stef » au dernier tour, qui a déjà joué en finale.
Mais c’est un de ces matchs où beaucoup de choses se sont bien passées pour moi. J’ai bien retourné, j’ai bien suivi mes jeux de service, bien que je n’aie pas très bien servi. Je suis content de m’en être sorti de ce match difficile en 3 sets.
Peux-tu nous parler de ce coup au deuxième set ? Est-ce un de tes coups les plus remarquables, que tu as joué sur l’estomac d’une seule main ?
R. Si j’avais plongé pour le faire, j’aurais dit « oui » mais, en fait, c’est parce que je me suis mal déplacé sur la terre battue que je suis tombé à plat. C’est pour cela que j’ai frappé la balle depuis le sol. Non, je ne dirai pas que c’est le plus remarquable à cause de cela, mais faire le point, c’est assez impressionnant je pense. J’aimerais dire que j’ai plongé pour y arriver, mais en fait, j’étais déjà tombé avant l’arrivée de la balle.
Je sais que ton père a un écouteur pendant le tournoi. Il peut parler sur TNT pendant le jeu. Est-ce que cela t’ennuie qu’il parle de ton jeu pendant que tu joues ?
Non, cela m’est égal. Je pense que c’est très bien pour le sport d’avoir des éléments qui viennent des coachs. C’est ce que les fans veulent.
Je pense que c’est une très bonne partie du tennis qu’on n’avait pas beaucoup par le passé. C’est quelque chose que mon père est toujours prêt à faire quand on le lui demande, que ce soit à Shanghai en 2023 ou ici. Il est toujours le premier à être prêt à aider notre sport à se développer, tant que cela ne me distrait pas.
Je ne m’en suis même pas rendu compte pendant le match, à part l’oreillette. C’était plutôt cool et j’espère que les gens en ont profité.
Pour rebondir là-dessus, es-tu prêt à regarder les clips pour savoir ce qu’il a pu dire pendant que tu jouais ?
R. Oui, probablement. Si cela sort sur mon Instagram, je pense que je regarderai. Sinon, je ne pense pas que je rechercherai, mais c’est probablement ce qu’il me dit chaque jour de ma vie.
"Je me suis donné la possibilité de jouer cool"
Au début, tu as dit que c’est toujours difficile de jouer contre un gaucher. Pourquoi est-ce le cas pour toi ?
L’effet de la balle est difficile. J’ai bien retourné aujourd’hui, mais retourner le service de gaucher quand on est gaucher, c’est difficile.
Quand on a un type qui peut aller des 2 côtés en servant et frapper sur le revers, c’est probablement une des seules fois dans ma vie où j’aimerais être droitier, parce que, quand vous avez un service lifté et vous l’envoyez sur le revers du droitier, vous pouvez utiliser cela à tous les matchs. Plus de 90 % des joueurs du circuit sont des droitiers et vous rejouez ce coup encore et encore si vous avez un super service lifté. Pour moi, je frappe large et je le frappe parfaitement et cela fonctionne.
Et si je ne frappe pas parfaitement, Sinner, Foe ou Carlos ou n’importe qui peuvent détruire un coup droit gagnant, mais oui, il y a beaucoup de petites choses dans le jeu qui rendent le jeu plus difficile quand vous êtes gaucher.
Ces 2 derniers jours, j’ai essayé de m’entraîner avec des gauchers, la manière dont ils frappent le coup droit lifté avec un effet de côté, je n’arrive pas à volleyer.
En fait, cela a été horrible, mais je suis heureux d’avoir pu frapper des volées aujourd’hui parce que cela a été épouvantable à l’entraînement.
Les 2 premiers sets, cela s’est très bien passé. Le troisième set, c’est devenu un peu plus complexe. Qu’as-tu dû faire pour rester au top parce que cela n'avait pas l’air simple ?
C’est devenu dur parce qu’il a commencé à mieux renvoyer et à mieux servir, en mélangeant les vitesses parce que j’étais quasiment centré sur les renvois aujourd’hui. Il est passé de 158 à 202 sur ses premiers services. Cela m’a décontenancé. J’ai commencé à en rater et il a commencé à faire des revers « longue ligne » vraiment bons. Cela a commencé à me poser problème en fin de match. C’était difficile. J’ai dû faire des points qui étaient difficiles, je me suis retrouvé à 0-15, 15-30, 15-40. Ce n’était pas facile. Même au dernier break, il menait 40-0.
Je me disais : je mène 2 sets à rien. Je ne veux pas qu’il prenne la dynamique, mais ce ne sera pas la fin du monde et je me suis donné la possibilité de jouer cool.
"Je commence à comprendre que je n’ai pas besoin d’être à 5 mètres derrière la ligne de fond de court"
Selon ce qu’il se passe, avec Quinn demain, il y aura 3 ou 4 Américains qui vont continuer le tournoi. Cela fait près d’une décennie que ce n’est pas le cas. Penses-tu que c’est un tournoi ? As-tu l’impression que l’état d’esprit des Américains sur cette surface a changé ? Il y a des années, ils venaient un peu défaitistes ; et maintenant, il y a davantage de confiance et de victoires.
C’est intéressant parce que je pense que les Américains sont vraiment très enthousiastes. On sait tous que c’est un tournoi dans lequel on n’a pas de bons résultats historiquement. C’est une surface sur laquelle on a du mal. Vraiment, le respect que l’on obtiendrait si l’on réussit ici, ce serait fantastique.
J’en parlais avec Frances il y a quelques jours. Avec TNT, on ressent qu’il y a de plus en plus de présence américaine dans ce tournoi. Les Américains envoient de plus en plus de messages, le voient de plus en plus à la « télé » et s’y intéressent aussi de plus en plus. Donc, je ne sais pas quel est le feedback en Europe parce que la plupart de mes amis sont aux États-Unis, mais ils aiment beaucoup regarder ce tournoi.
Quand on voit que certains d’entre nous ont l’occasion de jouer sur des grands courts, c’est fantastique. Foe, par exemple, quand il est sur un grand court, il y met le feu.
Pour nous tous, c’est juste un tournoi où on commence à comprendre les choses et on est tous enthousiastes à l’idée de telles opportunités.
La meilleure surface pour Tommy, c’est la terre battue. Peut-être que j’exagère, mais ses résultats en Masters 1000 sur la terre battue, il est vraiment toujours prêt à se battre et à y arriver, il n’a pas peur de se salir ; et les autres non plus.
Pour reprendre sur ce sujet, qu’avez-vous fait de particulier pour améliorer votre jeu sur la terre battue ? Et pouvez-vous nous parler de votre lien avec la terre battue ?
Pouvez-vous répéter ?
Avez-vous fait quelque chose de particulier, cette année, pour améliorer votre jeu et vos déplacements sur la terre battue ? Et quelle est votre relation avec la terre battue ?
Eh bien, comme vous avez pu le voir aujourd’hui, je suis tombé. Donc, je n’ai pas vraiment fait un grand bond en avant dans mon mouvement. Il s’agit de voir si je peux jouer mon jeu et l’adapter légèrement pour la surface de terre battue, tout en continuant à jouer un tennis agressif où je peux monter souvent au filet, frapper des volées et des lobs, faire des services-vollées et continuer mes services à plat, continuer à avoir un coup droit dynamique et à le slicer.
Je pense que je commence à mieux comprendre que je n’ai pas besoin d’être à 5 mètres derrière la ligne de fond de court et jouer haut et fort comme on le fait traditionnellement sur terre battue et que je peux jouer mon style de jeu et être efficace sur la terre battue.
"Le groupe d’Américains dans le Top 100 augmente sans arrêt"
Au prochain match, cela risque d’être Alcaraz. Quelle est ton idée de jouer contre Alcaraz ?
Est-ce qu’il mène déjà de 2 sets ?
Il mène d’un set et un break et cela roule !
R. Je serai enthousiaste et je me réjouis d’avance de jouer contre le gagnant de ce match. Être au deuxième tour d’un Grand Chelem n’est pas à prendre à la légère et je ne veux pas manquer de respect à qui que ce soit avant la fin du match.
Si je joue contre Alcaraz qui est le champion en titre, en huitième de finale, ce sera probablement sur le court central. Ce sera une vraie opportunité, une expérience fantastique que peu de personnes ont dans leur vie.
Et je vais essayer d’en profiter, d’aller sur le court et faire ce que je peux parce que je commence à gagner de la vitesse et un peu de traction sur cette surface. Je commence à produire mon meilleur tennis. Je pense donc que je peux être considéré comme dangereux.
Oui, je suis vraiment enthousiaste. Quel que soit le vainqueur du match en cours, je me réjouis d’avance du tour suivant.
Ben, une autre question. Comme on a dit, il y aura, peut-être, 4 Américains au prochain tour. C’est la première fois depuis 1995. Est-ce un signe que les tennismen américains sont en train de combler le fossé par rapport aux autres joueurs de tennis dans le monde ?
Oui, à 100 %. Ceux qui vont de l’avant représentent un groupe de plus en plus important.
Vous avez des gens qui ont été indispensables, comme Fritz, Tommy, Foe. Et je pense que je fais partie de ce groupe maintenant, mais il y en a plein d’autres aussi dont on parle moins et qui ont des côtés fantastiques comme Sebi Korda, Alex Michelsen, Learner Tien, Nishesh Basavareddy et Ethan Quinn qui sera dans le Top 100 après ce tournoi. Le groupe augmente sans arrêt. Quand vous avez des types comme cela qui vont de l’avant, c’est difficile qu’il n’y en ait pas certains qui soient au top. C’est encourageant pour moi.
Je pense que les États-Unis s’en sortent bien en ce moment et essaient d’y arriver. Ils font une percée. Les Italiens sont encore plus forts. Il y a peut-être d’autres pays, mais je crois qu’on est en train de s’ancrer davantage dans le monde du tennis, c’est sûr.