Tennis. Roland-Garros - Philippe Doucet : "Je ne peux pas ne pas aimer la night session"
Il est de retour sur Tennis Actu pour vous livrer ses chroniques. Philippe DOUCET dit "La palette" ! Vous connaissez forcément. Le consultant foot de Canal +. Né le 16 août 1962, Philippe DOUCET est aussi et aujourd'hui gérant de son entreprise "La Palette a Doudouce" et cette année, en balade tous les jours à Roland Garros, Philippe Doucet nous raconte une anecdote par jour… et c'est sur Tennis Actu.
Vidéo - Carlos Alcaraz a rayonnée en soirée mardi à Roland-Garros
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"Chaque soir depuis 2021, Roland-Garros s’illumine..."
Chaque soir depuis 2021, Roland-Garros s’illumine et ouvre sa session de nuit, la « night session » à grand renfort d’effet lumière et de musique rythmée. Mais, en l’occurrence, les deux dernières soirées ont tourné à la « night lesson ». En effet, les deux meilleurs joueurs du monde, Jannik Sinner et Carlos Alcaraz ont littéralement laminé Andrey Rublev et Tommy Paul ! La nuit ne serait pas vraiment propice aux surprises ? Sans affirmer que la nuit porte conseil aux meilleurs, les meilleurs ont probablement un avantage dans un cadre et une atmosphère qu’ils fréquentent plus souvent que les autres.
En l’occurrence, Sinner et Alcaraz ont déjà fait 2 night sessions chacun cette année ! Évidemment pas leurs adversaires…Sur terre battue particulièrement, les conditions peuvent aussi varier sensiblement. En cas de temps froid, l’humidité peut même réduire singulièrement la vitesse de la balle et du rebond. Avec le temps chaud actuel, c’est moins vrai et Alcaraz a pu appuyer fort sur la tête de Tommy Paul, faisant assaut de puissance pour l’empêcher de respirer.
"Je ne peux pas ne pas aimer la « night session »"
Malgré ces deux affiches peu passionnantes, je ne peux pas ne pas aimer la « night session » et sa chaleur particulière. New York oblige… Lorsque je commentais l’US Open pour Canal+ dans les années Sampras-Agassi, la « night session » offrait une atmosphère incomparable au stade Arthur Ashe. La vue sur Manhattan et son coucher de soleil, la ferveur de ce public américain du soir, le retour de nuit sur New York avec la vue du pont de Brooklyn…
À Paris, chaque « Night session » est l’occasion d’un débat sur le match qu’il aurait fallu choisir. Le forfait de Gaston et le choix de Rune, l’absence d’affiches féminines, tout est objet de litiges et polémiques… A New-York, tout est différent car la night session est le clou de la journée. Le public « business » s’installe à 19h30 avec l’hymne américain. Le match féminin est déjà l’occasion de monter en température ! Puis arrive la grande affiche homme qui débute souvent au-delà de 22 heures et peut finir à 2 ou 3 heures du matin. Ce match est bien dans l’esprit de l’US Open, le tournoi du Grand-Chelem le plus costaud, le plus harassant et rude…
"Personnellement, j’adorais ce rendez-vous de la nuit avec un public de téléspectateurs fadas de tennis"
Les grands ne rechignent pas à jouer le soir tant l’atmosphère est plus bouillante que le jour. Seul Björn Borg (les « night sessions » existaient déjà dans les années 70 à Flushing Meadows !) était très réticent depuis une défaite nocturne face au serveur Roscoe Tanner. Il voyait mal à la lumière artificielle. Idem pour Nadal des années après… Certes, il était difficile de convaincre les consultants de rester le soir dans le quartier du Queens. Mais, personnellement, j’adorais ce rendez-vous de la nuit avec un public de téléspectateurs fadas de tennis. J’avais même créé des rendez-vous dans la nuit intitulés « Radio Flush » où je racontais l’actualité de la ville de New York à ce moment-là. Un épisode racontant la chasse aux rats dans le cœur de Manhattan avait marqué les esprits. On était vraiment dans la chanson « New York, New York » de Liza Minelli ou Franck Sinatra et la « City that doesn’t sleep » !
Il n’y avait qu’une chose que je détestais dans ces nuits new-yorkaises: le départ des « business angels » vers 23h30 pour revenir sur l’île de Manhattan. Un soir de quart de finale où Pat Cash malmenait le grand André Agassi, j’ai ainsi vu se réduire massivement ce public peu connaisseur. Mais c’était aussi le moment où le public restant se rassemblait tout autour du court pour créer une ambiance absolument incroyable.
Surtout, ce moment me ramenait à ma jeunesse à…Roland-Garros ! Comment ? Vous ne saviez pas qu’on jouait de nuit à Roland-Garros dans un passé vieux de 50 ans ? Certes, la « night session » n’existait pas au début des années 70. Mais si la programmation nous emmenait tard, on continuait à la lueur de quatre minables projecteurs posés sur des poteaux de bois qui gênaient la visibilité autour du vieux Central.
"Je n’oublierai jamais un soir de 1974 où Ilie Nastase, tenant du titre, avait dû finir à la nuit contre le Français Georges Goven...
Je n’oublierai jamais un soir de 1974 où Ilie Nastase, tenant du titre, avait dû finir à la nuit contre le Français Georges Goven. Nous étions descendus tout près du court à mesure que les spectateurs partaient d’un Central rarement plein à l’époque. Sur un lob raté du Roumain, Goven smashait doucement. L’occasion pour Nastase de faire le show en lobant gentiment quatre ou cinq fois le Français jusqu’à ce qu’il finisse enfin le point…
Une ambiance d’exhibition dans laquelle un Mansour Bahrami aurait été parfaitement à sa place ! Précision utile : il s’agissait tout de même d’un 1/8e de finale des Internationaux de France, tournoi du Grand Chelem… « Le tennis, il a changé… » Un ou deux ans plus tard, les poteaux furent démontés. Et on ne reparla plus de nocturne à Roland-Garros avant l’établissement d’un toit en 2020. Autant dire que la « Night Session » n’est pas encore ancrée dans le paysage parisien. Pour l’instant, on la réduit à un seul match. En s’exposant forcément à la polémique.
Malgré Amélie Mauresmo, on n’a encore jamais osé placer un match féminin comme affiche nocturne à Paris. Reflet de l’état du tennis féminin, mais surtout la crainte d’un match express expédié en une petite heure. De fait, mardi soir, Carlos Alcaraz n’est resté que 1h40 sur le court ! Ça fait forcément réfléchir…

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