Tennis. Roland-Garros - Stan Wawrinka : "Je n'ai aucune garantie de revenir en 2026..."
Stan Wawrinka regagnera t-il un jour à Roland-Garros ? Battu ce lundi au premier tour par Jacob Fearnley, il est légitime de se poser la question. Le lauréat de l'édition 2015 est toujours chouchouté par le public français dès sa venue à Paris, mais la fin approche quand même. Tombé au 138e rang mondial, le Suisse a besoin d'une invitation pour jouer les plus grands tournoirs. Combien de temps sa carrière durera encore ? "Je ne vais pas m'arrêter maintenant" a t-il soufflé en conférence de presse.
Vidéo - Stan Wawrinka après sa défaite au 1er tour Roland-Garros !
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"Je suis allé tellement au-delà de mes rêves les plus fous..."
Question évidente que je vais oser poser. Dans le contexte de ce qu'il s'est passé, où vous en êtes au point de vue de la retraite ?
Voilà, je suis là devant vous après avoir perdu au premier tour de Roland-Garros. C'est vrai que je suis en fin de carrière, c'est clair, mais je ne vais pas m'arrêter maintenant. Chaque semaine me rapproche de la date fatidique, mais je pense qu'en général, je joue encore du bon tennis, je bouge encore bien, je m'amuse encore. Les défaites sont toujours difficiles à accepter. C'est toujours un problème d'équilibre, de sacrifice. C'est tout ce que l'on fait d’un côté pour parvenir à ce niveau. Il y a l'autre côté également, quand on n'a pas suffisamment de victoires. En ce moment, je n'en ai pas suffisamment. Mais bon, je viens de finir RolandGarros, on verra ce qui se passera dans les prochaines semaines.
Vous avez eu un parcours absolument incroyable dans votre carrière, dans votre vie. Qu'est-ce qui vous a donné le plus de satisfaction ? De quoi êtes-vous le plus fier dans votre carrière de tennisman ?
Je suis allé tellement au-delà de mes rêves les plus fous. Quand j'étais petit, je voulais juste être joueur professionnel pour être dans les tableaux principaux des Grands Chelems. J'ai réussi à le faire, à faire de belles choses pour la Suisse. J'ai pu le faire en Coupe Davis et aux Jeux Olympiques. Je suis très content de ce que j'ai pu faire jusqu'à présent.
Cela fait 10 ans que tu as remporté Roland-Garros. Quand tu es aujourd’hui sur le court 14, retrouves-tu les mêmes sensations de l'époque ?
Oui, je pense que cela ne changera jamais. Il s'agit des émotions que l'on ressent. Je suis tellement reconnaissant d'avoir eu tout ce soutien, ce public acquis à ma cause. Cela m'a tellement aidé à gagner des matches. C'est d'ailleurs l'une des raisons pour lesquelles je me pousse toujours plus loin, avoir encore la chance de pouvoir jouer ces matchs, même comme celui d'aujourd'hui. C'était difficile de perdre car ce n'est jamais sympathique mais ce soutien, c'est fabuleux.
Vous avez pensé où vous allez jouer prochainement ?
Non, pas pour l'instant.
"La satisfaction, c'est le soutien, le public et l'ambiance"
Sur ce match, tu penses que cela aurait pu changer beaucoup de choses si tu avais gagné le tie-break ?
Bien sûr que c'était important de passer devant. Aujourd'hui, il y a beaucoup de déception, de frustration. Physiquement, tennistiquement, je me prépare bien. Je pense être à un beau niveau avec tout ce qui se passe tous les jours, l'entraînement. Après un match, j'ai ce manque de confiance, ces hésitations. Toutes mes années derrière moi d'expérience et d'avoir vécu ces situations font que je me pose beaucoup trop de questions par rapport à ce que je devrais faire : simplement jouer au tennis et avoir ces automatismes. Je le paie cash contre ce genre de joueur, où j'hésite beaucoup trop, je n'ai pas confiance en ce que je fais. Cela me fait baisser mon niveau de jeu, clairement.
Est-ce que tu trouves malgré tout des sources de satisfaction aujourd'hui ? Si on continue, c'est que l'on a encore un peu de plaisir. Quel est le bilan ?
Le plaisir et la passion sont toujours là, c'est sûr. Aujourd'hui, la satisfaction, c'est le soutien, le public, l'ambiance, voir autant de monde essayer de me pousser, de m'encourager, être content d'être là, à mettre cette ambiance, c'est quelque chose d'exceptionnel. Je sais que je ne trouverai plus jamais ça dans d'autres carrières. Bien sûr que si je regarde l'ensemble de ce qui se passe, il y a encore de la satisfaction, beaucoup de plaisir. Maintenant, il faut que la balance ne penche pastrop d'un côté. D'un côté, il y a le poids de tous les efforts que je fais, tous les sacrifices, tout l'entraînement, la discipline que cela demande à 40 ans d'être encore à un niveau correct. D'un autre côté, il faut qu'il y ait un retour au niveau de victoires ou de matchs qui permet de se dire : cela en vaut la peine. Cela devient de plus en plus difficile aujourd'hui.
"Je ne reviendrai pas à Roland-Garros en demandant une wild-card"
Quels sont les points de passage clairs de ta programmation des semaines et mois à venir ? Loin de moi l'idée de vouloir te mettre à la retraite, mais les gens fonctionnent de façon différente. Pete Sampras annonce un an après son dernier match qu’il a fini. Richard Gasquet, ça fait plus de six mois qu’il a dit : j’arrêterai à Roland-Garros. À l’inverse, Caroline Garcia, ça fait juste trois jours qu’elle disait : c’est mon dernier Roland-Garros. Tu serais quelle team ? Team Gasquet, team Garcia, dans ta façon de faire ?
Une carrière, une retraite, c'est très personnel, c'est un ressenti. Je ne sais pas quelle team je serai. On va dire que je n'ai aucune garantie que je revienne l'année prochaine ici. C'est la réalité. S'il n'y a pas des victoires qui suivent, des résultats qui me font un peu monter au classement, c'est sûr que de toute façon, même si je ne pense pas l'avoir, je ne reviendrai pas en demandant une wild card ou autre chose. Là, ça donne déjà quelques réponses.
Pour les prochaines semaines, je ne sais pas. C'était la saison de terre battue qui finit, la première après Roland-Garros. J'avais tout fait pour garder un niveau de jeu voire très bon tous les jours. En tout cas, je suis très satisfait physiquement de ce que j'arrive encore à faire. Maintenant, il faut avoir aussi un peu de retour, de victoires, de la satisfaction aussi dans le résultat parce qu'à la fin, je suis un compétiteur. Malgré le plaisir et la passion, je joue aussi pour gagner. Aujourd'hui, la balance penche depuis le début de l'année trop d'un côté. Je suis convaincu que je suis encore capable de faire des choses, mais je n'ai pas encore trouvé la clé.
J'ai regardé beaucoup de matchs que tu as faits dans les Challengers. Comment tu compares ces matchs avec un match aujourd'hui, contre Fearnley ? Tu es plus hésitant maintenant, ici, de jouer Fearnley, parce que c'est un Grand Chelem ou parce que tu as fait des bons matchs ? Tu as battu Popyrin, etc. Tu as fait final. Comment tu vois cela ?
Un Grand Chelem, ce sera toujours différent qu'un Challenger. Que ce soit la pression qu'on se met, l’envie, les émotions qu'on met dans le terrain, forcément il y a un peu de tout qui est agrandi au moment des émotions, du stress ou des pensées qu’on peut avoir par rapport à un Challenger où c'est plus calme, tranquille.
Le niveau de jeu n'est pas mauvais aujourd’hui. Il n'est juste pas assez bon tout simplement pour passer devant. Ces dernières semaines, depuis le début de l'année, dans l'ensemble, la plupart des matchs, ce sont des bons matchs. Je n'arrive juste pas encore à trouver les clés.
J'ai réussi à Aix en faisant des bons matchs, en en gagnant un peu plus. Cela m'a donné un peu d'oxygène pour continuer à me pousser dans cette direction. Le niveau aujourd'hui entre le 30e et le 120e est très compact. On doit et on voit le nombre de matchs gagnés dans un sens comme dans l'autre, pas qu’avec moi mais avec tout le monde. C'est sûr que le niveau est très compact. On doit et on voit le nombre de matchs gagnés dans un sens comme dans l'autre, pas qu’avec moi mais avec tout le monde. C'est sûr que le niveau est très compact. On n'a pas le droit à l'erreur, peu importe contre qui on joue.
"Tous les jours, je me demande si c'est la dernière fois que je suis à Roland-Garros"
On a vu Magnus dans ton box. Qu'est-ce qu'il te donne comme conseils ? Qu’est-ce qu’il te dit après ton match ?
Après le match, c'est encore trop tôt. On n'a pas beaucoup discuté, à part un petit mot par-ci par-là. Magnus, cela reste un compétiteur. S'il est encore avec moi, c'est parce qu'il croit en moi, il sent que je suis capable. Il voit tous les efforts qu'on fait ensemble pour monter le niveau de jeu à l’entraînement. C'est forcément des grosses déceptions pour lui quand les défaites s'enchaînent. Ce n'est pas ce qu'on recherche, ce qui fait plaisir. Maintenant, comme je l'ai dit, aujourd'hui la réalité, j'ai 40 ans. Physiquement et tennistiquement, je suis encore à un très bon niveau. Cela veut dire qu'il m'aide aussi beaucoup, mais j'ai des choses en matchs qui font qu'il y a trop... Je l'ai vu trop de fois le film dans ma tête.
Oui, mais moi, tout est une possibilité, je l'ai toujours dit. Je ne vois pas les Challengers comme des mauvais ou petits tournois et que ce n'est pas mon niveau, parce que tout ce que j'ai fait dans ma carrière, pour moi… Tout dépend où j'en suis et ce que je veux et ce que je veux encore faire ou pas. Bien sûr que mon objectif premier serait de regagner plus de matchs et de remonter au classement, pour ne pas devoir demander des wild cards et être plus tranquille. En parlant comme ça, c'est facile. Il faut réussir à le faire, faire le bon programme. Comme je le disais aussi, les déceptions de perdre comme aujourd'hui ou ces dernières semaines, ça fait de plus en plus mal. À un moment donné, il faut savoir ce que l'on est encore capable de faire ou pas.
Tu as un rapport romantique aux dernières fois ? Les premières fois dont on se souvient, ce n'est pas forcément les meilleures. Il y a aussi les dernières fois, je ne sais pas, par exemple, la dernière conférence de presse à RolandGarros, la dernière fois que tu rentres sur le terrain. Ces pensées te traversent-elles parfois l’esprit et tu te dis « Là, c’est peut-être la dernière fois que j’ai vécu ça », ou tu fais abstraction ?
J’y pense bien sûr. Tous les jours, je me demande si c'est la dernière fois que je m'entraîne ou que je suis à Roland-Garros. Il y a de fortes chances, on ne sait pas. Cela fait partie de tout ce qui est dans ma tête malheureusement, de toutes ces pensées que je n'arrive pas à évacuer. Quand on est sur un match de tennis, quand on s'entraîne, il y a les automatismes de tout le travail qu’on a fait qui devrait ressortir. Comme je le disais avec toutes ces années dernières, toute l'expérience et ce que j'ai vécu, cela n'aide pas toujours.