Tennis. Roland-Garros - Tsitsipas : "Une chance de ne pas avoir joué Nadal sur le Chatrier"
Finaliste de Roland-Garros 2021 au terme d'une finale épique contre Novak Djokovic, Stefanos Tsitsipas n'a plus dépassé les quarts depuis. Le Grec semble même avoir pris du retard sur les cadors du circuit, Carlos Alcaraz, Jannik Sinner et même un joueur de sa génération, Alexander Zverev. Pourtant, le 20e mondial croit encore en ses chances et espère profiter d'un nouvel environnement et de nouvelles méthodes de travail. Avant de débuter contre Tomas Etcheverry, un match piège d'ailleurs, Tsitsipas s'est exprimé à ce sujet en conférence de presse vendredi.
Vidéo - Stefanos Tsitsipas avant de débuter Roland-Garros 2025
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"J'ai fait tout le nécessaire pour arriver ici dans ce Grand Chelem, en France, parce que c'est un de mes tournois préférés"
D'abord, on est ravi de te voir. Peux-tu nous dire comment tu t’es préparé ?
Depuis quelques jours, je me sens bien. J'ai décidé de ne pas aller jouer à Hambourg et de sauter cette semaine-là, parce qu'il était extrêmement important pour moi de me remettre en forme et en bonne santé. Les semaines précédentes avaient été très fatigantes, très exigeantes, donc il fallait que je me repose un peu. Ensuite, j'ai eu une bonne semaine de préparation chez moi et j'ai fait tout le nécessaire pour arriver ici dans ce Grand Chelem, en France, parce que c'est un de mes tournois préférés. J'adore venir jouer ici. J'ai toujours eu une bonne relation avec le public, un bon contact avec le public et j'ai un bon souvenir d'avoir joué en finale ici et d'avoir fait un tournoi sans faille cette année-là. Je viens ici en récupérant ma confiance, en espérant ne pas me retrouver coincé en quarts de finale comme les deux années précédentes. J'espère que je ferai une bonne édition de Roland-Garros et que les choses iront mieux pour moi cette fois-ci.
Vu de l'extérieur, on a l'impression que ça a été une année de maturation pour toi, les gens autour de toi. Est-ce que tu as l'impression d'être devenu un peu plus adulte ?
Oui, je l'ai reconnu, je l'ai accepté. Je sais qu'il y a pas mal de gens, parce que j'avais l'habitude de faire les choses à ma manière, d'avoir certains schémas de situations qui se répétaient et je pense avoir réussi à dépasser ça et à mieux contrôler ce que je souhaite et ce qui est nécessaire pour moi.
J’ai les choses beaucoup plus claires à l'esprit, je suis mon propre patron. J’ai jamais travaillé aussi dur dans ma vie. Je me pousse jusqu’aux limites tous les jours et ça c'est une bonne chose. C'est parfois difficile. J'ai eu deux années dures, je dirais, notamment après ce qu'il s'est passé aux Nitto finals, l’année où j’ai dû déclarer forfait ; ça a été très exigeant physiquement pour essayer de rattraper l’intensité du circuit. Je fais constamment de mon mieux. Il faut que mon corps soit toujours prêt, il ne faut plus que je m'écroule comme cela s'est passé à Turin cette année-là.
"J'ai le sentiment que les tableaux maintenant sont encore plus difficiles qu'a l'époque"
Tu es arrivé en finale ici il y a quelques années, qu'est-ce que tu ressens ?
Pouvez-vous répéter la question ?
Oui, le fait d'être arrivé en finale ici ça t’a donné confiance ou est-ce que ça a été difficile de revenir dans une vie normale ?
On se sent bien quand on arrive en finale de Grand Chelem ; on se dit qu'on joue bien, que c'est bien. Ça vous donne un peu de confiance. La possibilité de jouer à la fois sur le dur et la terre battue me donnent l'impression que je peux jouer vraiment aussi bien sur l'un que sur l'autre ; ça m’a donné beaucoup d'éléments de pourquoi j'avais perdu la finale. J'ai été exposé par deux fois contre Novak et c'est difficile de maintenir ce degré d'intensité. Ça a l'air évident, mais une année ici, j’étais très proche du moment, que j'étais très proche mais, en fait, j'étais très loin encore parce que j'étais face aux plus grands joueurs de l'époque.
J'ai le sentiment que les tableaux maintenant sont encore plus difficiles qu'a l'époque ; les joueurs sont plus mûrs, les coups ont changé, les joueurs jouent des deuxièmes coups droits assez fantastiques et des coups droits de retour fantastiques. Les choses évoluent en intensité. Je crois que ça n'a jamais été aussi intense que maintenant. Je vois une évolution constante et une évolution constante de ce sport dans la manière dont les joueurs se développent au cours des années.
"J'ai eu la chance de ne pas jouer contre Nadal sur le Chatrier"
Un des grands moments du tournoi sera la cérémonie faite en l'honneur de Nadal. Pouvez-vous nous dire pourquoi il était tellement fort sur terre battue ? Si tu devais choisir une caractéristique.
J'ai eu la chance de ne pas jouer contre lui sur le Chatrier, parce que je ne pense pas que c'aurait été une expérience amusante. J'ai joué contre lui sur terre battue, il a un don pour le faire, un talent, comme il l’a fait depuis des années. J’ai énormément de respect pour lui. Il m'a beaucoup appris sur le jeu sur terre battue, sur la détermination, sur la persévérance sur un court de tennis. J'ai toujours parlé de Roger Federer en disant que c'était la personne que j'admirais, mais je pense que c'était un peu des deux. Je n'ai jamais admis que c'était Rafa aussi, parce que j'avais le sentiment d'avoir un jeu qui est plus proche de celui de Federer mais peut-être que si j'avais eu un revers à deux mains comme lui, j'aurais peut-être joué comme lui autant de Roland-Garros, 29 Roland-Garros je crois, dont 14 victoires. En fait, c’est étrange de le voir arrêter la compétition et vivre une vie différente de ce qu'il a vécu pendant des années.
Qu'est-ce qu'il a fallu pour que tu deviennes ton propre patron, que tu prennes ta vie en main ? Quelle est la liberté ? Quelles sont les choses plus difficiles ?
Les responsabilités ? Je ne pense pas que j'aurais choisi cette trajectoire si je n'étais pas prêt pour les conséquences qui vont de pair. Je pense que ça me permet aussi de me sentir plus adulte. Je pense qu'avant, j'étais mûr déjà, mais il y avait des choses que je souhaitais imposer. Je voulais prendre davantage de responsabilités et ça va m'apprendre à mûrir plus vite et à faire face à des situations difficiles, pas seulement d'ailleurs sur un court de tennis mais aussi dans ma vie en général. J'ai beaucoup appris à cette occasion et ça m’a aidé à devenir une personne beaucoup plus forte et qui prend beaucoup plus de décisions... Désolé, je cherche mes mots parce que je mélange avec l'espagnol… Et aussi une personne plus forte. Je crois que c'est en français qu'on dit le mot « décisif ».
"Quand on voit Jannik et Carlos qui sont arrivés, le potentiel est différent..."
Vous dites que vous avez eu des échecs difficiles, ça doit être difficile d'analyser pour voir ce qu'il s'est bien passé, mal passé. Est-ce que c'est douloureux de se dire et de regarder en se disant : c'est ça une défaite en finale. Est-ce que vous vous dites : je n'ai pas envie de regarder ?
Je ne peux pas vous dire combien de fois je me suis dit « je n'ai pas envie de regarder ça » quand j'ai eu une défaite, parce que j'ai l'impression qu'on me redonne des coups de poing ou des coups de pied, de façon métaphorique. Je le fais plus depuis quelques semaines. Je passe davantage de points à apprendre le feed-back que m'apporte ce type de match, beaucoup plus que quand j'étais plus jeune. Je me suis rendu compte avec le temps que c'était ça qui était important pour bien développer mon tennis, pour grandir et que les données m'apportent beaucoup. Ces deux dernières semaines sur le circuit, j'ai fait beaucoup d'analyses. Mais aussi l'équipement peut vous apporter beaucoup ou vous enlever des choses. Je suis beaucoup plus analytique dans ce sens, j'analyse beaucoup plus les choses pour me construire une meilleure compréhension des choses que j'ai enlevées de mon jeu ou des choses sur lesquelles je dois me concentrer.
Est-ce que vous êtes prêt ? Pour la même finale avec Novak, cela avait duré 3 heures 40.
J'ai regardé peut-être 25 ou 40 minutes de ce jeu et je me suis rendu compte combien j'en étais éloigné de ce jeu que je faisais à l'époque et, d'ailleurs, je suis meilleur maintenant. Et pour revenir sur ce que j'ai dit tout à l'heure, le tennis est devenu plus intense quand on veut maintenir son niveau. Je me suis rendu compte en regardant cette finale que le tennis était très différent à l'époque que maintenant, quand on voit Jannik et Carlos qui sont arrivés. Le potentiel est différent.
Sur le même thème, quand tu regardes à nouveau cette finale de Grand Chelem ou grand match, est-ce que tu regardes les moments où tu gagnes ou pas ? Parce que cela peut te faire sentir bien quand tu vas au tournoi suivant, tu sais ainsi comment tu peux bien jouer ou est-ce que tu te concentres sur les moments où tu as moins bien joué ?
Il est aussi important d'analyser les points gagnés que les points perdus. Bien entendu, c'est beaucoup plus agréable de regarder ceux-là où on gagne. J'aime bien passer du temps. Psychologiquement c'est dur quand on se regarde et que l'on n'arrive pas à régler le jeu. Je regarde aussi les jeux où je gagne pour voir quels sont les schémas de jeu qui m'ont permis de gagner et j'essaie de me les recréer dans l'esprit, même en m'endormant. Parfois, je rejoue au tennis dans ma tête, ça paraît très bizarre, mais cela montre combien j'aime le tennis, j'aime la tactique derrière ce sport que j'ai choisi.
Je suscite mon esprit pour voir comment je pourrais faire si je rejouais une finale, qu'est-ce que je pourrais éviter, qu'est-ce que je pourrais recréer dans mon esprit. J'essaie de visualiser les choses pour essayer de me les imposer la prochaine fois où je serais dans une situation analogue. Je pense que le travail commence hors du court de tennis, même en allant me coucher.