Tennis. Rolex Paris Masters - Pour Félix Auger-Aliassime, Sinner n'est pas "intouchable"
Félix Auger-Aliassime fait une opération royale au Rolex Paris Masters. Le natif de Montréal s'est imposé ce samedi en demies contre Alexander Bublik 7-6[4], 6-4. Un succès qui permet à Auger-Aliassime de décrocher sa deuxième finale en Masters 1000, après Madrid en 2024. Surtout, le Canadien est à une victoire de la qualification pour les ATP Finals. S'il remporte la finale dimanche, le protégé de Frédéric Fontang sera officiellement qualifié pour les ATP Finals de Turin. Il faudra réaliser un immense exploit contre Jannik Sinner pour emballer le titre. Pas simple car Auger-Aliassime a gagné les deux premiers duels contre l'Italien mais a été dominé deux fois en 2025, avec notamment une punition 6-0, 6-2 à Cincinnati.
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"Mon jeu devient de plus en plus complet"
Bravo pour ta victoire. Tu disais hier que tu étais un homme différent de 2022. En quoi es-tu différent sur le plan tennistique et humain ? Comment vas-tu préparer cette finale ? Ce sera ta deuxième en Masters 1000 après celle de Madrid. Vas-tu l’aborder différemment ?
Pour la première question, j’essaie chaque année de m'améliorer comme joueur. Comme personne, j'essaie de rester fidèle à moi-même. C'est plus par rapport au joueur que je suis. J'essaie d'améliorer tous mes coups au fil des années. Mon service est beaucoup plus stable. Mon retour de service s'est amélioré, on en a vu la preuve aujourd'hui, j'ai bien retourné, en coup droit, en revers, en déplacement. Mon jeu devient de plus en plus complet.
À 22 ans, il y avait encore peut-être cette excitation à certains moments ou un peu d'insécurité. Si un jour, je jouais moins bien, il y avait un peu de stress qui venait, ou si une semaine allait moins bien. Aujourd'hui, j'essaie d'avoir une meilleure perspective par rapport à tout cela. Je me considère comme un bon joueur, l'un des meilleurs du circuit, mais il y a des jours où je jouerai moins bien, comme en début de tournoi, mais avoir cette acceptation de la difficulté, arriver à trouver les moyens de gagner, permet d'être dans des finales de tournois comme celui-là, en gagnant des matchs compliqués où on ne se sent pas toujours bien. C'est le point principal sur lequel je me suis amélioré. Par rapport à Madrid, il y avait un peu de nervosité, un excès de nervosité. J'ai eu des crampes assez tôt dans le match, au deuxième set, cela n'a pas aidé. Malgré tout, j'ai bien tenu. J'aborde le match de demain avec plus de tranquillité. Je vais essayer de bien me préparer pour être capable de durer tout le match.
Sur Alcaraz et Sinner : "Ces joueurs ne sont pas intouchables..."
Je voulais revenir sur le match contre Jannik à l’US Open. On ironise parfois sur les défaites encourageantes. Même si tu as perdu ce match, pendant un set et demi tu rivalisais et j’avais même l’impression que tu étais presque dominateur. N'es-tu pas sorti de là en te disant : finalement, je ne suis pas si loin de ce gars-là et peut-être d'Alcaraz ? Cette défaite t'a-t-elle fait du bien sur la forme ?
Avec le recul, oui, surtout que j'avais eu une défaite très sèche à Cincinnati où je n’étais pas du tout à la hauteur, et le retrouver deux semaines après et d'être tout de suite plus compétitif. À un moment, je l'ai vu douter. À certains moments, je me suis vu prendre le dessus du match. C’est vrai que pendant un set et demi, j'étais en très bonne position. Je me sentais vraiment au volant du match. Pour différentes raisons, son niveau, une baisse physique à certains moments, puis le match tourne, mais c'était encourageant. C'était encourageant de voir que ces joueurs ne sont pas intouchables. Ils sont très forts, parfois presque impossibles à jouer mais il y a une possibilité de les déranger.
"Depuis quelques mois, je sens que mon jeu se met en place, que je fais mon nid peu à peu"
Tu as beaucoup gagné ces derniers temps, je crois que tu es à 22 victoires sur tes 26 derniers matchs. Sur les trois derniers mois, c'est un petit échantillon, mais depuis Wimbledon, il n'y a que Jannik et Carlos qui ont pris le plus de points que toi. On parle pas mal en ce moment du fait qu'il n'y a pas vraiment de troisième homme sur le circuit. C'est très fluctuant, on a l’impression que c'est très ouvert derrière. As-tu l'impression de vivre la meilleure phase de ta carrière ? T'es-tu déjà senti aussi fort sur une durée de deux ou trois mois ? T'installer durablement dans le top 10, mais c'est peut-être beaucoup plus haut parce que derrière Jannik et Carlos, on a l'impression qu'il y a vraiment de la place à prendre.
Je ne vais pas trop me projeter. Je suis beaucoup le tennis, je regarde tout ce qui se passe, les autres joueurs, les dynamiques sur le circuit et je vois ce qui se fait de mieux. Il y a une équipe de Carlos qui est à un très haut niveau. Des joueurs ont montré beaucoup de la constance, on pense à Zverev ou Fritz qui ont montré depuis quelques années une très bonne constance dans ce qu’ils amenaient sur le court. J'ai encore du travail à faire à ce niveau-là. Depuis quelques mois, je sens que mon jeu se met en place, que je fais mon nid peu à peu, que je commence à maîtriser plus mon sujet. Cette période et celle que j'ai vécue en 2022 où j'avais réussi à gagner 16 matchs de suite ont probablement été les meilleures de ma carrière. Il y a eu de bonnes performances ici et là à d’autres moments. C'est une très bonne période professionnelle pour moi en ce moment.
Tu disais que tu cherchais constamment à progresser sur chacun de tes coups. On a vu que tu avais fait des gros progrès en revers sur les précédents mois. Quelle est ton approche entre le fait de travailler ces points forts pour être encore meilleur et essayer de compenser les points faibles, sinon on se fait attaquer par les adversaires ? Comment tu doses ce dilemme éternel pour les joueurs ?
Très bonne question. Il y a des moments où je travaillais peut-être trop mes points à améliorer et j'oubliais un peu mes points forts. On se dit : pour passer au prochain niveau, je dois améliorer mon revers ou mon retour. Les chiffres le montrent, je gagne quand même beaucoup mes matches avec mon service et mon coup droit. C'est important pour moi d'être chirurgical sur ces coups et de devenir maître de ce que je fais très bien. Après, peu à peu, par les matchs, les entraînements… On essaie aussi de découper les entraînements avec des périodes de 20 ou 30 minutes à la fin de l'entraînement pour travailler sur ce que l'on veut améliorer. Pendant 1 h 30, on travaille sur ce qui fonctionne et me fait gagner. C’est comme cela que l’on arrive à doser avec mon entraîneur. Quand je viens travailler, je sais qu’aujourd’hui je vais travailler sur ce que je veux améliorer ou parfois je vais travailler sur ce qui fonctionne, ce que je fais de bien, mais continuer à nettoyer tout cela et à peaufiner. C'est un peu comme cela que j'essaie de structurer ma préparation.

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