Tennis. ATP - Madrid, l'ultime bataille du gladiateur David Ferrer

"Je me suis battu jusqu'au dernier point. J'ai adoré ce sport. Je finis ma carrière comme je veux la finir. Je suis un homme chanceux. Je dois juste remercier tous ceux qui ont pu m'aider à réaliser cela. Ma famille et mes amis m'ont beaucoup aidé, pas seulement dans le tennis mais dans ma vie. Je n'oublierai jamais ce moment. Je n'avais pas de hautes ambitions car mon objectif cette année était d'être compétitif. Ca s'est mieux passé que prévu car j'ai fait de bons matchs. J'ai mieux fini que je ne l'espérais. C'était une bonne décision de finir là et d'arrêter à 37 ans. Encore une fois, je suis un homme chanceux." 

Le terrien aux 27 titres parmi les ovnis

David Ferrer a remporté 27 titres sur le circuit ATP. Parmi les joueurs en activité, seuls Roger Federer, Rafael Nadal, Novak Djokovic et Andy Murray font mieux. Preuve de sa constance, il compte sept participations au Masters. Il y brille notamment en 2007 en battant coup sur coup Novak Djokovic, Rafael Nadal, Richard Gasquet et Andy Roddick, avant de s'incliner en finale devant Sa Majesté Roger Federer. Un parcours brillant pour sa première au tournoi des maîtres, mais c’est entre 2011 et 2015 que David Ferrer connaît son apogée, période durant laquelle il remporte 17 titres. Il triomphe à Paris-Bercy en 2012, le seul Masters 1000 de son palmarès. Couronné quatre fois à Auckland et Acapulco, l’homme de Javea a également marqué de son empreinte les tournois de Valence, Bastad et Buenos Aires, où il s’est imposé à trois reprises.

Le Valencien n'aura eu de cesse de se battre sur un circuit dominé par des extraterrestres. Son palmarès aurait sans doute été bien différent s'il était né à une autre époque. Mais David Ferrer ne s'est jamais cherché d'excuse. C'est avec les armes à la main qu'il entrait dans l'arène pour défier les Federer, Nadal et autres Djokovic. Certes, il en est souvent ressorti battu. Mais il est parvenu, à quelques reprises, à quitter le court en vainqueur. Des moments rares, précieux, que l'Espagnol a appris à apprécier. "Ils ont fait de moi un meilleur joueur. Avoir été numéro trois mondial avec eux en face donne encore plus de valeur à ma carrière", confiait-il dans un entretien à La Razon en janvier. Interrogé sur le sujet à l’issue de leur ultime opposition au mois d’avril à Barcelone, Rafael Nadal avait tenu à mettre en valeur les réalisations de son compatriote : "Même s’il dit que je l’ai aidé à s’améliorer, David est parmi les joueurs les plus réguliers que j’ai vus et il a toujours joué à un niveau très élevé. Il mérite beaucoup plus que ce qu’il a accompli, de par son niveau de jeu et sa qualité humaine. Pour moi, après le Big Four, il a été le joueur le plus régulier de ces dernières années".  

Cette régularité dont parle Rafael Nadal se vérifie dans les chiffres. En près de 20 ans de carrière, Ferrer a disputé 1 111 matchs chez les professionnels. Seuls Federer et Nadal font mieux parmi les joueurs en activité. Le Valencien a également participé à 63 tournois du Grand Chelem, un total qui le place parmi le gratin du circuit ATP en la matière.

• Roger Federer : 75 participations 
• Fabrice Santoro : 70 
• Mikhail Youzhny : 69 
• Feliciano Lopez : 69 
• Lleyton Hewitt : 66 
• David Ferrer et Fernando Verdasco : 63

Idem pour ce qui est du nombre de victoires en Grand Chelem dans l’ère Open. L'Espagnol se situe juste derrière les plus grands joueurs de l'histoire, avec pas moins de 145 succès.

• Roger Federer : 342 victoires
• Novak Djokovic : 265 victoire
• Rafael Nadal : 253 victoires
• Jimmy Connors : 233 victoires
• Andre Agassi : 224 victoires
• Ivan Lendl : 222 victoires
• Pete Sampras : 203 victoires
• Andy Murray : 189 victoires
• Stefan Edberg : 178 victoires
• John McEnroe : 167 victoires
• Boris Becker : 163 victoires
• Lleyton Hewitt : 148 victoires
• Tomas Berdych : 146 victoires
• David Ferrer : 145 victoires

334 victoires et 13 titres sur terre battue

Comme la plupart de ses compatriotes, David Ferrer aura connu ses plus belles heures sur la terre battue. Une surface sur laquelle il a disputé la seule finale de Grand Chelem de sa carrière. Une surface sur laquelle il affiche un bilan de 334 victoires en 474 matchs. 13 de ses 27 titres ont ainsi été remportés sur l’ocre. Mais résumer David Ferrer à un joueur de terre battue serait une offense à l’ancien numéro 3 mondial. L'Espagnol s'est aussi avéré redoutable sur dur. Il atteint d'ailleurs par deux fois le dernier carré de l'Open d'Australie (2011, 2013) et de l'US Open (2007, 2012). Egalement à son crédit, des finales aux Masters 1000 de Shanghai (2011), Miami (2013) et Cincinnati (2014). Ferru a même su tirer son épingle du jeu sur gazon, puisqu’il a remporté le tournoi de Bois-le-Duc en 2008 et 2012. Sans oublier cinq présences en deuxième semaine à Wimbledon, dont deux quarts de finale en 2012 et 2013.

Le détail des 734 victoires de David Ferrer sur le circuit ATP (en 1 111 matchs)

• Terre battue : 334 victoires en 474 matchs (71%)
• Dur : 347 victoires en 547 matchs (63%)
• Gazon : 44 victoires en 70 matchs (63%)
• Moquette : 9 victoires en 20 matchs (45%)

Très attaché à ses racines, David Ferrer s'est toujours fait un point d'honneur à défendre le drapeau de son pays. Aux Jeux Olympiques, à Pékin (2008), Londres (2012) et Rio (2016). Mais aussi et surtout lors de la Coupe Davis. Une compétition qui lui a offert d'intenses moments d’émotion. Ferrer a soulevé le Saladier d'Argent à trois reprises, en 2008, 2009 et 2011. Gravées dans le marbre, des victoires épiques, en cinq sets. Sur Andy Roddick, en demi-finale de l'édition 2008, à l'issue d'un bras de fer de 3h17. Sur Radek Stepanek, après 4h17 de jeu, lors de la finale 2009. Sur Juan Martin Del Potro, sur la terre battue andalouse, au terme d'un combat de 4h43. Sur Philipp Kohlschreiber l'an passé, en 1/4 de finale, après un marathon de 4h51 dans les arènes de Valence. Le droitier de Javea possède d'ailleurs un bilan remarquable en Coupe Davis avec 28 victoires en 33 rencontres.

Un guerrier qui fait l'unanimité

Comme un symbole, la plus belle quinzaine de sa carrière s'est achevée par une défaite face à son compatriote Rafael Nadal, sur le Court Central de Roland-Garros, un dimanche de finale en juin 2013. De tournoi du Grand Chelem, David Ferrer n'en aura jamais gagné. Pas même en double. L'Espagnol a connu de nombreuses défaites douloureuses. Quatre finales à Barcelone, un tournoi qu'il n'a jamais remporté. Cette finale à Miami en 2013 face à Andy Murray, malgré une balle de match. Cette demi-finale épique du tournoi de double aux Jeux Olympiques de Londres (6-3, 4-6, 18-16), où il s'incline avec Feliciano Lopez après avoir eu quatre balles de match face à la paire Tsonga-Llodra... Mais il restera de David Ferrer l'image d'un joueur accrocheur et exemplaire, respecté de tous. Sorte de perdant magnifique, qui tire néanmoins sa révérence avec 27 titres au palmarès. Les multiples hommages que lui ont rendus les autres joueurs du circuit ne mentent pas. 

"Je suis admiratif de son éthique de travail et de sa personnalité. Aussi de ses succès, bien sûr. Mais la personne vient en premier. Il a toujours été le même gars et j'ai toujours apprécié ça. Il a tout mon respect". Roger Federer.

"C'est un exemple de pugnacité et de volonté. Il a toujours cherché à donner le meilleur de lui même sur le court. C'est une grande perte pour le tennis mais aussi pour le vestiaire". Rafael Nadal.

"C'est l'un des plus grands guerriers de l'histoire du tennis. Avec Nadal, je ne vois personne qui a une telle attitude sur le court, qui joue avec une telle intensité et qui se bat de cette manière lors de chaque match". Alexander Zverev.

"Sa carrière est fantastique. Je ne lui souhaite que le meilleur. C'est un grand joueur et un super gars. Il manquera au tennis". Dominic Thiem.

"Je suis très heureux qu'il se retire en bonne forme, entouré de ses proches, de son public, dans une ville comme Madrid, devant sa femme. De par son comportement en dehors du court, je pense qu'il a été un exemple pour nous tous". Juan Martin Del Potro.

#GraciasFerru ❤@DavidFerrer87 | #MMOPEN pic.twitter.com/K0lO8VAKXw

— ATP Tour (@ATP_Tour) 8 mai 2019

Père d'un petit Leo depuis mai 2018, Ferrer entame désormais un nouveau chapitre de sa vie. En attendant que son chemin recroise celui du tennis, pourquoi pas comme capitaine de l’équipe espagnole de Coupe Davis, l’athlète va pouvoir profiter d’un repos largement mérité auprès des siens. Gracias Ferru. Hasta siempre.