Tennis. Roland-Garros - Jack Draper : "Mon US Open 2024 a été un moment déclencheur"
Jack Draper a calmé les ardeurs de la pépite brésilienne Joao Fonseca (6-2, 6-4, 6-2), ce samedi au troisième tour de Roland-Garros. Trop puissant, trop précis, trop fort, le Britannique disputera son tout premier huitième de finale à Paris. Pour rappel, il n'avait jamais gagné le moindre match à Roland-Garros par le passé. Les progrès sont là et le changement de statut se confirme, même sur terre battue. De plus, Draper sera grand favori contre Alexander Bublik pour une place en quarts. Le Britannique a clairement un coup à jouer Porte d'Auteuil.
Vidéo - Jack Draper en huitièmes de Roland-Garros 2025
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"Il faut laisser le temps au temps. Il est déjà dans le top 50 dans le monde"
Félicitations Jack, peux-tu parler du match d'aujourd'hui s'il te plaît ?
Je pense que c'était une performance solide de mon côté. J'ai fait un bon travail. Les conditions étaient difficiles. J'ai bien commencé l'entame du match. Ensuite, j'ai réussi à lâcher mes coups pendant tout le match. C'était plus difficile de finir le deuxième set, mais j'ai été ravi de la manière dont les choses se sont déroulées.
Bien joué ! L'amortie était très efficace aujourd'hui. As-tu prévu d'utiliser des amorties ou tu t'es dit : "Bon, ça fonctionne bien, je vais continuer à avoir recours aux amorties." ?
Oui, j'ai essayé de le pousser dans ses retranchements, avec mon coup droit. Comme je voyais qu'il avait des difficultés au niveau physique, notamment sur son revers au deuxième set, au troisième set, c'était un bon plan de jeu, parce que j'ai pu alors décocher des amorties, et cela a fonctionné plutôt bien pour une fois aujourd'hui. C'était une bonne tactique. Quand on essaie de pousser quelqu'un avec un coup droit puissant, il ne s'y attend pas forcément.
As-tu le sentiment qu'il se trouve là où tu étais il y a quelques années ? Il n'a pas encore toutes les clés de la solution d'un match ?
Physiquement, c'est plus difficile pendant les Grands Chelems également. Il est au troisième tour, il a 18 ans, c'est tout de même impressionnant. Moi, j'ai 23 ans, j'ai donc quelques années de plus. On change énormément, ne serait-ce qu'en une année. Il faut laisser le temps au temps. Il est déjà dans le top 50 dans le monde. Il a déjà gagné en expérience et au fur et à mesure, il va acquérir davantage d'expérience. Il doit aussi s'entraîner partout dans le monde. Et au fur et à mesure que le temps passe, il va affiner son jeu. Il sera en mesure, certainement, de créer des exploits.
"On peut être un joueur de plus haut du classement, mais on ne laisse pas forcément un nom dans l'histoire du tennis"
Concernant les amorties encore, je suis curieux. Il y a des joueurs qui s'en tiennent à leur zone de confort et leur force, mais toi, pas forcément. À quel point est-ce important de se pousser hors de sa zone de confort malgré tout cela ?
Eh bien, c'était assez naturel pour moi. Moi, je ne m'entraîne pas à faire des amorties. Je dis toujours à mon entraîneur, on ne s'entraîne pas aux amorties, parce qu'à ce moment-là, mes amorties vont s'empirer ! Cela me vient naturellement. Comme je l'ai dit, je peux être en mesure, à ce moment-là, de pousser l'adversaire vers le fond du court, et c'est là que je peux décocher des amorties. Comme ils sont loin dans le court, à ce moment-là, c'est plus difficile pour eux pour rattraper les amorties.
Quant à ma zone de confort, je fais des services-volées. J'y ai recours parfois. Je pourrais l'utiliser davantage d'ailleurs. Quand on joue contre les meilleurs joueurs du monde, il faut forcément avoir beaucoup d'atouts. C'est ce que j'ai été en mesure de faire aujourd'hui.
Contre cet adversaire, on avait le sentiment que lui était un petit peu au-dessus de son niveau habituel, parce qu'il jouait contre toi. Par exemple, quand tu as joué contre Novak, qui est classé plus haut, qu'est ce qui t'es venu à l'esprit ?
Dans les Grands Chelems, il y a le défi physique qui peut me donner du tourment, parce que je vois que le joueur est mieux classé que moi, et on peut se retrouver face à quelqu'un qui a confiance en soi, qui joue du bon tennis, et alors on sait qu'il faut remporter 3 sets. Et ça, c'est un défi de taille, notamment en Grand Chelem. Je pense donc que cette expérience d'être parmi les joueurs du haut du classement, si on n'a pas ce sentiment-là, il faut forcément surjouer. Ces dernières fois où j'ai joué contre Joao, il était très agressif, très physique. Il essayait d'attraper toutes les balles. Il a été obligé d’en faire trop. Mais c'est l'expérience et le temps, et le fait de jouer match après match, et de s'exposer, de se mesurer aux plus grands joueurs du monde, c'est là où on s'étoffe, où on pourra faire son armure.
Certains l'ont dit, toi tu es passé par le même processus que lui et là, tu as fait cet énorme saut, cet énorme bond l'année dernière. Y a-t-il un match qui, selon toi, a fait la différence, a déclenché tout cela, qui t'a permis d'avoir un sentiment différent par rapport au tennis ?
Après que j'ai perdu l'année dernière, j'étais à une étape où j'étais 14ème mondial, et j'essayais de comprendre les clefs nécessaires à faire un saut au classement. Et il n'y avait pas un match précis qui ait pu changer, mais peut-être le fait d'avoir décroché un titre à Stuttgart. Je pense que ça, cela a été le moment. J'avais été à deux ou trois finales et, je me disais : parfois, au tennis, on peut être un joueur de plus haut du classement, mais on ne laisse pas forcément un nom dans l'histoire du tennis. Ce qui est important, c'est de se dire, au moins, j'ai gagné un titre, j'ai accompli quelque chose. Au moment où j'ai remporté ce titre, c'est un poids qui s'est ôté de mes épaules. C'est là où j'ai pu accomplir des progrès.
À partir de là, j'ai continué mon chemin, je suis arrivé en demi-finale à l'US Open aussi. J'ai eu le sentiment encore d'accomplir des choses et que j'avais ma place parmi les joueurs au plus haut du classement. J'ai pu aussi être plus régulier dans mes entraînements. J'ai été en mesure de me mesurer aux meilleurs joueurs, de m'entraîner avec les meilleurs joueurs. C'est une combinaison de tout, en fait. C'est un sport où il faut avoir confiance en soi. La régularité aussi, c'est ce que j'essaie de faire avec mon tennis, trouver aussi les clés de succès dans mon tennis, et le mettre en application.
Pour rebondir par rapport à ce que tu as dit sûr sur l'US Open, à quel point cela a affecté ta confiance en toi ? Est-ce que ce parcours à New York t'a permis d'acquérir des connaissances, des savoir-faire que tu peux mettre en application dans d'autres Grands Chelems, parce que c'est différent un Grand Chelem par rapport à un tournoi d'une semaine ?
Parfois, il faut choisir les moments où il faut se pousser davantage, parfois on a le sentiment qu'on manque d'énergie. Les premiers jeux dans un premier set sont très importants. Peut-être que ce n'est pas pareil si on a gagné un premier set. Moi, je ressens toujours le moment où je suis en mesure de changer de braquet. Je ne peux pas le faire à tous les moments. Il faut savoir quand élever son niveau, et quand ne pas le faire. L'US Open a été un moment déclencheur, quand on joue un match en 5 sets, on essaie d'arriver à finir en 4 sets plutôt qu'en 5 sets. Andy et Novak, tous ces joueurs ont joué des centaines de matchs de cet acabit. Je ne sais pas combien de matchs ils ont pu jouer, mais il faut accumuler des matchs en Grand Chelem. À chaque fois, on en fait un de plus et on gagne en expérience par conséquent. Cette demi-finale m'a certainement aidé considérablement.
Tu as deux victoires contre Fonseca de suite. Tu as dit qu'il a moins d'expérience, mais il est quand même en mesure de battre de grands joueurs comme Rublev. Est-ce une question de match, ou peut-être que ton jeu ne lui convient pas ?
Chaque fois que j'ai joué contre lui, c'était difficile. J'étais en mesure de lui envoyer des balles hautes, de frapper fort. Et quand la balle est à hauteur de son épaule, j'ai essayé de continuer de jouer à contrepied contre lui, notamment j'essaie de faire en sorte de le faire bouger beaucoup, qu'il doive vraiment attraper chaque balle. Et j'étais en mesure, à chaque fois, de retourner la balle avec un coup de qualité. Et c'est ça je pense. Il a très bien servi aujourd'hui. Son retour est très bon. J'ai essayé de mettre de la pression sur lui. Moi, j'ai bien servi. Je ne sais pas... Je ne veux pas dire que c'était une belle rencontre, parce que je sais que je vais l'affronter bien des fois encore, et je sais qu'il va s'améliorer à chaque match. Mais les deux premières fois où j'ai pu l'affronter, j'ai le sentiment que mes qualités ont pu prendre le dessus.