Tennis. Roland-Garros - Ph. Doucet : "Les matchs en 5 sets ne sont pas les plus gênants"
Il est de retour sur Tennis Actu pour vous livrer ses chroniques. Philippe DOUCET dit "La palette" ! Vous connaissez forcément. Le consultant foot de Canal +. Né le 16 août 1962, Philippe DOUCET est aussi et aujourd'hui gérant de son entreprise "La Palette a Doudouce" et cette année, en balade tous les jours à Roland Garros, Philippe Doucet nous raconte une anecdote par jour… et c'est sur Tennis Actu.
Vidéo - Arthur Fils forfait après un combat épique en 5 sets
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"Ni la Coupe Davis, ni les Jeux Olympiques, ni les finales de Masters 1000 ne se disputent plus au meilleur des cinq manches. Et y perdent beaucoup…"
Les Grand-Chelems ne sont pas des tournois comme les autres. Et encore plus depuis qu’ils sont l’unique théâtre des matches en cinq sets chez les hommes. Ni la Coupe Davis, ni les Jeux Olympiques, ni les finales de Masters 1000 ne se disputent plus au meilleur des cinq manches. Et y perdent beaucoup… Dans la journée de mercredi, cinq matches incroyables ont atteint la manche décisive ! Chaque fois avec des scénarios différents… Un Mensik colle 6/2, 6/1 à Rocha avant de perdre nettement les trois manches suivantes. Bublik faisant le même coup à de Minaur…
Quant à Fils, il arrache les deux premières manches puis souffle dangereusement avant de conclure finalement au 5e set après avoir été mené d’un break. On saura plus tard que c’est une blessure qui a favorisé ce scénario fou. Le lendemain, ce sont encore Rune et Halys qui ont lutté au-delà des quatre heures de jeu. Et encore un Paul-Khachanov hyper serré. Sans oublier le combat entre Tallon Griekspoor et Ethan Quinn samedi. Les Grand-Chelems sont autres, d’abord parce qu’ils se déroulent sur la longueur des cinq sets. C’est, évidemment, ce qui permet aux meilleurs d’éviter la mauvaise surprise de début de tournoi qui peut toujours guetter sur deux sets face à un adversaire déchaîné et en état de grâce.
"Surtout, ce format permet de jouer différemment. De laisser passer l’orage, voire une blessure, une crampe, un malaise, un vague à l’âme"
Et, surtout, ce format permet de jouer différemment. De laisser passer l’orage, voire une blessure, une crampe, un malaise, un vague à l’âme, pour mieux revenir plus tard. Alexander Zverev s’était ainsi fait une spécialité des retards à l’allumage et avait besoin de jouer des cinq sets dès les premiers tours. Jusqu’au moment où il s’est aperçu que ces efforts en trop se payaient dans la fin du tournoi. En termes de stratégie de match, on se souvient de la gestion de Novak Djokovic en finale de Roland-Garros face à Tsitsipas en 2021. Il est vrai que Nole avait fait son coup préféré : le passage au vestiaire après la perte du deuxième set. Dès lors, il sembla transformé et ne laissa aucune chance à son adversaire. Seuls les cinq sets permettent de telles transformations.
Bien sûr, le principal ennemi est la durée : la lassitude des joueurs mais surtout du public. Quand on voit le tennis devenir de plus en plus un show que Monfils, la Night session et la musique magnifient toujours plus, on se dit que le spectacle pourrait être redimensionné pour éviter tout risque de monotonie. Sauf que la dramaturgie offerte par les cinq manches est à nulle autre pareille. Seuls la durée, la fatigue, les renversements de situation peuvent offrir un tel scénario. Effectivement, on peut être à deux points de la fin d’un match et être encore au bord du court trois heures plus tard. Et ces scénarios infernaux ne peuvent tenir en haleine à longueur d’année. Mais réservé aux Grands-Chelems, cela marche à tous les coups…
"Finalement, ce ne sont pas les matches en 5 sets qui sont le plus gênant. Ce serait plutôt les autres…"
Jeudi, je n’arrivais pas à quitter le bord du Court 6 où Shapovalov et Misolic se tiraient une bourre incroyable. Et je n’étais pas le seul. Malgré l’heure avancée, malgré les hurlements sur le Central pour Monfils, personne ne quittait le bord du court pour un match à suspense du 2e tour entre un Canadien et un Autrichien ! Il y a une atmosphère si spéciale. Une expérience à part… Ca marche à tous les coups, on vous dit… Certes, on se penche sans cesse sur le problème de la durée. On vous parle régulièrement de raccourcir les matches avec le « No Ad », en abandonnant le let ou en faisant des sets de quatre jeux. Mais ça marche, le public ne lâche rien, ne se lasse pas de la dramaturgie qui se met en place lentement mais sûrement.
Finalement, on en arriverait à se dire que ce ne sont pas les matches en 5 sets qui sont le plus gênant. Ce serait plutôt les autres… Ces matches déséquilibrés où le troisième set paraît en trop. Ce que pensaient probablement les spectateurs voyant Jakub Mensik (tête de série n°19) exploser le qualifié Henrique Rocha 6/2 6/1. Ceux qui sont partis ont dû bien le regretter…