Tennis. Roland-Garros - Une 12e finale de Nadal : "Un autre le fera !"
Par Adrien BACHY le 08/06/2019 à 21:50
Incontestable Rafael Nadal. Opposé à Roger Federer pour ce qui était leur 39ème confrontation sur le circuit, l'Espagnol a clairement été au dessus et s'est qualifié pour sa douzième finale à Roland-Garros. Succès 6-3, 6-4, 6-2. Malgré le vent qui soufflait très fort, les deux hommes nous aurons offert de très beaux échanges, mais c'est bien le taureau de Manacor qui a souvent eu le dernier mot. En face, Federer aura tout tenté mais son adversaire était clairement plus fort. Dimanche, Rafael Nadal jouera pour une douzième couronne Porte d'Auteuil, un record bien sûr pour le Maître des lieux qui ne doute pas qu'un autre viendra un jour battre ce record. Sans doute pas de sitôt... Il devra d'ailleurs attendre samedi pour savoir s'il défiera de nouveau Dominic Thiem ou Novak Djokovic en finale.
Vidéo - Nadal : "Federer, mon plus grand rival de toute ma carrière"
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Mais quel plaisir d'avoir retrouvé ces deux hommes se livrer une nouvelle bataille sur le court Philippe-Chatrier. D'ailleurs, Rafael Nadal n'a pas caché sa joie d'avoir de nouveau affronté son meilleur ennemi sur le court et de le voir de retour au top sur terre battue. "C'est très particulier, ces moments que nous vivons sur le court, des moments comme aujourd'hui. Pour moi, personnellement, j'ai remporté une victoire importante, très importante à mes yeux. Pour le tournoi, et pour Federer, le fait que Federer soit de nouveau sur la terre battue, qu'il soit de nouveau compétitif, c'est quelque chose d'important. Je pense qu'il va repartir quand même avec de bonnes sensations parce qu'il s'est bien battu pour gagner Roland-Garros" a-t-il déclaré.
Félicitations pour ce match, et d'être arrivé en finale. Comment avez-vous pu exécuter votre plan de jeu contre Roger, qui avait fait un très bon tournoi ? Il vous a complimenté sur comment vous avez joué aujourd'hui.
Merci, je ne savais pas ce qu'il avait dit. Il a bien joué aussi, et cela fait aussi longtemps que je joue très bien. Les conditions étaient très difficiles à gérer. C'était un jour où il fallait être concentré, accepter toutes les conditions adverses, rester concentré et positif tout le temps. C'est ce que j'ai essayé de faire. Je pense que le début du match n'a pas été d'un niveau parfait pour tous les deux. Mais après 5 ou 6 jeux, le match est vraiment devenu un match avec un bon niveau de tennis. Il y a eu de très beaux points, et pour être honnête, avec ces conditions que l'on avait, jouer comme on a joué, c'était vraiment un excellent niveau.
Quand vous vous préparez pour jouer Roger, est-ce que vous l'approchez comme n'importe quel autre match ?
Les demi-finales de Roland-Garros, ce n'est pas un match comme n'importe quel autre. C'est la première chose. J'étais face à mon plus grand rival de toute ma carrière, avec toute l'histoire que l'on partage. Pour moi, c'est toute ma carrière, et pour lui, c'est pratiquement toute sa carrière aussi. Cela rend le match un peu plus spécial et unique. On se connaît bien. Mais il est vrai que l'on n'avait pas joué aussi souvent qu’il y a 8 ans. C'étaient donc des sensations un peu différentes. Il a un peu changé sa manière de jouer, et moi aussi. Il fallait un peu réajuster toutes les habitudes. Mais si vous faites des grands changements pour jouer contre un adversaire, alors vous êtes en difficulté. Mon objectif, en particulier sur cette surface où j'ai beaucoup de succès, c'est toujours de faire ce que je fais, et ce que je sais bien faire. Si je suis capable de faire cela, en général, j'ai mes chances.
Bravo. Thiem a pu vous battre 4 fois sur terre battue, si je me rappelle bien. Mais vous avez joué 11 finales ici, ce sera votre 12ème finale. Björn Borg, un phénomène, a pu gagner 6 fois en 6 finales. Vous allez peut-être doubler son score. Est-ce que c'est incroyable ? On n'a jamais pensé que ce serait possible. Quelle est votre réaction par rapport à cela ?
Oui, c'est incroyable, pour être honnête. C'est quelque chose de très spécial, et très difficile à expliquer, mais nous en sommes là. Le jour où on commencera à penser si c'est incroyable ou pas, ce sera le jour où il faudra faire quelque chose d'autre. Ce que je dois faire, c'est ne pas penser à si c'est incroyable ou pas. Pour moi, c'est juste réel, même si c'est quelque chose dont je n'avais jamais rêvé, il y a 5, 6, 8 ans. Cela se produit aujourd'hui, et mon objectif est d'essayer de continuer à aller de l'avant. Je ne vais pas avoir un excès d'ambition. J'essaye juste de profiter de ce que je fais. C'est un objectif, un accomplissement d'être encore en finale de Roland-Garros, en particulier en revenant de situations difficiles, avec toutes les blessures, et pouvoir retrouver le niveau que j'ai eu ces dernières semaines, j'en suis très fier. Je suis juste concentré sur aller de l'avant, et bien faire ce que je sais faire.
Au bout de tant d'années, vous voir jouer de cette manière, c'est incroyable. Pour faire écho à ce qu'a dit Roger, comment avez-vous vu ce match ? Et quel avenir penses-tu avoir à Roland-Garros ?
J'espère que nous aurons tous les deux un grand futur devant nous. Évidemment, on ne va pas être encore là d'ici 10 ans. Ensuite, le match d'aujourd'hui a été très particulier. Il y a 5 ans, nous n'aurions jamais pu envisager d'être à ce niveau de notre carrière, avec un tel niveau de tennis. Il faut que nous remercions tous ceux qui nous ont aidés, tous ceux qui nous ont entourés, tous ceux qui nous ont donné la possibilité de vivre de tels moments. Pour moi, personnellement, j'ai remporté une victoire très importante à mes yeux. Pour le tournoi, et pour Federer, le fait que Federer soit de nouveau sur la terre battue, qu'il soit de nouveau compétitif, c'est quelque chose d'important.
Federer disait qu'il ne connaît personne sur le circuit qui puisse s'approcher de ta manière de jouer au tennis. Il ne pourrait trouver aucun sparring-partner qui soit à ta hauteur pour s'entraîner. Qu'est-ce que cela t'inspire ?
Moi non plus, je ne trouve personne pour m'entraîner qui joue comme Federer. Il n'y a pas 2 Federer dans ce monde. Heureusement, d'ailleurs ! En fait, ce sont des matchs particuliers, des conditions particulières, aussi. Et lui comme moi, nous nous connaissons, c'est vrai, sur le court, on s'est rencontré à de nombreuses reprises. Mais ce sont des matchs où l'on peut toujours essayer de trouver ce petit plus, ce coup supplémentaire. Lorsque je joue contre Roger, j'attends toujours le mieux de sa part, et je me prépare pour pouvoir faire face du mieux possible, au meilleur tennis qu'il a à offrir. Parce que tout ce qu'il a fait au cours de ces années, tout ce genre de matchs que nous avons eus, toute cette expérience fait que l'on est en droit de penser qu'il sera en mesure de donner son meilleur tennis. Et parfois, il y arrive, parfois, non.
Rafa, en trois siècles de tennis, on n'a jamais vu quelque chose comme cela. Et j'ai l'impression que tes statistiques, on ne va jamais les retrouver.
On m'a déjà posé la question plusieurs fois. J'ai déjà gagné 11 Roland-Garros. C'est vrai. Un 12ème, cela dépend de beaucoup de facteurs différents. Après, si je l'ai fait, moi, je me considère comme une personne plutôt normale, je suis certain qu'un autre pourra le faire. Après, c'est vrai qu'il faut avoir une conjonction de facteurs, de la chance, des qualités physiques indéniables, c'est sûr. Et puis, une carrière assez longue aussi pour le faire. Il faut avoir la possibilité de jouer au moins 11 fois, pour gagner au moins 11 fois. Mais les records sont là pour être battus.
Tu as déclaré il y a peu qu'il y a 5 ans, ni toi ni Federer ne pensiez vous retrouver en finale ici. C'étaut peut-être la dernière fois que ce grand derby du tennis avait lieu ici, à Roland-Garros. Est-ce que tu as eu cette sensation ? Est-ce que tu as pensé que c'était peut-être la dernière fois que tu affrontais Roger ici ?
Non, non. Cela ne m'a même pas effleuré l'esprit. Cela peut toujours être la dernière. C'est une réalité absolument logique, parce que les années passent, et nous avons tous nos petits problèmes. J'aimerais que ce ne soit pas la dernière fois, en tout cas. Je crois que lui comme moi, nous apprécions les matchs comme celui d'aujourd'hui. Nous les vivons avec une émotion particulière, après tout ce que nous avons partagé sur les courts. Mais bon, c'est vrai que nous avons un certain âge. En même temps, on est quand même en demi-finale de Roland-Garros. Donc si on est en demi-finale de Roland-Garros, on ne pense pas à partir à la retraite.
Pour la finale, Thiem, Djokovic, qu'est-ce que cela change pour toi ? Tu les as affrontés tous les deux cette année. Comment tu te sens ? Est-ce que tu peux nous expliquer cela ?
L'un comme l'autre, ce sont des adversaires vraiment de haute tenue. De toute manière, dans une finale comme celle-ci, l'adversaire est toujours à la hauteur. C'est cela qui fait que c'est un sport encore plus intéressant et meilleur encore. J'espère être prêt à donner mon meilleur niveau, contre l'un ou l'autre. J'ai confiance en moi. Après, si je n'arrive pas à mettre en place ce que je veux, cela va être très compliqué. Mais si je joue bien, et j'ai plutôt bien joué jusqu'à présent, j'ai toutes mes chances.
Pour revenir au match, tu as dit en anglais que tu avais décidé de ne pas te compliquer la vie avec le vent, de ne pas trop penser au vent. À un moment, Roger était à 4/4, dans le deuxième set, 40/0. À ce moment, il s'est dit : « Je vais jouer, mais je pourrais quand même perdre le set, etc. » Et toi, tu penses que si tu avais concédé ton service à ce moment, cela aurait été plus dangereux ?
Effectivement, j'ai quand même pensé au vent. J'ai essayé, peut-être pas de faire abstraction, mais en tout cas, j'étais décidé à ne pas me plaindre, ou à me plaindre au minimum et à ne pas protester en cas d'une erreur, en cas d'une balle qui serait sortie à cause du vent, etc. Il y a trois moments-clés dans ce match. Tout d'abord, gagner le premier set. Le deuxième jalon, c'est lorsque j'ai débreaké, avec le vent contre moi, parce que ce n’était vraiment pas facile. Donc débreaker, pour passer de 2/0 à 2/1, c’était important. Et l'autre point décisif, c'est le 4/3, pour passer à 4/4. J'étais à 15/30, ensuite il a eu deux fois égalité, puis il a eu une balle facile. Mais moi, je lui ai décoché un passing croisé très efficace, puis il y en a eu un autre, avec un rebond très haut. Et la position était plus favorable pour moi, donc j'ai réussi à faire une demi-volée, et cela m'a donné un coup gagnant. C’était cela, le troisième moment important. Ensuite, gagner le jeu suivant, où il était 40/0, il aurait pu me breaker à 4/3, s'il ne te breake pas, de toute manière, toi tu sers avec le vent contre toi. Donc cela a été un changement de dynamique très important au niveau mental, pour lui, en sa défaveur, et pour moi, en ma faveur.

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