ITW - Benjamin Bonzi : "Sincèrement, je fais partie des bien lotis"
Par Aude MAZ le 07/05/2020 à 07:26
Depuis qu'il avait passé un tour à Roland-Garros en 2017, face à un certain Daniil Medvedev (7-5, 6-4, 6-1, 3-1 ab), qui a bien changé de statut depuis, Benjamin Bonzi était un peu sorti des radars pour le grand public. Si ce n'est un premier tour face à Lucas Lacko à Wimbledon l'année d'après, le Nimois de naissance, brillant sur le circuit ITF, a eu du mal à confirmer en Challenger. Mais l'ambition et la motivation sont toujours là. Auteur d'une fin de saison 2019 et d'un début 2020 très prometteurs, le joueur de 23 ans a été stoppé dans son élan par l'arrêt du circuit. Le vainqueur du double junior à Roland-Garros avec Quentin Halys, s'est gentiment livré pour Tennis Actu, et nous explique un peu son quotidien, ses ambitions et n'a pas hésité à partager son point de vue sur la situation financière actuelle dans le tennis.
Vidéo - Quand Tennis Actu rencontrait Benjamin Bonzi à Roland 2017 !
Benjamin, tout d'abord comment ça va ? Comment se passe le confinement ? Est-ce que tu en profites pour faire des choses que tu n'as pas le temps de faire d'habitude ?
Je vais très bien, j’ai la chance d’être avec ma copine à côté d'Aix-en-Provence. Tout se passe nickel, on est un peu à la campagne alors on en profite pour se balader et passer du temps ensemble. On fait beaucoup de cuisine aussi, on se lance des petits défis, on se motive, on tente des plats qu’on n'aurait pas le temps de faire en temps normal.
Tu avais bien commencé l’année, avec deux victoires en futures, une finale en Challenger en Inde. Vis-tu cette période de confinement comme un coup d’arrêt ?
Oui forcément, j’étais sur une très bonne dynamique et j’aurais aimé voir jusqu’où j’aurais pu aller. J’étais aussi impatient d’arriver à la saison terre battue en grande confiance. Le Covid-19 est un problème qui va bien au-delà du tennis, alors je prends sur moi, et il faut être patient.
Comment arrives-tu à te maintenir en forme ?
Mon préparateur physique m’envoie des programmes chaque semaine, mais c’est dur d’avoir une motivation extrême sans connaitre les dates de reprise. Ça reste de l’entretien pour ne pas trop perdre. Je pense qu’il y aura suffisamment de temps pour se remettre au niveau avant le retour du circuit.
"Un gros manque à gagner pour moi"
On parle beaucoup de l’aspect financier depuis l’arrêt du circuit. Premièrement, comment ça se passe pour toi ?
J’ai eu la chance de gagner beaucoup de matchs cette année, du coup, je m’en sors bien à ce niveau-là. Après, je fais partie des bien lotis, mais il y en a forcément pour qui c’est plus dur. L’aide de l’état me permet de tenir le coup dans un premier temps, la fédération doit annoncer quelque chose aussi, je crois, pour aider les joueurs, alors ça devrait aller...
On a parlé d'une aide de 10 000 dollars, sous l'impulsion de Djokovic et d'autres grands joueurs, pour les joueurs entre la 250 et 700e place ? Comment vis-tu cela toi qui n'en bénéficierais pas ?
Je trouve que c’est une bonne idée d’aider les joueurs. Après, c’est toujours compliqué de fixer des fourchettes de classement, car il y aura toujours des déçus qui n’en font pas partie et certains qui ne « méritent » pas forcément selon différents points de vue. Personnellement, je n’en fais pas partie, dû à mon bon début de saison. Je n’entre pas non plus dans les propos qu’ont tenu ceux à l’origine de l’aide qui sont les suivants : « Le top 250 a joué les Grands-Chelem en 2019 et l’Open d’Australie en 2020 ». Je n’en ai pas joué un seul, si ce n’est le double à Roland-Garros l’année dernière. Donc forcément, ne pas jouer les trois derniers Grand-Chelem de la saison est un gros manque à gagner pour moi. Il faudrait un peu plus de cas par cas, mais je sais que ce n’est pas évident à mettre en place.
Que penses-tu des propos de Dominic Thiem qui a dit de pas vouloir donner aux joueurs moins bien classés, car ils ne donnent pas tous pour arriver au top et aucun d'entre eux ne lutte pour survivre ?
Je pense que ses propos ne sont pas assez modérés, je peux comprendre de quels comportements ils parlent concernant ceux qui ne donnent pas tout au tennis, mais malheureusement, on ne peut pas en faire une généralité non plus. Il y a également des joueurs qui galèrent toute l’année et qui s’investissent à fond dans leur projet sans pour l’instant réussir à percer et gagner leur vie.
Benjamin Bonzi, l'ambition sans précipitation
Je suppose que tu as entendu parler des projets de tournée d'été dans le sud, est-ce que tu as eu des informations ? Qu'en penses-tu ? Au-delà de l'aspect financier, j'imagine que tu as hâte de rejouer et faire des matchs ?
J’en ai entendu parler, je n’ai pas plus d’infos que ça pour le moment. Je trouve qu’il y a encore beaucoup de questions auxquelles répondre au niveau national avant de pouvoir organiser tout ça dans de bonnes conditions sanitaires. Mais je trouve que l’idée est bonne, cela va recréer de la compétitivité et nous permettre de refaire des matchs. C’est top en attendant la reprise du circuit !!! Je pense cependant que les joueurs ont dans un premier temps envie de revenir sur le court pour s’entrainer et ensuite refaire des matchs et des tournois.
En 2017 le grand public te découvrait avec une victoire face à Daniil Medvedev. Qu'est-ce que cela t'inspire maintenant que le Russe est monté dans le top 5 ?
Cela m’inspire oui, il est très fort, il joue très bien au tennis depuis longtemps. J’ai réussi à faire deux matchs accrochés contre lui en 2017 (1 gagné, 1 perdu) et depuis cela, il a énormément progressé pendant que moi, j’ai stagné. J’espère le retrouver plus tard sur d’autres grands tournois.
Qu’avez-vous retiré de cette expérience ?
C’était un moment fabuleux pour moi, c’est un rêve pour beaucoup de jeunes qui commencent le tennis de jouer Roland-Garros et qui plus est, de gagner un match. J’ai eu la chance de le faire et c’étaient beaucoup d’émotions en même temps. Après, je savais que la route allait encore être longue, et c’est toujours le cas, mais j’ai envie de retrouver ces sensations-là.
Tu t’es fixé des objectifs pour la suite de ta carrière ? Des rêves peut-être ?
L’objectif est de continuer sur ma lancée du début d’année lorsque le circuit reprendra, de continuer à travailler comme je le fais depuis quelques mois, dans le même état d’esprit. Forcément, j’ai envie de rentrer dans les 100 et de jouer plein de tableaux de Grand-Chelem, mais chaque chose en son temps.
