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Tennis. Le Mag Tennis Actu (4) - Le tennis à l'aide de la politique ?

Par Clémence LACOUR le 16/04/2017 à 18:39

Le Mag Tennis Actu (4)
Photo : @FeteLeMur

Toute cette semaine, nous vous proposons un zoom sur  Fête Le Mur créée en 1996 par Yannick Noah pour démocratiser le tennis et lutter contre les inégalités dans les quartiers. 21 ans plus tard le bilan est positif, mais l'association rencontre des difficultés, liées aux politiques publiques menées dans ces Zones Urbaines Sensibles. Le sport a peu de place dans le débat actuel de la Présidentielle : quel bilan peut-on tirer avant de changer de mandature ?

Vidéo - Noah : "Venez jouer au tennis avec nous"

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Lutter pour l'égalité des sexes

imageAvec 45% d'adhérentes à l'association, le tennis est aussi un vrai outil pour lutter pour la mixité dans les quartiers, un enjeu important des ZUS. "L’inactivité et/ou la précarité des femmes sont vraisemblablement davantage banalisées dans ces territoires, par les habitant-e-s comme par les acteurs publics, du fait d’un poids du genre et des stéréotypes de sexe plus prégnant qu’ailleurs, qui induit en outre des conséquences en termes de vie personnelle et d’emploi", explique un rapport du Haut Conseil à l'Egalité entre les femmes et les hommes (HCEfh), à propos des inégalités territoriales en matière d’égalité femmes-hommes. Être femme dans ces ZUS est une double peine, l'enjeu est d'y remédier : "Alors que leurs difficultés sont accrues, les femmes sont moins bénéficiaires des politiques publiques de droit commun que les hommes et que les habitant-e-s des autres territoires." L'accès à la pratique du sport n'est pas si aisée pour ces jeunes filles, comme en témoignent les malaises vagaux relevés lors des cross de certains collèges de quartier. Le tennis n'est pas un sport de contact, et il est donc plus facile de mettre les garçons et les filles sur le même terrain : "Lorsque le niveau est similaire, on peut faire des entraînements communs" se félicite Lore Biancardi, responsable des animations et de la communication de l'association Fête Le Mur. Sur les sites de Nantes ou encore de Gap, il y a même davantage de filles que de garçons, et à Poitiers, "c'est les filles au tennis, les garçons au foot", relève-t-il encore. Les activités diversifiées permettent d'attirer les demoiselles... Et les mamans. On a créé des événements spéciaux pour les filles, et créneaux dédiés aux mamans qui se sont investies". Elles jouent au tennis, mais pratiquent aussi le double dutch (notamment à Nantes), ou le hip hop, qui réclament de réelles qualités athlétiques. Elles passent ainsi d'une activité à l'autre, en toute liberté. Le tennis va ainsi vers ces populations souvent discriminées mais il n'est pas question de rester seulement dans les quartiers : il est un outil, étant donné que bien des portes sont closes, pour passer par la fenêtre et 'faire le mur'.

 

La politique et son désamour pour le sport et les quartiers

imageMalgré tous ses bienfaits, notamment en termes éducatifs et de formation, l'association est pourtant comme au bout de ses capacités : "Fête Le Mur, à la fois ça marche, et à la fois ça ne marche pas" explique sa Présidente Séverine Thieffry. Pour bâtir sur la durée, il faut effectivement pouvoir tabler sur un personnel stable, bien formé et impliqué. Or, contraints et forcés par le manque de moyens financiers, les sites font vaille que vaille avec des emplois aidés et des CDD. Un salarié à temps complet, c'est un peu moins de 30 000 euros par an, avec les charges sociales : bien trop pour un site. Alors, ils renouvellent des emplois aidés. "On peut les renouveler trois fois" explique la directrice. "Mais au bout de 10 ans, on ne peut plus rien faire. Le salarié, qui connaît pourtant alors tout le monde, qui connaît le tennis, aussi, doit s'en aller et il faut prendre quelqu'un de nouveau". De quoi a-t-elle besoin pour subsister ? "D'argent ! C'est bête mais c'est ça", avoue-t-elle. Et surtout de pouvoir voir l'avenir à très long terme. "Il y a des sites où ça marche vraiment très très bien, avec des parents et des enfants très impliqués, comme par exemple à la Cité des 4000 à La Courneuve"... Et d'autres où les sites sont en danger : "On va dire que c'est de notre faute, s'insurge-t-elle, mais que voulez-vous, on ne vit pas d'autre chose que ce qu'on nous donne". Il faut dire que les temps sont durs pour les associations, même lorsque le Président s'appelle Yannick Noah : "Les grandes entreprises ont tendance à se désengager de l'emploi, surtout dans le milieu associatif", remarque Séverine Thieffry. Elles changent aussi de façon insidieuse leur politique vis à vis des associations. Subitement, on leur propose de faire leur promotion : "Mais on a besoin d'argent, pas de promotion", reprend Mme Thieffry. "En fait, on passe beaucoup de temps à faire de la paperasserie et des dossiers".

Les associations de quartier oubliées par les politiques

Et le peu de place laissée au sport dans le débat présidentiel n'est pas non plus pour arranger les choses. Pourtant en 2013 selon des données gouvernementales, la Dépense sportive nationale s'élevait à 38,1 milliards d’euros, soit 1,80% du PIB. Une paille ? Pas tant que ça, car la question, en fait, est transversale, et on le voit bien en examinant l'importance qu'une pratique sportive peut avoir dans un quartier. Elle touche à la santé, l'éducation, la mixité, la réduction des inégalités, les "valeurs" de notre société. "Mais dans les ZUS, c'est surtout le discours sécuritaire qui prédomine" se désole la directrice de Fête le Mur. "Avant les élections, les journalistes parlent des quartiers en mal. Tous les dix ans environ, il y a des émeutes... On se dit « ouh là ! Il faut faire quelque chose » Alors, l'Etat met quelques moyens sur la table, comme la mise en place du dispositif citoyens du sport". Ce dispositif, vise, explique la plaquette de présentation éditée par le gouvernement, à "aider les clubs à se professionnaliser", à "permettre le développement des pratiques sur les territoires prioritaires", à établir un "plan de formation pour les bénévoles" ou encore à "former 1500 jeunes à des emplois du sport sur 3 ans". Le gouvernement a aussi débloqué 500 000 € pour les associations nationales, et deux millions d'euros pour les Fédérations. Fête le Mur a reçu 50 000 euros sur trois ans, mais "il n'y a pas assez de contrôle non plus sur l'utilisation de l'argent. Il y a donc du bon et du mauvais dans l'application de ces aides". Les moyens donnés aux associations s'apparentent en fait à un saupoudrage : "C'est sporadique", hausse-t-on les épaules du côté de Fête Le Mur : "Ça ne se fait pas dans la durée, c'est opportuniste, selon l'actualité." Et selon le bon vouloir du Prince : "Sous Sarkozy, nous n'avions plus un euro de subventions ! On était passé à zéro sans aucune explication !" se souvient  Séverine Thieffry. "Thierry Braillard [l'actuel secrétaire d'état chargé des Sports] a été bien, par contre, il est venu voir notre travail, sur toute une après midi, et il nous a toujours soutenus. Il faut que les politiques viennent nous voir sur le terrain, sans garde du corps ni rien, pour constater ce qu'on fait. On a aussi vraiment besoin d'aide de la politique locale."

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