Tennis. Roland-Garros - Ivan Ljubicic : "Loïs Boisson, sa vie ne va pas changer..."
Vendredi, Ivan Ljubicic, responsable du haut niveau à la FFT, avait dressé le bilan des performances françaises dans ce Roland-Garros 2025. Bien entendu, l'ancien coach de Roger Federer a évoqué le fantastique parcours de Loïs Boisson, demi-finaliste du simple dames. Le Croate a aussi répondu à des questions sur l'attribution des wild-cards et les mauvais résultats des Juniors Français à Roland cette année. Pour rappel, aucune Bleuette ni aucun Bleuet n'a pu se hisser en huitième de finale des tableaux simples.
Vidéo - Ivan Ljubicic en conférence de presse à Roland-Garros
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"Pour moi, ce n’est pas une surprise incroyable. Je connais le niveau de Loïs"
Bonjour. La performance de Loïs qui l’amène à la première place de numéro 1 française, est-ce que cela va faire du bien, justement, au tennis féminin français pour pousser un peu les autres et créer une saine émulation ? La deuxième question est sur son adaptabilité, elle n’a jamais joué sur gazon. Comment cela peut se passer ?
La réponse à la première question : j’espère. C’est surtout un exemple avec le travail, avec le dévouement, le résultat arrive même parfois très rapidement. On a regardé un peu le classement, 66-67. Ce n’est pas un classement incroyable, pour dire la vérité. Avec l’exploit ici, je pense qu’elle mérite d’avancer encore plus, parce que tous les points qu’elle a gagnés sont les points de cette année. D’analyse, elle va être 35-30, J’espère qu’elle peut continuer avec cette dynamique pour la fin de l’année.
Je pensais déjà l’année dernière que Loïs était capable de faire quelque chose de très positif – l’année dernière, quand on a décidé de lui donner l’invitation. Après, on va parler de l’invitation Wild Card, j’ai un sujet que je voudrais parler avec vous. Je pensais qu’elle avait gagné 4 tournois. Elle était vraiment prête d’avoir un premier Roland-Garros ; et malheureusement, elle s’est blessée. Elle a pris le temps de récupérer. Elle est arrivée cette année, elle a fait, je pense, ce qu’elle devait ou pouvait faire l’année dernière.
Pour moi, ce n’est pas une surprise incroyable. Je connais le niveau de Loïs. Quand elle a joué le tournoi 60K, 75K, elle gagne des tournois. Cela veut dire qu’elle avait le niveau pour battre des joueuses fortes. Après, j’espère que tous les autres verront que c’est possible. Loïs, aujourd’hui, est à 100 % dans le projet. Pour moi, personnellement, c’est très important de voir comment fonctionne la team, la mentalité, etc. J’espère qu’elle peut continuer à avancer, progresser.
S’agissant du gazon, on a touché le sujet juste avant, c’est une surface très particulière. Bien sûr, si on regarde la technique de Loïs et la manière d’utiliser les coups liftés, les topspins, les trajectoires, elle ne peut pas faire cela sur gazon. Elle peut essayer de faire cela sur gazon, mais c’est beaucoup plus compliqué. Donc, elle doit s’adapter, mais je pense qu’elle en est capable. Avec le service qu’elle a, je pense qu’elle va gagner beaucoup de points avec le service. Avec le slice, il faut utiliser mieux le slice. Je fais totalement confiance à un coach pour trouver la manière d’être compétitif après aujourd’hui. Ce n’est pas les qualifications… Même les qualifications, ce n’est pas… Non, elle va entrer dans les qualifications. J’espère… J’ai dit à Floriane de demander la Wild Card.
Après, à Wimbledon, ils ont une manière différente de décider qui inviter et qui ne pas inviter. Elle va faire partir de la conversation de voir si Wimbledon décide de l’inviter ou pas. C’est quand même important que Loïs cette année joue un peu sur gazon parce que, l’année à venir, elle jouera sur gazon, c’est sûr.
Bonjour. On a beaucoup parlé de mental cette semaine autour du cas de Loïs Boisson. Elle en a beaucoup parlé elle-même. Cela peut-il inspirer de plus en plus de jeunes filles autour d’elle ? Y a-t-il des pistes à explorer que vous avez notées ? C’est un sujet récurrent dans le tennis français. Elle a montré justement quelque chose d’autre. Est-ce quelque chose auquel vous réfléchissez ? Merci.
Oui, on parle tous les jours, pas seulement du mental parce que, personnellement, je pense que ce n’est pas ça qui va… Si on parle de mental, mental, mental. Pour moi, aussi la confiance, tu apprends avec l’entraînement, tu apprends quand tu bosses physiquement. Quand tu te sens fort, ta tête aussi fonctionne beaucoup mieux. Si quelqu’un a des problèmes particuliers. Il faut l’attaquer, essayer de trouver les solutions.
Aujourd’hui, c’est vraiment un peu plus compliqué quand on parle de mental parce qu’il y a la préparation mentale, la concentration, donc focus. De l’autre côté, il y a la psychologie, psychiatrie. Il faut donc vraiment faire attention quand on parle du mental, c’est quoi exactement, parce que c’est un sujet très large. Je pense que Loïs a joué avec beaucoup de focus. J’aime beaucoup parler de focus, de comment attaquer la pression, l’expectation. Elle était dans une bulle où elle avait le focus d’essayer de faire ce qu’elle pouvait faire. Bien sûr, elle a réussi ce tournoi. Elle aura des tournois qu’elle ne va pas réussir, mais elle était capable d’être focus sur le tennis et de gérer l’émotion. C’est sûr.
"Comme elle a géré les situations ici, elle me donne un peu la confiance qu’elle sera capable de gérer la suite"
Bonjour, Ivan. Il y a quelques années, il y avait eu un Français qui avait explosé : Hugo Gaston. Il était rentré dans les foyers français, il y avait des audiences extraordinaires. Il n’avait pas totalement confirmé derrière. Est-ce qu’on est à l’abri de cela avec Loïs Boisson ? Quels sont les dangers qui peuvent guetter une ascension fulgurante. Raducanu aussi. C’était dangereux : l’argent qui arrive, plein de choses nouvelles à gérer !
Oui, ce n’est pas simple. Je pense que Loïs va gérer. Comme elle a géré les situations ici, elle me donne un peu la confiance qu’elle sera capable de gérer. Après, être 66e, ce n’est pas la même pression comme gagner le Grand Chelem, comme ce qu’a fait Raducanu. C’est sûr que sa vie ne va pas changer. Sa carrière change un peu parce qu’il y a des nouveaux tournois qu’elle va commencer à jouer à partir de cette semaine. Cela va un peu changer. Mais quand même, on parle de tennis, d’un fonctionnement plutôt normal. Après, si elle continue à progresser comme cela, si elle fait la finale à Wimbledon et gagne l’US Open, on parle de quelque chose de différent (rire). Mais je pense qu’elle n’en est pas encore là.
Pour revenir à Hugo Gaston, il était malheureusement blessé. On avait pas mal de joueurs blessés cette année, notamment Arthur et Ugo et Hugo. C’est vraiment un bad luck, pour nous, d’avoir cette situation des meilleurs joueurs français. Ils ont été obligés de se retirer. Si, par exemple, les Italiens, si Sinner se retire, les 2 demies, je ne peux pas dire qu’Arthur et Hugo font les demies ; mais cette année était particulièrement… Avec le succès de Loïs, peut-être que l’on n’en parle pas trop, mais cette année, avec Ugo, Hugo et Arthur, c’est vraiment quelque chose qui ne se passe pas toutes les semaines, toutes les années. Ugo Humbert, je pense qu’il n’y a rien de grave, il va donc jouer sur gazon. Arthur, honnêtement, je ne sais pas. Hugo Gaston, c’est plutôt grave, il a donc besoin de temps pour récupérer. On n’était pas très chanceux.
Pour revenir sur Ugo, je ne le connaissais pas au début, à l’époque. Maintenant, je pense que c’est un garçon très « sympa », qu’il est capable de produire un tennis correct. Je ne sens pas l’ambition d’être Top 10 du monde, mais parfois, même l’ambition, même cela, c’est difficile. Ugo, aujourd’hui, il y a Younes avec qui il travaille. Et parfois, même quand il joue son tennis, ce n’est pas un tennis avec lequel il essaie de faire quelque chose en plus. Tout le temps, il dépend des adversaires. Il est un peu passif. Quand j’ai vu ce match au début, beaucoup d’amorties, beaucoup de coupures de rythmes, c’est bien. Quand tu ne connais pas le joueur, tu peux gagner beaucoup de matchs comme cela, mais tu ne peux pas jouer ta carrière avec les amorties.
On a vu aussi Bublik cette semaine ou durant ce tournoi, il a joué et a fait les quarts de finale. c’est un joueur qui fait des jeux différents. Il n’a pas fait les quarts de finale avec les amorties parce qu’il sert bien, frappe bien les revers, fait mal. Et il faut continuer à essayer de progresser et à ajouter les choses et non pas seulement se fermer sur les surprises, sur les choses un peu particulières.
Ivan, on a vu avec Arthur que cela semble un problème récurrent au dos depuis sa jeunesse. Penses-tu qu’il devrait étoffer son staff ? Il a un staff élargi, mais devrait-il mieux faire attention pour ce genre de blessure, comme c’est un problème récurrent ? Est-ce que le problème est bien appréhendé ? C’est particulier.
Oui, il faut absolument faire attention, c’est sûr. Le dos, c’est compliqué parce que quand Gaby Debru s’est fait opérer le poignet, cela aussi, il n’était pas très chanceux. Poignet, tu peux faire le physique, coup droit, slice ; tu peux pratiquement t’entraîner normalement et quand tu reviens, tu es beaucoup plus facile à reprendre. Quand tu as des problèmes avec les abdos, le dos, c’est beaucoup plus difficile. J’espère donc qu’il va récupérer très rapidement et faire attention, absolument. Parce que les abdos, j’ai vu Berrettini aujourd’hui, il a tout le temps des problèmes avec les abdos. Pour moi, c’est la blessure la plus difficile à gérer. Aujourd’hui, le dos, je pense que toutes les blessures de dos, on connaît, il faut suivre le protocole et normalement, tu vas y arriver.
Roger avait le problème dès 2013 avec le dos. Il n’a pas trouvé la solution pendant 3, 4 mois. Finalement, il a trouvé la solution. Le dos, tu peux gérer avec un protocole correct et beaucoup de discipline. Les abdos, c’est vraiment beaucoup plus compliqué. Aujourd’hui, on a beaucoup de problèmes avec les abdominaux, pas seulement en France, mais au niveau mondial. Cela fait partie de la technique avec les services. Aujourd’hui, si l’on regarde la technique, les joueurs, aujourd’hui, n’ont pas la rotation des épaules. Je trouve cela incroyable. Vraiment, tout le monde sert avec les abdos et avec le dos. Je pense que, au niveau de biomécanique, ce n’est pas une technique efficace. C’est vraiment la raison principale pour laquelle on a, aujourd’hui, beaucoup de problèmes d’abdos.
Sinon, quand tu frappes coups droits, revers, tu n’utilises pas les abdos. C’est seulement avec le service, mais le service, si tu utilises les épaules, même-là, je n’ai jamais eu de problème avec les abdos. Il faut vraiment s’assurer que la technique est propre et correcte. Depuis 8, 9, 10 ans, quand on parle de responsabilité de la Fédération et de la formation, c’est exactement cela. Il faut vraiment faire attention que, techniquement, les joueurs sont propres pour être efficaces et ne pas se blesser pour la carrière professionnelle qui arrive.
"Quand Hugo Gaston est arrivé, je pense qu'il n'a pas continué à chercher à comment progresser, à continuer à s'améliorer"
J'ai deux questions. Vous avez dit qu'Hugo Gaston n'avait pas forcément l'ambition d'être dans le Top 10. Est‑ce que pour Loïs Boisson, vous pensez qu'elle a cette mentalité de rentrer dans les Top meilleurs ?
Ma deuxième question, c'est sur la terre battue. On a vu que c'est une jeune fille qui a grandi sur la terre battue. Est‑ce que cela amène la Fédération à se reposer des questions là‑dessus, sur la formation ?
Oui. Hugo Gaston, je n'ai pas dit qu'il n'est pas ambitieux. Quand il est arrivé, je pense qu'il n'a pas continué à chercher à comment progresser, à continuer à s'améliorer. Aujourd'hui, je suis sûr que si on demande à Hugo : « Est‑ce que tu veux être Top 20 ? », il va répondre « oui », mais c'est un peu tard. Il faut vraiment comprendre que l'ambition, pour moi, c'est de 18 à 22, 23 ans. C'est là où ta carrière va prendre une trajectoire avec la continuité de la progression, ou pas. À 26, 27 ans, oui, c'est possible, mais c'est beaucoup plus compliqué.
Sur la formation sur terre, oui, absolument. On n'en est pas encore à donner des nouvelles, mais on travaille sur cela, absolument. On est d'accord avec cela. Il faut passer du temps sur terre, mais pas seulement pour gagner Roland‑Garros. Je pense que la formation sur terre, l'objectif, ce n'est pas pour bien jouer à Roland‑Garros. Je pense que pour la formation générale, c'est mieux de la faire le plus possible sur terre, et pas sur dur. Même si sur dur, c'est possible. J'ai parlé avec Juan Carlos Ferrero, c'était il y a quelques mois. Il m'a dit : moi, je jouais sur dur, exclusivement sur dur, jusqu'à 14 ans. Et finalement, il a gagné Roland‑Garros, donc ce n'est pas connecté directement.
Mais quand même, l'école espagnole, même si tu t'entraînes sur les autres surfaces, c'est clair qu'il y a utilisation des top spin, utilisation des trajectoires, comment construire les points. Il y a une culture très claire. C'est pour cela que je trouve que les Espagnols normalement, naturellement, et historiquement, jouent bien sur terre.
"Une invitation, dans ma tête, c'est un trampoline pour la carrière, pour la saison"
Je crois que tu voulais parler des Wild Card. J'avais une question sur les Wild Cards. Pourquoi vous avez abandonné la Wild Card « Race » ?
Les Wild Cards, je voudrais les appeler les « invitations », parce que c'est cela. « Wild Card », parfois, je pense que beaucoup de joueurs, parents, agents, ne comprennent pas ce que c'est, « Wild Card ». Mais si on appelle cela « invitation », parce que c'est cela, c'est une « invitation », cela veut dire que tu n'as pas le classement pour jouer le tournoi. Donc l'organisateur – ici, c'est la Fédération – t'invite à jouer le tournoi. C'est pour cela que l'on a beaucoup de défaites, parce qu'on a beaucoup d'invitations.
Tu invites les joueurs qui n'ont pas le classement, donc ils n'ont pas le niveau pour jouer à un tournoi. Et parfois, c'est clair que notamment les juniors qualifs, on n'avait que des défaites, parce qu'on a invité tous les joueurs qui ont été normalement dans les qualifs, on les a invités pour le tableau final, et ils ont été en dehors des qualifs, on a invité pour jouer les qualifs. C'est normal que l'on n'avait pas beaucoup de victoires.
Je pense que c'est important aussi d'expliquer le processus que l'on prend, quand on décide qui inviter. Il y a un million de choses que l'on prend en considération, quand on décide qui inviter. C'est différent dans les tournois Juniors, Future, Challenger, ATP, et notamment à Roland‑Garros. On invite les joueurs dont on pense qu'ils méritent d'avoir une possibilité. Mais personne ne peut « mériter » l'invitation. Ça, je pense que c'est vraiment important de voir clairement qu'un joueur ne peut pas « mériter » d'être invité. Il peut mériter de faire partie d'un groupe de joueurs que l'on va prendre en considération d'inviter. C'est vraiment quelque chose de très, très important.
Nous, ici, à Roland‑Garros, moi personnellement, la dynamique que moi, je propose, j'ai proposé 92 invitations : simple monsieur, simple dame, double, mixte, junior... 92. Si tout le monde perd au premier tour, on donne 1 911 000 €. Quand on a des questions, « que fait la Fédération pour les joueurs pros ? », et je parle seulement des prize money des premiers tours. Je ne parle pas de Loïs qui a gagné 600… Je parle des premiers tours. Directement, on donne de l'argent aux joueurs pour pouvoir se financer.
Parfois, vous pouvez imaginer, je comprends la déception. Je comprends aussi les joueurs, notamment Harmony Tan. Je comprends complètement, mais elle a pris 6 Wild Cards tableau final Grand Chelem, 3 Wild Cards qualif Grand Chelem, d'autres invitations... On a aidé beaucoup Harmony. Cette année, on a décidé que la priorité pour les invitations, c'était les Juniors. Je ne peux pas... On ne fonctionne pas que par le classement. Pour moi, l'invitation, ce n'est pas que cela. Dans ma tête, c'est un trampoline pour la carrière, pour la saison, et notamment Loïs Boisson a utilisé cela ! Quand on invite quelqu'un, c'est parce qu'on pense, et à chaque fois on espère que cette fois, c'est le tournoi pour vraiment lancer une saison, lancer une carrière.
Si quelqu'un est obligé d'avoir une huitième, neuvième, dixième invitation, cela veut dire que l'invitation n'a pas fonctionné. Parfois, on est obligé de prendre des décisions : cette fois, on ne peut pas, on va donner à quelqu'un d'autre qui va peut‑être avoir la possibilité de lancer sa carrière, ou faire l'expérience pour l'année à venir. C'est ce que l'on a fait avec les filles de 2008, 2009, je savais qu'elles n'allaient probablement pas gagner de match. Mais Daphné a pris l'invitation qualif 2023, 2024, et finalement, en 2025, elle a gagné le match ! C'est cela, notre réflexion sur les invitations. Et j'insiste sur le fait que je voudrais appeler cela les « invitations », parce qu'on invite. Pour parler notamment aussi des autres choses que la Fédération fait pour les joueurs pro, les invitations qu'organise le tournoi. On a des structures, on a des services, notamment aussi la partie médicale. À partir de l'année dernière, on a commencé à avoir le doc de la Fédé, Vincent Guillard, avec son équipe, dans tous les Grands Chelems, pour les joueurs, pour pouvoir avoir un suivi régulier. On va continuer à faire le maximum pour le joueur.
Dans le passé, il y avait une Wild Card « Race ».
« Race », avec Amélie, on a pas mal discuté...
C'était au mérite.
C'était au mérite, mais ce n'était pas cohérent, parce qu'on avait des tournois sur dur, on avait des tournois… Ce n'était vraiment pas cohérent. Cette année, quand on a analysé et discuté, on a regardé les résultats sur terre en France. On a regardé, même s'ils n'étaient pas officiels, on a regardé les résultats aussi, c'est important, quand on décide d'inviter quelqu'un, parce qu'il faut qu'il y ait aussi un peu la forme pour pouvoir lancer. On a coupé la « Race ». Ce n'était pas une décision... L'année prochaine, je ne sais pas si on va reprendre. On va peut‑être l'ajuster un peu, sur terre….
Q. Pour les Wild Cards, encore, les invitations, est‑ce que tu penses qu'une Fédération d'un Grand Chelem– en l'occurrence à Roland‑Garros, mais cela peut être valable aux États‑Unis et en Australie – donnent beaucoup trop de Wild Cards aux joueurs du pays ? Parce que parfois, ils ne le méritent pas, tout simplement, par rapport aux joueurs étrangers. Comme tu dis, cela distribue beaucoup d'argent. Comme un Grand Chelem représente quand même le tennis international, parfois, on peut être choqué par la profusion de Wild Cards données à des joueurs du pays.
Qu'est‑ce que tu en penses ?
Oui, on représente le tennis mondial, mais on est quand même la Fédération qui organise le tournoi. C'est pour cela que la différence, beaucoup de monde se demande pourquoi Wimbledon donne beaucoup plus d'invitations Wild Card, là c'est la Wild Card, à l'étranger, parce que Wimbledon n'est pas organisé par la Fédération britannique. Nous, ici, on organise. On est à la tête de la Fédération, dans la fonction de tennis en France. Nous, l'objectif, c'est vraiment d'essayer d'aider les joueurs français.
Cette année, on a donné l'invitation à Wawrinka, parce qu'il est ancien champion ici, donc je pense qu'il mérite. Mais l'idée, la priorité, pour Roland‑Garros, ce sont les joueurs français. Je comprends que pour Wimbledon, ce n'est pas la même logique. Pour moi, c'est vraiment logique que Wimbledon, ils vont étudier aussi, mais faire quand même un focus sur les joueurs locaux. Pour répondre à la première partie de ta question, oui, je pense que cette invitation, ce n'est parfois pas « fair », pas correct. Moi, j'étais Croate. Je peux vous dire que c'était un parcours complètement différent. Quand tu n'as pas d'expectatives, et que tu prends une Wild Card quelque part, c'est incroyable. Ici, c'est l'inverse. Si tu ne la prends pas… C'est cela.
C'est l'avantage, que j'espère que les joueurs, les parents et les agents, tout cela, comprennent que l'on a cette chance d'organiser beaucoup de tournois, et de pouvoir donner un trampoline pour la carrière, et pour la saison de quelqu'un. C'est cela. L'idée de l'invitation, c'est vraiment cela. À l'origine, l'idée de cela, c'est d'inviter quelqu'un qui n'a pas le classement, mais qui va quand même utiliser cette opportunité pour lancer sa saison, sa carrière.
"Je suis un grand fan de Terence Atmane. Je parle beaucoup avec lui"
Ivan, je reste sur les invitations. Je voudrais te parler d’un cas particulier, d’un joueur qui a manqué deux fois d’affilée le trampoline de l’invitation. C’est Terence Atmane.
Je voulais savoir ce que tu avais pensé de sa performance face à Richard Gasquet, et ce que tu pensais de son potentiel tennistique ?
Il a manqué… ?
Le trampoline de l'invitation. Il n'a pas profité de ces invitations.
Il est quand même encore jeune. Je pense que c'est un joueur qui peut très bien jouer. Je suis un grand fan de Terence. Je parle beaucoup avec lui, personnellement. On l'a invité, avec le Président, on a essayé de lui expliquer l'opportunité et le potentiel qu'il a, techniquement, physiquement. Mais parfois, il perd sa tête, il perd le focus. Il perd beaucoup… C'est cela. Quand même, je pense qu'il a tous les outils pour jouer à un niveau très intéressant. Quand je parle de très intéressant, je pense Top 30. Je pense qu'il peut y arriver. Il est explosif, physiquement, il est fort. Techniquement, il y a tout.
Mais il a besoin d'un peu de temps, pour comprendre comment utiliser tout cela, et surtout, un niveau de dépense énergétique, mentale, pour lui, c'est quelque chose de difficile à gérer. Il s'est amélioré, c'est beaucoup mieux, mais il n'est pas encore arrivé là. Après, si on parle de joueurs qui peuvent jouer sur toutes les surfaces, lui, il a vraiment une possibilité de jouer très bien, coup droit, gaucher, avec topspin.
Même Richard, j'ai parlé avec Richard. Il m'a dit qu'il y a Rafa, mais après, personne d'autre n'a ce coup droit, lourd, comme ça. Franchement, c'est super. Après, il y a des difficultés. Je n'aime pas trop parler des problèmes, mais des difficultés avec Terence, on l'a vu, sa manière de gérer le public, la pression, il y a encore du boulot à faire.
"Moi, je ne fonctionne pas, passeport français, Belgique... Je fonctionne complètement en fonction des niveaux"
Invitation ou pas, le tournoi Junior n'a pas été très brillant, pour le coup. Est‑ce que c'est de nature à inquiéter ? On savait que cette génération était…
Non, pas du tout. Loïs notamment est la seule joueuse qui a mérité d'être dedans. Ksenia Efremova, finalement, s'est qualifiée avec le special exempt, parce qu'elle a gagné le tournoi avant, à Charleroi. On avait l'invitation déjà préparée, mais elle a gagné le special exempt, donc comme ça, on en a récupéré un. Moise n'a pas joué de tournoi junior, donc il n'avait pas de classement. Finalement, il a joué contre Ivanov, qu'il a gagné à Milan la semaine d'avant. Il arrive dans une période un peu difficile. Il a perdu sept matchs de suite, même s'il a gagné beaucoup de premiers sets, deuxième, il est là, mais après, il y a un manque de focus, peut‑être connecté avec le physique. On va faire tous les tests physiques la semaine prochaine, pour voir s'il y a quelque chose de connecté avec cela. Non, je ne suis pas, honnêtement…
(Hors micro).
J'espérais, comme à chaque fois, des résultats un peu mieux que cela, mais j'ai quand même vu des prestations positives.
Je pense que Ksenia a joué beaucoup mieux en Juniors, que les qualifs, en niveau de tennis. Je ne regarde pas trop les résultats. C'est pour cela que j'essaie vraiment de voir les matchs quand je le peux, parce qu'il y a beaucoup de matchs à voir. Elle a joué beaucoup mieux en junior, qu'en qualif. Mais c'est un processus. Notamment avec Ksenia, il ne faut pas mettre beaucoup de pression, parce qu'elle joue bien, mais ce n'est pas Monica Seles non plus. Il faut avoir un peu de patience.
Elle est Top 10 du monde, c'est de son âge, donc c'est bien, c'est positif. Il y a un super coach, une super structure. Elle va avancer, j'en suis sûr. Mais sans mettre trop de pression, parce qu'elle est arrivée là avec des expectatives, je pense, très larges, et ce n'était peut‑être pas réaliste. Mais elle va jouer, j'en suis sûr. Et aussi, les autres joueuses 2008, 2009, la génération que l'on a avec Daphné, Eleejah, Cindy, je suis sûr que l'on va avoir des joueuses Top 100, Top 50, de cette génération.
Je rebondis – trampoline – sur Moise. Il y a eu un essai avec Gilles Simon, qui n'est pas allé au bout. On manque à ce point de bons coachs, pour aller en Belgique, pour chercher quelqu'un qui va suivre Moise. C'est toi qui est allé chercher Philippe, ou pas du tout ?
Je n'ai pas cherché Philippe. J'ai été demander l'opinion sur Philippe, et j'ai donné mon opinion très positive. Moi, je ne fonctionne pas, passeport français, Belgique... Je fonctionne complètement en fonction des niveaux, de haut niveau. Lui, c'est un expert fantastique, il a une expérience avec les garçons, les filles, il avait beaucoup de responsabilités. Je pense, personnellement, qu'il est quelqu'un de super compétent et capable de très bien communiquer. À cet âge-là, la formation, c'est très important. Donc, Philippe, je pense qu'il est un super-coach. Français, pas Français, honnêtement, il parle français. C'est quelque chose de positif.
Honnêtement, même Sven Gröneveld est quelqu'un avec lequel on a essayé de travailler. Quand tu ne parles pas français, c'est compliqué. Je peux vous dire, j'ai l'expérience, que les débuts n'étaient pas simple, mais parler la langue, c’est quand même… Honnêtement, dans la Fédération, quand je parle même avec la Fédération, on n'a jamais dit qu'il faut qu'il soit Français. On ne fonctionne pas comme cela. Si on a des compétences, en France, oui, bien sûr, on va les utiliser. Ce n'est pas que l'on n'a pas les compétences, mais des compétences même à l'étranger, on est content de les utiliser.