Tennis. Roland-Garros - Philippe Doucet : "L'argument de Mouratoglou a fait pschittt"
Il est de retour sur Tennis Actu pour vous livrer ses chroniques. Philippe DOUCET dit "La palette" ! Vous connaissez forcément. Le consultant foot de Canal +. Né le 16 août 1962, Philippe DOUCET est aussi et aujourd'hui gérant de son entreprise "La Palette a Doudouce" et cette année, en balade tous les jours à Roland Garros, Philippe Doucet nous raconte une anecdote par jour… et c'est sur Tennis Actu.
Vidéo - Loïs Boisson... fin du rêve mais quel Roland-Garros !
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Retrouvez ICI le tableau simple messieurs de Roland-Garros 2025
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"Cherchez la Star... "
Débat l’autre jour sur le plateau de France Télévisions sur les « Night Sessions » toujours interdites aux joueuses. Patrick Mouratoglou tente une sortie sur un terrain glissant. « Le problème du tennis féminin, c’est qu’il n’y a pas de star ! ». Moue et regard noir d’Alizé Cornet. Comme si toutes les femmes du monde se sentaient attaquées par ce raccourci un brin macho.
Et les demi-finales dames d’hier leur ont sans doute donné des arguments. D’abord, le stade était plein et personne n’a songé à revendre sa place en ce jeudi réservé aux dames... L’effet Boisson, bien sûr. Mais aussi la demi-finale des cheffes entre Swiatek et Sabalenka. L’intensité du choc a été d’une violence terrible. Un festival de retours et d’agressivité entre les deux joueuses qui dominent le circuit depuis plusieurs années…
Je suis vraiment fan de la tête d' @alizecornet !
— WTAntho (@WTAntho) June 5, 2025
Une joueuse, Une personne franche et qui ne mâche pas ses mots !
Cela se voit qu'elle n'est pas d'accord du tout avec Mr Mouratoglou !
Vous qu'en pensez-vous ? la WTA n'a pas de star actuelle ?pic.twitter.com/BXgHuDhdPH
"L’argument de Patrick Mouratoglou a rapidement « fait pschittt »... "
Pas des stars, vraiment ? Et que dire de Loïs Boisson, la Française venue de nulle part jusqu’en demi-finale. N’est-elle pas la vraie star de ce tournoi qui réussit si rarement aux Français ? Paris-Match et autres journaux vont à coup sûr se ruer sur elle dans la foulée de ce tournoi. Même si la marche était trop haute lors d’une demi-finale plus décevante face à Coco Gauff.
Finalement, quelles ont été les stars de ce tournoi ? Ce Roland-Garros a d’abord été placé sous le signe de la résilience avec un hommage quasi quotidien aux anciens et jeunes retraités. Bien sûr, Rafa Nadal, sûrement la plus grande star de la quinzaine. Mais aussi Gasquet, Garcia, Mahut ont également été honorés.
Gloire aux anciens ! Mais les modernes ? Lesquels ont crevé l’écran ? Pourtant, lorsque Mouratoglou a énoncé cette phrase, on était plutôt platement dans son sillage. Pas très courageusement… Je le concède, je n’ai pas regardé un point de tennis féminin avant les trois derniers matches de Boisson.
Et, c’est un fait, les tribunes sont vides dès qu’un match féminin est programmé, notamment sur le Central. Revient alors le débat des horaires, celui du déjeuner des VIP et, enfin, de la « Night Session ». Car, en désignant chaque jour, deux matches féminins en début de programme, le tournoi est sujet aux arrivées tardives des spectateurs et à l’heure du repas. Ce qui ne sert évidemment pas l’affluence. Alors, qui de l’œuf ou de la poule ? L’organisateur est-il coupable de mal programmer les femmes ? Ou ne fait-il que tenir compte du faible intérêt porté au circuit féminin ?
De prime abord, on approuverait plutôt Roland-Garros. Le circuit féminin a subi une forte érosion depuis la fin des sœurs Williams ou de Sharapova. Surtout quand, dans le même temps, le crépuscule sur la génération Federer-Nadal-Djokovic a attiré comme jamais la lumière sur le tennis masculin.
Alors, il est assez aisé d’abonder vers des arguments qui semblent imparables. Quand Swiatek (Pologne) et Sabalenka (Biélorussie) dominent, cela ne concerne guère la planète tennis entière. Mais si cela semble évidence au premier abord, l’argument pourrait s’appliquer de même à Federer ou à Djokovic. De plus, et surtout, elles n’écrasent pas du tout le tennis féminin. Elles laissent de la place à une Madison Keys qui a gagné en Australie cet hiver. Et surtout à Coco Gauff, véritable star aux Etats-Unis, omniprésente dans les publicités outre atlantique.
Et, pour tout dire, quels garçons surclassent Gauff en termes de popularité dans le monde ? A l’usure, Djokovic est devenu une star même si l’ombre de Nadal et Federer plane encore sur lui… Et puis il y a la fraîcheur Alcaraz. Mais le numéro 1 mondial Jannik Sinner est assurément loin derrière Gauff en termes de popularité et de marketing.
La réaction à chaud de Loïs Boisson, demi-finaliste à Roland-Garros pour sa première participation. «Je vais garder les pieds sur terre » ???
— TennisActu (@TennisActu) June 5, 2025
« Le tennis, partout & toujours ici », sur https://t.co/mR4b8GIeSX ?#RG25 #RolandGarros #FrenchOpen #RG #Tennis #Boisson #LoisBoisson pic.twitter.com/dfHjMv6bTn
"Peut-être Roland-Garros devrait penser à une night session à la « new-yorkaise »... "
Malgré tout, il faudra quelques années au tennis féminin pour regagner le terrain perdu. Les derniers feux de la période en or a porté tous les projecteurs sur le tennis masculin. Du coup, personne n’ignore Tsitsipas ou Zverev, surtout connus pour avoir buté sur les légendes. Dans les faits, le tennis masculin concentre tous les suffrages et domine largement son homologue féminin.
Pourtant, si l’argument de Patrick Mouratoglou paraissait tellement évident au départ, il a rapidement « fait pschittt » à la réflexion et devant l’actualité de Roland-Garros. Notamment la conjugaison d’une demi-finale Swiatek-Sabalenka et de l’attraction Boisson… Et si, finalement, la star du tennis n’était pas d’abord le jeu ? C’est le côté spectaculaire du jeu d’Alcaraz qui en fait aujourd’hui la star du tennis mondial. Et là, sans doute, manque-t-il effectivement l’étincelle féminine qui enjoliverait le circuit WTA. De fait, trop de joueuses uniformes ont éloigné le public des duels féminins. Des jeux contrastés, des personnalités différentes et le tennis féminin sortirait de son étiquette un peu bucheronne et négative…
En ce sens, la finale féminine 2025 va offrir un spectacle varié avec un remake de la finale de l’US Open 2023 où Gauff avait terrassé la géante Sabalenka. Surtout, ce tournoi aura été marqué positivement par l’incroyable révélation de Loïs Boisson qui lui a offert une visibilité inattendue. Même s’il est probable que le tournoi masculin et une éventuelle finale Alcaraz-Sinner, ou avec la présence de Djokovic accaparera forcément les regards et les passions. Même le charme et l’élégance de Musetti feraient l’affaire…
Au fait, cela ne répond pas à la question de départ sur l’organisation des « Night sessions » sans dames. Et notamment pourquoi Amélie Mauresmo, Directrice du tournoi, ne prêche pas pour sa paroisse. La réponse est assez simple et tient au format de la session de nuit. Avec un seul match, un organisateur sérieux ne peut prendre le risque d’offrir un match qui pourrait se limiter à une heure de tennis en cas de forte domination…
Une petite heure et puis s’en va ? Pas sûr que les spectateurs apprécieraient la plaisanterie. Et que les donneurs de leçons assumeraient leurs commentaires pro-féminins devant un public frustré. Peut-être Roland-Garros devrait penser à une night session à la « new-yorkaise ». Un début vers 19h15 avec un match féminin suivi d’un match masculin. Il faudra alors accepter de finir de temps à autre dans la nuit. Et que les voisins soient dûment avertis… Ce n’est pas gagné !