Tennis. ITW - Benjamin Bonzi : "Je ne me focalise pas à fond sur le top 100"

Une performance qui en dit long sur le niveau actuel du Nîmois, numéro 1 Français à la Race avec une belle 24e place s'il vous plaît. Jeudi, soit le lendemain de sa joute face au Liégeois, Benjamin Bonzi a accepté de revenir avec Tennis Actu sur son beau début de saison. Sérénité, calme, détermination... on retrouve dans cet entretien tout ce qui fait la force du joueur du Stade Toulousain, actuellement 126e joueur mondial. Le top 100 et les grands tableaux de Grands Chelems approchent...

"Face à Goffin, je n’y ai peut-être pas cru assez tôt…"

Au lendemain de ton combat perdu contre David Goffin, comment tu te sens ?

C’était un match méga serré. Il y a eu des occasions des deux côtés et ça a tourné pour lui. Il y a forcément un peu de déception, de frustration de ne pas avoir réussi une ou deux occasions de plus. Si on reste lucide, on se rend compte quand même qu’il y a plein de choses positives dans ce tournoi.

Qu’est-ce qui t’a manqué pour réussir l’exploit ?

Pas grand-chose. Je négocie mal le 2^e set. Je ne commence pas bien ce set alors que je suis sur une superbe dynamique dans le 1^er. Je prends un double break et j’ai limite arrêté d’y croire pour ce set, moins m’encourager et être moins bon dans l’attitude. Je n’y ai peut-être pas cru assez tôt…

Tu as senti la pression de l’exploit contre un joueur niveau top 10 ?

Franchement non ! En préparation, je m’étais dit que si je jouais petit, j’allais me faire découper. Il fallait oser, prendre sa chance, l’agresser et frapper fort du fond. Honnêtement, je n’ai pas le souvenir de m’être dit « voilà tu es à 3 points de la victoire ». J’ai pris des risques et je n’ai pas été pris par cette pression.

🎾#OSDF David Goffin rejoint les quarts de finale en battant le Gardois Benjamin Bonzi en trois sets : 4-6, 6-4, 7-5🔥

➡�'� Il affrontera l'Italien Lorenzo Sonego (36e) vendredi.

�' En direct sur @viaOccitanieTV :
🖥�'� 30 sur les Box et 31 ou 33 sur la TNT pic.twitter.com/bI6uwK8ucY

— viàOccitanie (@viaOccitanieTV) February 24, 2021

Sur Lucas Pouille : "Je l’ai trouvé en forme, forcément en manque de repères et de victoires mais je l’ai trouvé vraiment bien"

Tu as battu Lucas Pouille au 1^er tour. Comment tu l’as trouvé ?

J’ai trouvé qu’il jouait très bien. J’avais fait un set d’entraînement à Quimper avec lui où il avait très bien joué. Je pense que lui était content de son match et de ce qu’il avait produit. Je l’ai trouvé en forme. Forcément en manque de repères et de victoires mais je l’ai trouvé vraiment bien.

Après son match, il a dit en parlant de toi : « C'est un très très bon joueur, en pleine progression, qui sera rapidement dans les 100 et plus haut. » Qu’est-ce que tu ressens quand on te dit ça ? De la fierté ? Ça te motive ? Ou alors tu restes prudent et un peu distant ?

Un peu les deux. Ça reste très sympa et ça me motive. Je pense aussi que c’est important de se détacher de ça et de regarder où l’on en est sur l’instant présent. Il reste encore beaucoup de matchs à gagner pour être dans les 100 et plus haut. Je préfère rester sur les choses qui ont bien marché. J’ai envie de continuer à travailler et de ne pas trop m’attarder sur ce genre de commentaires même si c’est très gentil et que ça fait plaisir venant d’un ancien top 10.

Great to see you back on court, @la_pouille!

In his first ATP Tour-level match since Shanghai 2019, after elbow surgery, Pouille is defeated by countryman Benjamin Bonzi 7-6 6-2 in Montpellier pic.twitter.com/DlPttDviN5

— Tennis TV (@TennisTV) February 23, 2021

"Ça s’est mal passé à Doha mais finalement tant mieux pour moi peut-être..."

Comment juges-tu ton début de saison ? A part aux qualifs de l’Open d’Australie, tout s’est bien passé pour toi avec ton premier titre en Challenger, une finale et une demie ?

Je suis très content. J’aurais aimé faire mieux à Doha. Ça s’est mal passé mais finalement tant mieux pour moi peut-être. J’ai vite repris confiance et enchaîné les matchs. Je suis très content de ça mais ça ne fait que deux mois de tournois. Il en reste encore 8 donc on verra jusqu’où je peux aller.

Qu’est ce qui s’est passé à Doha ?

Ça reste le premier match de l’année. Commencer l’année sur un match de qualifications de Grand Chelem, ce n’est pas évident. On sait ce que ce sont des matchs importants pour les joueurs. Jouer un Français, ce n’est jamais simple. Quentin (Ndlr : Halys) a réussi à faire un bon match et pas moi. On ne peut rien y faire c’est comme ça. Il y aura toujours des jours comme ça où ça ne vient pas. C’est vrai que si je n’avais pas eu ce match-là, je n’aurais pas eu le même début de saison.  

Pourquoi avoir fait le choix d’aller en Afrique du Sud ? Tu aurais pu rester en France et jouer Cherbourg ?

J’avais déjà joué là-bas l’année dernière. J’avais gagné un tournoi et fait une demie de challenger. J’aimais bien les conditions. Avec mon coach, on a décidé de repartir sur un dur extérieur plutôt qu’en indoor. J’ai pu reprendre des repères assez vite et ça m’a permis de gagner mon premier tournoi.

Tu n’as pas eu peur de voyager là-bas ?

Non… Au début, il y avait pas mal de doutes avec les annonces concernant les retours de l’étranger. Honnêtement, je n’ai pas eu spécialement peur d’y aller. Je m’étais renseigné sur la situation du pays avec les joueurs sud-africains. Ils m’ont dit que c’était moins pire que ce qu'on nous racontait.

A moment @BenjaminBonzi will never forget. 😊

The 🇫🇷 is the champion in Potchefstroom, taking his first #ATPChallenger title. Bravo, Ben! pic.twitter.com/qmK3YhJMeD

— ATP Challenger Tour (@ATPChallenger) February 14, 2021

"En 2018, ce que je dégageais sur le terrain, ce n’était pas ce que je voulais. J’ai réussi à changer d’attitude"

Tu as 24 ans mais on sent que tu es en progression constante depuis l’année dernière ? Qu’est ce qui explique que tu franchisses ces caps maintenant ?

Je pense que le plus gros point de progression, c’est tout l’aspect stabilité mentale sur et en dehors du terrain. J’ai trouvé un très bon équilibre qui me permet d’être serein sur le terrain et dans la vie de tous les jours. Tout a suivi avec ça. C’est ma plus grosse évolution.

Tu avais le sentiment de t’éparpiller beaucoup plus avant ?

Oui, j’ai eu une période en 2018 où ça n’allait pas sur le terrain. Ce que je dégageais sur le terrain, ce n’était pas ce que je voulais. J’ai réussi à changer d’attitude sur le court et être beaucoup plus constant, accrocheur.

Tu es à 180 points du top 100, tout proche d’entrer directement dans les tableaux de Grand Chelem : c’est quoi le prochain objectif ?

Honnêtement, je n’ai pas d’objectif à court terme. L’idée c’est de continuer comme ça, de garder ce cap. Si le classement doit venir, il viendra. Je n’ai pas envie de me dire qu’il faut gagner tel match pour être top 100.

Actuellement, tu es 20^e à la Race (Ndlr : 20e au moment de l'interview, il est 24e cette semaine) Tu savais ?

Oui j’ai vu ça.

Ça t’amuse ou vraiment tu l’ignores ?

Ça m’amuse parce que les top 100 n’ont joué que 3 tournois et moi 7. Si à la fin de l’année, je finis 21^e mondial, ça m’amusera beaucoup moins (sourire).

"Ce serait mentir que de dire que je ne veux pas être top 100 et tableau en Grand Chelem"

Quel est le programme ? Le prochain tournoi c’est l’Open 13 avec l’attente d’une wild-card ?

Je vais me reposer un peu. J’ai voyagé pendant 6 semaines. J’ai wild-card tableau à Marseille et après je vais à Biella et à Lille en Challenger.

Est-ce que tu t’es fixé un but pour 2021 ?

J’en avais discuté avec mon entraîneur à Doha. Je sortais d’une bonne année avec une progression de la 360^e place à la 160^e en gros, sur même pas une année complète. C’était très bien pour moi et mon coach m’avait prévenu que ça pourrait être dur en début d’année. Il ne fallait pas que je me mette de la pression et trop d’attente. J’aurais pu me dire que je voulais faire des demies toutes les semaines, avoir une attente trop vite. On a voulu rester sur le même plan que 2020, se concentrer sur le jeu, que ça pouvait mettre un peu plus de temps. Le temps de trouver un équilibre avec ce qu’on voulait mettre en place dans mon jeu. Et on s’était aussi dit gagner un Challenger. Ce serait mentir que de dire que je ne veux pas être top 100 et tableau en Grand Chelem mais je ne me focalise pas à fond là-dessus en me disant il faut que ce soit dans un mois ou deux mois.

Pour conclure, on a pu voir que ta copine et toi formiez un couple de sportifs car elle fait partie du casting du prochain Koh Lanta, c’est bien ça ?

Oui c’est ouf ! C’est une ancienne sportive, elle a fait sa carrière là-dedans et maintenant elle est journaliste et a voulu faire le casting. C’est une histoire assez marrante. Ça va être marrant de se dire que je vais voir à la télé quelqu’un avec qui je vis au quotidien. Ce sera particulier mais j’ai hâte !