Tennis. Roland-Garros - Coco Gauff : "Il y a plus grave que perdre une finale..."
Coco Gauff a assumé son statut à Roland-Garros. Numéro 2 mondiale en arrivant à Paris et boostée par une finale au WTA 1000 de Rome, l'Américaine disputera ce samedi sa deuxième finale Porte d'Auteuil contre la n°1 mondiale Aryna Sabalenka. Elle a profité d'une partie de tableau plus ouverte, et n'a affronté qu'une seule joueuse du Top 10, Madison Keys, au cours de sa quinzaine. Jeudi, elle a écrasé la révélation locale Loïs Boisson (6-1, 6-2). Après trois échecs consécutifs contre Iga Swiatek dans la capitale, Gauff ne croisera pas le chemin de la Polonaise cette année. Alors, est-ce l'année ou jamais ? Après l'US Open 2023, elle court après un deuxième sacre en Grand Chelem.
Vidéo - Coco Gauff, qualifiée pour sa 2e finale à Roland-Garros
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"Loïs Boisson ? Les prochains mois vont être bizarres pour elle"
Coco, finale à Roland-Garros donc, comment te sens-tu ?
Je suis très contente d'être de retour en finale, satisfaite de ma performance aujourd'hui. Il y a encore beaucoup de travail évidemment, mais je vais me satisfaire de celle-là, et être prête samedi.
Félicitations Coco ! Il y a eu beaucoup d'attention médiatique depuis assez longtemps. Tu as l'habitude. Qu'aurais-tu comme conseil à donner à Loïs qui s'est révélée au cours de ce tournoi, sur la pression, les attentes, etc. ?
Je pense que sa position à elle est encore plus difficile, parce qu'il y a peu de joueurs français qui ont obtenu de tels résultats au cours des dernières années. Je pense qu'elle va concentrer toute l'attention. Peut-être, si je n'ai qu'un conseil à lui donner, ce serait de lui dire : "Reste toi-même et continue à être fidèle à ce que ton entourage attend de toi, non pas ce que les médias ou les analystes attendent de toi.". Je pense que ce serait le conseil que j'aurais à lui donner, le seul. Je ne la connais pas très bien, mais le fait qu'elle a fait un tel parcours, attirer l'attention des médias, tout cela s'est passé très vite. Cela fait beaucoup de poids sur ses épaules. Je pense que les prochains mois vont être bizarres pour elle. Mais je pense que plus ça se passe, plus on en prend l'habitude.
Félicitations Coco. C'est ta deuxième finale à Roland-Garros. Quand tu te rappelles la première, comment as-tu géré la pression, le stress ? Y a-t-il des enseignements à tirer de ta première expérience ? Qu'as-tu tiré de cette première finale ?
Lors de ma première finale ici, j'étais extrêmement stressée. Je me suis mis beaucoup de pression, je suis partie battue d’avance. Je pense que maintenant, j'ai plus de confiance parce que je suis allée en finale à plusieurs reprises. Je pense donc que samedi, je ferai de mon mieux, j'essaierai aussi d'être aussi calme et relâchée que possible. Et peu importe ce qu'il se passe, ce sera ainsi. Et je donnerai tout mon meilleur.
"Il y a des problèmes plus graves que de perdre une finale"
Félicitations Coco ! Tu as dû voir juste le résultat, pas le match j'imagine, mais à ton avis, qu'est-ce qui fait d'Aryna une telle joueuse, et qu'est-ce qui explique l'écart qu'il y a entre la n° 1 et la n° 2 ?
Elle tape très fort, elle peut sortir des coups gagnants, des coups très forts, un peu partout sur le court. C'est la façon dont elle frappe, et aussi sa mentalité de combattante. Elle arrive à rester dans un match, peu importe l'évolution du score. Il s'agit donc de la façon dont elle frappe, de son service, de son état d'esprit. Il y a d'autres choses, mais je dirais que ce sont les points les plus importants.
Bravo Coco. Comment arrives-tu à prétendre que des moments comme celui de samedi, si importants, sont finalement un élément parmi d'autres ? Tu as connu de grands moments par le passé. Qu'est-ce que tu sais faire aujourd'hui, qui permette de ne pas perdre le contrôle face à l'enjeu ?
Je crois que j'ai réalisé à quel point il fallait remettre les choses dans leur contexte. Il y a des problèmes plus graves que de perdre une finale. Et donc, il faut aussi se dire qu'il y a beaucoup, beaucoup de joueuses qui aimeraient être à ma place. Il y a des centaines de joueuses qui tueraient pour perdre ou gagner une finale ! Et donc, j'essaie de me rappeler à quel point j'ai de la chance, je suis privilégiée d'être dans cette position, que ce n'est pas la fin du monde si je perds. Que le soleil se lèvera le lendemain quoi qu'il arrive, peu importe le résultat. Et que je me trouve dans une ville comme Paris, que je me baladerai le lendemain dans cette ville. Personne ne saura qui je suis. Tout le monde s'en fichera que j'aie perdu. Bien sûr, certaines personnes me connaissent, mais il faut aussi se dire que peu importe à quel point le moment semble important, finalement quand on prend les choses dans leur ensemble, il ne l'est pas tant que ça.
Il semble que tu aies frappé en coup droit très, très fort, de façon très agressive, que tu aies mis beaucoup de pression. Il y a eu de très bons déplacements. Entre des joueuses comme Loïs et Aryna, est-ce que tu ajustes ta tactique de façon importante, d'une joueuse à l'autre, d'un match après l'autre ?
Bien sûr, ce sont des joueuses très différentes. J'ai joué contre Madison l'autre jour. Je fais évoluer tout cela. Mais je pense aussi que samedi, il faudra que je tape très bien en coup droit, que je sois bonne en coup droit, en revers, avec des coups forts, donc oui, je vais faire quelques changements. Mais il faudra surtout que j'arrive à bien couvrir le court, et que je me tienne à ce plan de jeu.
"Avec Aryna, nous sommes toutes les deux de grandes joueuses, mais..."
Tu as joué contre Aryna à plusieurs reprises sur terre récemment. Bien sûr, il y a eu la finale de l'US Open aussi. À ton avis, quelles seront les clefs pour toi sur cette surface au cours de ce tournoi ? Et, en abordant le match, à quel point penses-tu qu'il sera important d'avoir ton propre plan de jeu, ou plutôt de contrer le sien ?
Je pense qu'il faudra que je sois prête à répondre à ses coups, mais il faut que je me concentre sur les miens. Elle frappe très fort, il faudra que je fasse de mon mieux, c'est ce à quoi je peux m'attendre. Mais de mon expérience et de nos rencontres précédentes, nous avons eu plusieurs matchs. Il y en a qui ont été en 3 sets... Tout peut se produire samedi. Je serais contente de me confronter à la numéro 1 mondiale quoi qu'il arrive.
Félicitations ! Dans ce stade, il y a cette citation qui dit :"La victoire appartient au plus opiniâtre". Penses-tu qu'elle s'applique bien ? Sinon, à ton avis, quelles sont les compétences les plus importantes pour gagner dans ce stade ?
Oui, je suis tout à fait d'accord. Il y a beaucoup de choses, mais je pense que la plus importante, c'est de faire preuve de résilience, d'être dans le bon état d'esprit, parce que nous sommes toutes de grandes joueuses ; toutes les deux nous avons gagné des Grands Chelems, nous sommes de grandes joueuses mais, ce qui va faire la différence, c'est la façon de gérer les moments importants et la surface est importante aussi, parce que sur terre, on sait que c'est toujours assez physique.
Madison Keys, l'autre jour ici, disait qu’assez tard dans sa vie, elle avait trouvé un moyen de visiter les villes dans lesquelles elle jouait. Avez-vous trouvé le moyen de faire ça ? A l'avenir, allez-vous prendre le temps de le faire ?
Parfois, c'est difficile de trouver le temps et l'énergie de le faire. Je continue d'essayer de le faire, même si c'est juste une balade de 20 minutes, c'est une différence sur votre état d'esprit. Ça vous fait couper du sport. J'aime beaucoup faire des escape games aussi. J'en ai fait quelques-uns. Peut-être je recommencerai demain. Mais je déteste avoir l'impression de rentrer chez moi et qu'on me dise : "Comment c'était à Paris ?" Et que je réponde que je n'ai rien vu d'autre que le tennis. C'est important pour moi de profiter du temps que je passe à Paris, pas uniquement sur le court mais en dehors.
"Une finale tous les cinq Grands Chelems ? J'ai l'impression que tout cela va assez vite"
Bien joué Coco, il y a quelques années, tu as fait évoluer ton identité de joueuse pour devenir plus offensive. Tu as connu de nombreux succès, des finales en Grand Chelem, comment te sens-tu en jouant de cette façon ? Est-ce que tu te sens toi-même ou tu continues à travailler pour y arriver ?
C'est un travail que je continue de faire pour y parvenir. Parfois, j'ai l'impression d'avoir un jeu trop agressif. Il faut donc aussi trouver un équilibre, les résultats sont là, mais je pense que j'ai encore beaucoup à améliorer de ce point de vue-là.
Je crois qu’il y a le même écart entre ta première finale de Grand Chelem et ta deuxième, et maintenant entre ta deuxième et ta troisième, il y a eu cinq Grands Chelems d’écart. Je serais curieux de savoir si tu as l’impression que tout cela arrive très vite ? Qu’est-ce que cela t’a appris en termes de patience, d'équilibre ?
J'ai l'impression que tout cela va assez vite, ça ne s'est pas produit il y a si longtemps que ça quand vous y pensez... Je dirais que tout cela est allé assez vite. Il s'est passé un peu de temps, mais lorsque vous vous habituez à ce calendrier, le temps file extrêmement vite. J'ai l'impression que ma conception d'un mois est très différente de celle des autres, parce qu'en fait, un Grand Chelem vous prend déjà un mois, puisqu'on est là pour à peu près trois semaines, donc le temps file assez vite, oui. Mais je suis contente d'être ici.
"La finale de l'US Open 2023 ? Je me suis réveillée ce jour-là, et je me suis dit que peu importe ce qui se passerait, je gagnerai"
Tu as parlé des escape games, avec qui joues-tu ? Quels sont les thèmes ? As-tu réussi à t'échapper ?
J'ai gagné une fois, il y a une semaine. On a réussi à sortir. Et il y en a une autre où on n'a pas réussi, parce qu'il nous manquait un indice. Ce n'était pas de ma faute, mon père et moi étions les meilleurs, mais ma mère et moi l’avons fait avec Chris Eubanks, et eux deux étaient les pires. Ma mère est là pour passer du temps avec nous parce qu'elle trouve ça amusant, mais elle n'est pas très performante. Mais j’attendais mieux de la part de Chris, qui dit qu’il est bon aux escape games. C'est tout de même amusant. Je pense que je suis assez bonne. Mais celui que j'ai fait il y a une semaine avec mon équipe, je n'ai pas été très bonne.
Les thèmes ?
La première semaine, il s'agissait d'un médecin qui faisait des expériences sur des humains. Le deuxième, il y avait un problème avec le métro, et il fallait trouver la solution. Je ne sais pas lire une carte de métro, et donc il fallait faire des changements, agir sur cette carte. En fait, j'en étais incapable, je suis incapable de lire une carte de métro.
Tu y es allée avec ton équipe, et tes parents ?
Oui avec les deux, mon équipe et mes parents
Que te rappelles-tu de cette dernière finale de Grand Chelem contre Aryna, que ce soit sur le court ou en dehors ?
Je ne me souviens pas de grand chose, pour être honnête, je suis un peu sortie de moi-même. Mais je me souviens d'un point, il y avait un passing-shot croisé, et je crois que cela a fait basculer le match. Je me souviens que j'ai beaucoup couru, que je me suis battue sur chaque point. Je n'étais pas très stressée avant cette finale. Je me suis réveillée ce jour-là, et je me suis dit que peu importe ce qui se passerait, je gagnerai. Je n'ai pas toujours ce sentiment avant de rentrer sur le court, mais c'était le cas ce jour-là. Je ne me rappelle pas grand chose, mais je me souviens que j'avais un peu l'impression de retenir mon souffle jusqu’à la balle de match.