Tennis. Roland-Garros - Daniil Medvedev : "Si je dois choisir une qualité de Rafa Nadal..."
Par Alexandre HERCHEUX le 23/05/2025 à 19:49
Daniil Medvedev n'est pas un amoureux de la terre battue. Toutefois, ne comptez pas sur lui pour ne pas se battre à Roland-Garros. Le Russe, quart de finaliste une seule fois Porte d'Auteuil (2021), compte bien s'accrocher pour montrer qu'il fait encore partie des meilleurs joueurs et qu'il peut prétendre à de nouveaux titres prestigieux en Grand Chelem ou même en Masters 1000. Daniil y croit en tout cas. "Je ne suis vraiment pas loin d’un niveau excellent où tout est possible. Les finales, les Grands Chelems deviennent possibles", a-t-il affirmé en conférence de presse.
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"Je pense que je suis la meilleure version de moi-même"
Bonjour, Daniil. Comment vous sentez-vous et comment se passe la préparation ?
Bien, je suis arrivé en avance, beaucoup de jours et, au final, je vais jouer mardi. Donc, il me reste encore 3 jours. J’ai hâte. Cela va être difficile. Même tirage qu’à Rome, mais c’est marrant, cela arrive parfois en tennis. Donc, j’ai hâte.
Daniil, comment comparez-vous le Daniil Medvedev qui passe certaines semaines en dehors du Top 10 avec celui qui était numéro 1 mondial, qui était vainqueur de Grands Chelems, étant donné que vous avez des joueurs différents à affronter aujourd’hui ?
C’est difficile à dire parce qu’on est sur terre battue. J’ai le sentiment de jouer le meilleur tennis de ma vie sur terre battue. Même avec les résultats de Rome, tout s’aligne. Si vous parlez du jeu, des déplacements, ce que j’en ressens, je pense que c’est ma meilleure saison sur terre battue. Donc, la question est difficile. Ce qui est certain, c’est que je suis loin du Daniil que j’étais sur dur ; mais sur terre battue, je pense que je suis la meilleure version de moi-même. C’est bon pour Roland-Garros parce que cela va me servir.
Bonjour, Daniil. Nous avons eu Stefanos Tsitsipas qui disait qu’il pensait que, au cours des dernières années, depuis qu’il avait été en finale ici, le niveau du tennis avait augmenté. Il a le sentiment que c’est plus difficile, pour lui, que cela n’était le cas auparavant.
Question difficile, je ne sais pas. J’ai le sentiment que les gens ont toujours su comment jouer au tennis. Cela a toujours été une dynamique. On voit Marine Cilic dans les qualifications. Si la question est de savoir s’il joue bien, oui ; peut-être pas au niveau des demies, des finales qu’il a faites à l’US Open, mais les dynamiques changent tout le temps. Casper est devenu numéro 16 mondial, peut-être 15 ; puis, il gagne un Masters 1000 à Madrid, il revient dans le Top 10. Je ne sais pas comment il s’en sortira ici. Peut-être qu’il grimpera encore au classement. Je ne pense pas que c’était la même chose avant. Si on prend l’exemple d’il y a 2 ans, Jan-Lennard Struff qui était lucky-loser est arrivé en finale à Madrid. Donc, c’est difficile de parler du niveau, mais tout le monde joue bien, tout le monde veut gagner, c’est toujours difficile, mais je pense que cela a toujours été le cas.
"J’ai le sentiment que je ne suis vraiment pas loin d’un niveau excellent où tout est possible"
Bonjour, Daniil. Je suis curieux avec ce sujet. Il y a beaucoup de joueurs dans le classement qui sont plus jeunes que vous, ce qui n’avait pas été le cas depuis longtemps. Quel est votre regard sur ce sujet ? Y a-t-il quelque chose qui se passe ou est-ce tout simplement le cours normal de n’importe quel sport ?
Je pense qu’il y a 2 façons de répondre à cette question. Rafa, Roger, Novak et Andy ont réussi, après l’âge de 30 ans, à être toujours à leur meilleur, à gagner des Grands Chelems. Si on les enlève, j’ai le sentiment que beaucoup de joueurs, vers 30 ans ou après 30 ans, ont une baisse de niveau et reviennent parfois. Je pourrais vous donner beaucoup, beaucoup d’exemples.
Aujourd’hui, je le répète, dans notre génération, il n’y avait pas de Roger, Rafa, Novak et Andy. Nous vieillissons, c’est plus difficile physiquement, mais des personnes comme Lorenzo, il est très jeune mais n’a pas 20 ans non plus. Il a juste réussi à trouver son rythme, à grimper au classement, même chose pour Alex De Minaur qui a à peu près 25 ans. Il n’a pas 19 ans, il a 25 ans. Il est jeune, mais ce n’est pas ce très jeune loup qui commence à grimper dans le classement, donc je ne sais pas comment répondre mieux à cette question.
Daniil, ne prenez pas mal cette question. Personne ne veut se débarrasser de vous ?
Je l’espère.
Vous avez été numéro 1, vous avez gagné un tournoi du grand Chelem, vous avez gagné beaucoup d’argent, mais vous avez besoin de mettre tellement d’efforts dans le jeu. Pensez-vous qu’il soit envisageable que vous disiez, d’un jour sur l’autre : « J’ai 2 enfants, j’en ai marre, j’arrête » ?
C’est difficile. Je vais prendre l’exemple de Marin à nouveau. C’est un grand athlète, un grand joueur. Il travaille dur. Il a 2 enfants. Il continue à essayer. Il y a toujours un moment où lui, moi, nous allons tous finir par dire : « stop ». Novak même a eu 38 ans hier. Mais pour le moment, pas du tout. J’ai le sentiment que je ne suis vraiment pas loin d’un niveau excellent où tout est possible. Les finales, les Grands Chelems deviennent possibles, tout. Mais parfois, quand vous n’êtes plus si loin, c’est l’étape la plus dure parce qu’il y en a qui jouent aussi bien, des joueurs plus jeunes. Carlos, Jannik jouent extrêmement bien, peut-être bien mieux que n’importe qui. Ce n’est pas facile. Mais je n’ai pas ces pensées pour le moment. Je comprendrais mieux cette question si, disons, j’étais hors du Top 50 sans blessure. Là, je suis quand même numéro 11, tout près du Top 10. Tout va bien, mais je veux encore m’améliorer.
"Pas d’anxiété à l’heure actuelle puisque c’est la saison de terre battue"
Bonjour, Daniil. Il y a des sessions de nuit ici avec des fins assez tardives. Je veux vous poser une question sur le sommeil. Il peut être difficile, pour les joueurs de tennis qui doivent souvent changer de fuseau horaire, de finir tard et de commencer extrêmement tôt le lendemain. Pourrait-on entendre quelques mots sur ce sujet, sur la façon dont c’est difficile de le gérer dans votre carrière, si vous avez des techniques, peut-être des médicaments, des conseils d’experts pour gérer cela ?
D’abord, nous nous y habituons tous. Nous savons tous que nous jouons à 11 heures du matin et, parfois, à minuit ou 23 heures. Je pense que chaque joueur a ses propres préférences. Je préfère jouer tard mais, bien sûr, je n’aime pas finir à 3 heures du matin. Donc, si le match commence avant 21 heures 30, ça va. Je n’aime pas les débuts trop tôt car j’aime dormir, de façon générale. Pour les conseils, il y a simplement des routines. Quand vous jouez à 11 heures, vous commencez à vous entraîner à 9 heures trente. Cela veut dire qu’il faut être sur place à 8 heures et quart. Vous devez donc vous lever vers 6 heures quarante-cinq. Si vous jouez tard, vous avez toute la journée pour faire des siestes si vous voulez.
Mais ce que je n’aime pas, c’est que certains tournois, y compris ici, peuvent commencer à 10 heures. Je trouve que ce n’est pas bon parce que c’est un désavantage pour certains joueurs. 11 heures, c’est tôt, mais c’est gérable. 10 heures – j’y réfléchissais l’autre jour, cela fait 10 ans que je n’ai pas commencé à 10 heures –, je pense que je ne m’échaufferai probablement parce qu’il faudrait se réveiller à 6 heures. Je ne suis pas du matin et ce serait de nature à me faire perdre le match. Donc, je pense qu’il ne faut jamais commencer à 10 heures, mais à 11 heures au plus tôt.
Bonjour, Daniil. Vous avez dit plus tôt, sur la terre battue et sur le dur, que vous étiez loin du Daniil que vous étiez auparavant. Cela vous cause de l’anxiété ?
Pas du tout puisque nous ne jouons pas sur dur à l’heure actuelle. Sur dur, je suis fâché quand je perds. « Fâché », ce n’est peut-être pas le bon mot. Parfois « fâché », parfois « triste » ; en tout cas, « pas content ». Sur la terre battue, je suis content de la façon dont je joue. Je ne suis pas forcément ravi des résultats, mais je perds en face de joueurs formidables, des joueurs qui jouent à des niveaux absolument incroyables à l’heure actuelle. Donc, pas d’anxiété à l’heure actuelle puisque c’est la saison de terre battue. Et j’ai l’impression que ce que je fais sur terre battue pourrait m’aider sur dur à retrouver mon niveau, mais on ne pourra le savoir qu’aux États-Unis.
Sur un tournoi comme celui-ci sur terre battue, trouvez-vous que les conditions peuvent beaucoup changer d’un jour à l’autre ? D’un jour à l’autre, les conditions sont très changeantes.
Il y a plus de changements d’un court à l’autre sur gazon et sur terre battue. À Wimbledon, c’est le cas aussi parce qu’il s’agit de surfaces naturelles. Et c’est la même chose pour la terre battue. À Rome, c’est un très bon exemple, chaque court est extrêmement différent du suivant. Grandstand ressemble à Madrid et le reste, pas du tout. Donc, je ne dirais pas que la terre battue est la plus difficile à gérer en termes de changements. J’aime beaucoup sur gazon qui est sans doute le plus changeant. Cela change, mais pas tant que cela. Mais Roland-Garros, cela peut être difficile. Il fait froid si vous jouez le soir et il est difficile de faire un coup gagnant si vous n’êtes pas Jannik ou Carlos. Parfois il peut faire un temps très ensoleillé. Il faut s’adapter.