Tennis. Roland-Garros - Iga Swiatek : "Nadal ? Pour lui, le tennis est simple"
En proie au doute depuis le début de la saison, Iga Swiatek disputait son 1er tour de Roland-Garros 2025, ce lundi. Une entrée en lice tout en maîtrise face à la Slovaque Rebecca Sramkova (6-3, 6-3). Au prochain tour, la Polonaise croisera le fer avec Emma Raducanu, qui a bataillé pour passer son premier tour face à Xinyu Wang (7-5, 4-6, 6-3). Les deux femmes s'étaient déjà affrontées lors de l'Open d'Australie en début d'année. En conférence de presse, la triple championne en titre sur l'ocre parisien a abordé ses duels passés face à la Britannique, mais aussi son avis sur l'hommage rendu ce dimanche à Rafael Nadal, qu'elle a souvent présenté comme une inspiration.
Vidéo - Iga Swiatek après sa victoire au premier tour à Paris
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Retrouvez ICI le tableau complet du simple dames de Roland-Garros 2025
"C'est plus simple parce que vous êtes le challenger"
Bonjour, Iga. Félicitations pour cette victoire sur Chatrier ! Qu’est-ce que cela fait d’être de retour ?
Je me sens très bien. C’était une très bonne entame en lice. Je suis ravie.
Tu vas affronter Emma Raducanu au prochain tour. Tu as remporté ton premier Grand Chelem à 19 ans. Elle a remporté l’US Open à 18 ans. Que peux-tu dire de son parcours depuis ? Que peux-tu dire à son sujet en tant que joueuse, en tant que personne ?
Chacun a son propre parcours, mais c’est une très grande joueuse, avec un super coup droit. Elle lifte très bien la balle. On a déjà joué plusieurs fois ensemble. Donc, on sait comment chacune joue. Il va falloir, bien sûr, que je sois intense, que je me concentre sur mon jeu. Bien sûr, elle a gagné l’US Open. Elle joue un très bon tennis. Donc, je serai au rendez-vous.
Tu l’as battue de manière assez confortable à Melbourne. Quelles seront les différences sur la terre battue ?
Je n’ai pas vraiment pensé à ce match parce que je pensais plutôt à Stuttgart et je pense que l’on a joué une autre fois sur terre battue. Je ne sais plus, je n’ai pas une bonne mémoire.
Mais vous savez, je retiens uniquement l’expérience. Je vois un peu comment elle joue, mais Melbourne et Roland-Garros sont 2 surfaces différentes, 2 histoires différentes d’un point de vue tactique. Je vais essayer d’avoir le plan de jeu que je dois avoir sur terre battue. On verra.
Quel est le plus grand défi pour une "ado" pour remporter un Grand Chelem ?
C’est le cas pour n’importe qui, à n’importe quel âge. Pour une "ado", c’est plus simple, parce que vous êtes le challenger, vous n’êtes pas observée, vous n’avez pas une cible dans le dos ; donc, les attentes ne sont pas les mêmes. C’est donc plus facile de remporter un Grand Chelem quand vous êtes adolescente.
Après tant d’années sur le circuit, tout le monde connaît votre jeu. Il y a beaucoup de situations où on a échoué auparavant. Donc, cela peut aussi vous affecter. Donc, le fait, finalement, de remporter un titre quand on est jeune, c’est plus simple.
"Je ne dirais pas que j’ai pleuré abondamment, mais..."
Je voudrais te poser une question concernant hier. Combien de fois as-tu pleuré ? Qu’est-ce que cela a fait de voir Rafa ?
Je ne dirais pas que j’ai pleuré abondamment, mais j’ai pleuré quand même 2 fois. J’ai essayé de me retenir, bien sûr, autant que je pouvais ; mais oui, c’était une cérémonie fantastique et je suis ravie que Roland-Garros ait pu faire tout cela pour Rafa et que tout le monde du tennis puisse se réunir pour remercier Rafa.
On devrait tous être reconnaissants pour tout ce qu’il a accompli. C’est incroyable de le voir sur le court après tant d’années, tant de combats. C’est vraiment une légende du tennis, donc j’étais ravie d’être là.
Hier, c’était une journée incroyable pour Rafa. Pourrais-tu parler de lui ? Ce qui t’inspire ? Peux-tu raconter une anecdote ?
Tout m’inspire. Tout ce qu’il fait sur le court : le fait de ne pas abandonner, le fait de remporter des matchs, on voit qu’il a des difficultés, que son jeu ne fonctionne pas et, malgré tout, il est opiniâtre, il résiste et remporte la victoire. Le fait de revenir après avoir contracté une blessure, son attitude, la manière dont il arrive à tourner la page, à se reconcentrer à chaque point. Mais hors du court également : la manière dont il traite les gens. On a vu, hier, à quel point il était en pleurs quand le personnel de Roland-Garros est venu sur le court, à quel point c’était important pour lui de montrer la reconnaissance, la gratitude vis-à-vis des autres, pour le travail effectué.
Et donc, oui, c’est une personne humble et j’apprécie cela en lui. Je pense que c’est un modèle pour tous, surtout maintenant, parce que les gens ont tendance à chercher les drames et lui, il se concentre sur son travail. Et les gens l’aiment pour cela.
Est-ce qu’il vous a prodigué des conseils qui peuvent vous aider ?
Ce n’est pas comme s’il y avait une solution miracle. Néanmoins, pour lui, le tennis, c’est simple. Il sait quelles sont ses valeurs, il les suit. Donc, parfois, quand on est perdu, c’est bien de penser à lui et de se rappeler à quel point ses objectifs sont clairs. Le tennis, c’est clair et simple pour lui.
En 2021, quand il a perdu contre Novak pendant les demi-finales, tout le monde était au même hôtel (au Novotel) et j’étais dévastée qu’il ait perdu. Le jour d’après, je l’ai rencontré parce qu’il était assis, après le petit-déjeuner, je lui ai demandé : "Comment tu te sens ?" Il était détendu : "C’est juste un match de tennis", m’a-t-il dit, "Il y aura d’autres chances, d’autres opportunités". Et donc, j’étais là : "Pourquoi moi, je pleure si, lui, ne pleure pas, finalement ?"
"Les dames toujours en ouverture sur le Central ? Je n’ai pas envie d’en parler"
Quand tu foules le court du Chatrier, tu peux avoir le sentiment que cela te porte chance parce que tu as déjà remporté tant de victoires et que tu ne peux pas perdre sur le Chatrier ; un peu comme Rafa, finalement ?
Non, j’ai perdu un match important pendant les Jeux Olympiques. Ce n’est pas que je ne peux pas perdre, au contraire. Mais je sens beaucoup de bonnes énergies et je suis prête à livrer bataille et je suis désireuse de me battre. Et en général, j’ai une poussée d’adrénaline juste avant. Cela m’aide.
Alors, tu as joué en premier. C’est monnaie courante pour les femmes de jouer en premier sur Philippe-Chatrier. Je me demandais quel était ton avis là-dessus. Et puis, les hommes ont tendance à faire les night sessions. Il y a donc pas mal de déséquilibre sur Philippe-Chatrier depuis plusieurs années. Qu’en penses-tu ?
Je n’ai pas vraiment envie d’en parler. Ma position n’a pas changé. Moi, j’aime bien jouer le jour. Je suis donc ravie quand j’ai fini ma journée, je peux me reposer plus longtemps.
D’un autre côté, oui, les gens essaient de voir les différences entre les hommes et les femmes et vous nous posez les questions tout le temps, mais mes réponses ne vont pas changer. Peu m’importe, pour moi.
Je comprends que tu préfères jouer pendant la journée, mais quelque part, tu es peut-être l’ambassadrice aussi du statut des femmes que les hommes prennent plus de place, ont plus de public à cause de cela, parce qu’ils jouent en session de nuit.
Oui, mais ce n’est pas moi qui fais le programme.
La question est de savoir si cela t’ennuie.
Non.